Chapitre 13. Tchernobyl

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« Rien à foutre de provoquer chez eux un violent dégoût même une tendre admiration
Tous les sentiments se confondent
Une haine très profonde cache toujours une très grande fascination »

Ce qui est bien avec Iris, c'est qu'on a à peine le temps d'oublier son existence, qu'elle apparaît pile là où on ne l'attend pas.

Je sors tranquillement du lycée avec Sofia, et nous décidons d'aller squatter la bibliothèque Sainte-Genevieve qui est juste à côté. J'ai beau être hyper doué pour les études, j'ai quand même un concours à la fin de l'année. Aucune envie d'avoir fait deux ans de prépa à Henri IV pour finir à La Sorbonne juste en face. Je compte bien rendre fière ma mère en intégrant l'ENS.

Je dis « ma mère » parce que mon père s'en fout. Il est content que « son fils soit un génie » comme il dit, mais il sera surtout content quand je serai riche. On n'a pas tous les mêmes ambitions.

Ce n'est qu'à la fermeture, vers 22h que nous ressortons après un travail efficace.

— On descend manger un truc à Saint-Mich' ?me demande Sofia.

Je n'avais même pas senti la faim, mais effectivement, il est grand temps de dîner. Malgré la fatigue qui commence à me gagner, j'accepte sa proposition et nous nous retrouvons quelques minutes plus tard dans un minuscule restaurant où nous avons nos habitudes.

Je ne suis pas très concentré, encore pris par la dissert' qu'on vient de finir. Sofia me parle des problèmes qu'elle a avec sa mère, mais je n'écoute pas vraiment, les yeux fixés sur les passants qui défilent de l'autre côté de la vitrine du restaurant.

C'est là que je la vois passer. Je ne comprends pas tout de suite. Parce que je le vois lui en premier, mes sourcils se froncent, et davantage quand je reconnais la paire de Dr Martens de la jolie brune qui marche avec lui.

— Tu m'excuses, je fais à Sofia, J'ai un truc à gérer vite fait.

Sous son regard étonné, je quitte la table et me précipite dans la rue.

— Iris !

Elle m'a entendu, je la vois sursauter, mais elle ne se retourne pas et continue de marcher.

Elle ne risque pas de s'en sortir comme ça.

En quelques enjambées je suis suffisamment proche d'elle pour attraper son bras.

— Eh ! Mais ça va pas non ? crie-t-elle en se retournant.

Quelques passant se retournent vers nous.

Le type avec elle me reconnaît, il a l'air aussitôt très mal à l'aise.

— Qu'est-ce que tu fous ? je demande, T'as complètement perdu la tête ?

Iris tire sur son poignet mais je ne lâche pas. Il est hors de question que je la laisse avec lui.

— Dégage, je fais au mec, Vite, ou je te jure que j'appelle son père. À croire que te faire démonter une fois ça t'a pas suffit.

Je n'en ai rien à faire qu'il ait presque vingt ans de plus que moi, ni même qu'il soit plus grand et costaud, il faut qu'il parte, c'est tout.

J'ai encore en mémoire l'état des mains de Ken après qu'il l'ait tabassé, jamais de ma vie je ne l'avais vu dans une telle fureur.

Comme quoi il aime quand même sa fille.

Le gars déglutit difficilement et finit par jeter un regard un peu étrange à Iris, puis il s'en va.

— C'est quoi ton problème ? Putain Iris ! Pourquoi tu le revois ?

Alors que je m'attends à ce qu'elle m'insulte et me dise que ce ne sont pas mes affaires, elle arrête de tirer sur son bras et baisse les yeux.

Ce qu'on laisse à nos mômesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant