Team Patriot 1 - Héritage

Entretien préliminaire et installation

<< _ Will ?

_ Humpf...

_ C'est pour ce petit entretien que tu m'as promis.

_ Ça ne peut pas attendre lundi ?

_ Non. Ça ne peut pas.

William se redressa et inspira un grand coup.

_ OK, de quoi voulez-vous parler, Chevalier ?

_ Appelle-moi Stephan, et tutoie-moi.

_ OK, alors de quoi VEUX-TU parler, Stephan ?

_ Viens avec moi.

_ Après une bouteille de whisky. Du chivas, 18 ans d'âge minimum...

_ Non. Viens !

Chevalier le saisit par le bras et le traina avec lui jusqu'à l'extérieur du manoir. Contournant la demeure en silence, le héros guida le militaire plusieurs mètres derrière la bâtisse, devant une stèle gravée. La tombe d'Édouard Arcus.

_ Qu'est-ce qu'on fout là ? Tu veux que je me recueille sur la tombe de mon père ? Déjà, je trouve qu'une tombe dans un jardin, c'est glauque...

_ Je veux te parler de lui. Je veux que tu comprennes ses choix, et ses motivations.

_ Il n'y a rien à comprendre. Il est parti parce qu'il craignait que ma mère et moi-même soyons exposés au danger. OK, je comprends, je respecte.

_ Bien.

_ N'empêche qu'il aurait au moins pu nous donner un signe de vie. Putain, je n'ai pas eu de père. J'ai appris à pêcher tout seul, à chasser tout seul, à me raser tout seul ! Mon premier nœud de cravate, j'ai dû trouver une vidéo sur internet. Et c'est ma mère qui a dû m'expliquer, au début de ma puberté, que j'aurais des érections matinales. Bordel, elle a même dû m'expliquer ce qu'est une érection... Il n'a même pas pu me voir me marier, voir ses petits-enfants... Au moins, il ne m'aura pas vu divorcer... Et quand maman est tombée malade...

_ Il a tout fait pour elle. Il a dépensé une fortune pour la soigner. Elle avait un cancer atypique, les médecins n'ont jamais trouvé le cancer source. Que pouvait-il y faire ?

William répondit d'un ton sec.

_ Venir la voir.

_ Il y allait presque tous les jours.

L'homme resta surpris.

_ Je ne l'ai jamais vu. Il m'évitait ?

Le silence du chevalier était éloquent.

_ Bordel, mon père m'évitait ?

_ Il craignait ta réaction, si tu étais tombé face à lui.

_ Tu parles, je ne sais même pas si je l'aurais reconnu... Ça faisait presque quinze ans que je ne l'avais pas vu... Qu'il ne m'avait pas vu !

_ Faux. Ton père te voyait tous les jours.

_ Comment ça ?

_ Tu risques de ne pas aimer, mais... Il faisait tourner des drones-espions au-dessus de toi. Il t'avait toujours à l'œil... Et il nous parlait sans cesse de toi. Il était très fier de celui que tu es devenu. De voir avec quelle force et quel courage tu as affronté ton divorce, ainsi que la maladie et le décès de ta mère. Il nous parlait sans cesse de toi. Il t'aimait.