Team Patriot 1 - Héritage

Des hauts et débats

<< _ Non mais vous réalisez ! Non mais vous réalisez ?
_ Calme-toi, Erik. Nous savions tous que cela avait eu lieu. Au moins, le petit a eu les couilles de nous dire la vérité.
_ Je suis d'accord avec toi, Alain. Et à mon avis, ces larmes n'étaient pas fausses. Il était très perturbé, et je pense qu'il était important pour lui de vider son sac. Un jour, son père est entré avec moi dans sa chambre, chez sa mère. Il y avait des affiches de nous partout. Et n'oubliez pas ce que nous avons lu dans son dossier militaire. Il aurait dit qu'il préférerait, je cite, « mourir plutôt que d'avoir à se servir de ces informations ». Il est des nôtres, qu'on le veuille ou non. Si nous avions un fan-club officiel, il en serait leader.
_ Ben justement. Nous avons un fan-club, et c'est lui qui l'a fondé, à ses seize ans. Il l'a quitté quand il a pris son poste dans l'Armée. C'était incompatible. Mais même s'il ne va plus aux réunions, il est resté membre d'honneur, et leur fait un don quand il le peut, même si c'est sous la forme de posters ou d'autographes.
Tous regardèrent Jacques, surpris. Il haussa les épaules.
_ On en apprend, des choses, sur internet. Et puis c'est de bonne guerre.
_ En parlant de guerre. Vous avez vu son vol de ce matin ? Impressionnant, non ?
_ Je ne dirais pas ça, Adrien. Dangereux, plutôt.
Monsieur Diggs avait les bras croisés, le regard dans le vide.
_ Il a pris des risques inconsidérés. Et cette musique... Ce n'est pas un jeu vidéo. Il aurait pu vous tuer tous les quatre, ne serait-ce que par sa manœuvre d'évasion au-dessus de l'étang.
_ Non, je ne suis pas d'accord. Du moins pas concernant la musique et la façon d'aborder le travail.
Stephan réfléchissait en se tenant la mâchoire inférieure.
_ C'est vrai, notre métier est un jeu, le jeu ultime, puisque nous misons nos vies. S'il préfère risquer sa peau en musique, c'est son affaire. Et vous n'étiez pas dans le cockpit avec lui. Il était complètement focalisé sur son objectif. Il a une façon bien à lui de gérer la pression, et l'après-pression. Est-elle mauvaise ? Je ne sais pas. En tout cas pas pour la pression au combat. Après, pour son penchant pour la bouteille, c'est une autre affaire. Et si nous votons pour qu'il reste, nous l'aiderons. Quant à sa manœuvre d'évasion, elle est discutable, certes, mais efficace. Elle a pris tout le monde par surprise. N'est-ce pas les jumeaux ?
Alice et Jacques ne purent qu'acquiescer.
_ Ce mec est un génie militaire.
_ Il doit tenir ça de son père. C'est peut-être de famille, parait que son père et son oncle étaient des génies militaires, avant d'être des vétérans.
Stephan laissa échapper un petit rire, et sourit au majordome.
_ Résumons. Il sait comment nous détruire, il sait qui nous sommes, et ça en fait notre pire ennemi. Mais à côté de ça, c'est notre plus grand fan, et un génie de la guerre. Accessoirement, c'est aussi notre mécène. Et apparemment, quelle que soit la décision que nous prendrons, il continuera à nous financer. J'ai tout dit ?
_ Je crois que oui, Erik. Quelqu'un veut ajouter quelque chose ?
Alice leva la main.
_ Oui ?
_ Il a des enfants. Il voudra les avoir avec lui, de temps en temps. Nous ferons comment, quand il les recevra pour le week-end ?
_ Nous improviserons. Nous avons toujours su improviser.
Adrien applaudit.
_ Je vois ça d'ici ! Toutes les filles en tenue de soubrette !
Alice lui lança une étincelle qu'Isabelle gela au vol. Un grêlon frappa le jeune adulte en plein visage.
_ Headshot, le geek, pas vrai ?
Alain embrassa sa femme tandis qu'Alice claqua des doigts.
_ Et puis elles ne seront pas toutes en tenue de soubrette. D'ici là, tu seras la baronne, frangine.
Un petit « Hooo... » traversa l'assistance, alors que la jeune femme s'enfonça dans sa chaise.
_ Personne ne t'en tiendra rigueur, je pense.
_ Pas tant que ça ne perturbe pas ta concentration au travail.
Stephan fixa la jeune femme, les sourcils haussés.
_ Regardes, ça a fonctionné pour Givre et Animan.
_ Mais il nous a fallu beaucoup de rigueur. Bon, on débat encore, ou on vote ? >>