Team Patriot 1 - Héritage

Pétage de cable

William se dirigeait vers sa suite d'un pas déterminé, sans se soucier des appels d'Alice qui courait derrière lui. Il franchit la porte menant au hall d'entrée de sa chambre, et Alice se glissa juste derrière lui. Elle le saisit par l'épaule et il s'arrêta. Mais il ne se retourna pas pour autant.
<< _ C'est Stephan qui t'envoie ?
_ Non !
_ Ah bon ? Laisse-moi deviner. Après mon départ, il t'a regardé, tu as hoché la tête et tu es venue. Je me trompe ?
_ Non... Mais... Il m'a utilisé ?
_ J'aurais fait pareil. Tu es mon talon d'Achille. La seule que j'écouterais peut-être dans l'état où je suis.
C'est d'une main tremblante qu'il retira celle qu'Alice avait posée sur son épaule. Lentement, il se retourna et lui fit face.
_ Depuis que je me suis retrouvé chef de peloton, je n'ai vécu que pour vous aider et vous soutenir. Et aujourd'hui, on mord la main nourricière. Alors que je n'aurais jamais pu être plus utile... Je suis... Dégoutté... Sans parler du faite que vous n'ayez pas la moindre cohésion. Vous êtes une famille ! Vous n'êtes pas de simples collègues de bureau. C'est de la meute que le loup tire sa force. C'est votre unité qui vous rend invincible. Mais plus pour longtemps. Vos ennemis évoluent, ils s'entraînent et s'équipent. Et si vous refusez de vous remettre en question, un jour vous mourrez... Et je ne veux pas que ça arrive...
_ Tu veux dire, pas à moi ?
_ Ni à toi ni à aucun d'entre vous... Mais surtout pas à toi. Je voudrais sauver tout le monde... Comment je fais, si vous ne m'aidez pas ? Et en plus de ça, je dois arrêter de boire... Il me faut une clope...
Il s'alluma une cigarette et se dirigea vers le canapé, sur lequel il se laissa littéralement tomber.
_ Hier, vous me disiez que vous aviez besoin de moi, patati et patata... Mais j'ai le sentiment qu'en fait vous m'avez juste brossé dans le sens du poil pour garder l'infrastructure. Je vous la laisse. Je laisse même à Monsieur Diggs le soin de gérer les comptes, tant qu'on me vire cinq mille euros par mois pour que je puisse bien vivre et m'occuper de mes enfants. Le reste, je n'en veux plus...
Ses yeux devenaient rouges au fur et à mesure qu'il parlait.
_ Je veux juste m'allonger et dormir un peu...
_ Je comprends... Tu as été bien stressé ces derniers temps, et tu ne sais plus trop où tu en es...
_ Non...
William tourna vers elle un regard fatigué, et lui sourit. Il posa sa main sur le cousin à côté de lui, espérant qu'Alice le rejoindrait, puis il reprit.
_ Je suis juste vraiment fatigué. J'ai sommeil, c'est tout...
Alice vint s'asseoir à côté de lui, et il se blottit dans ses bras. Elle passa sa main dans les cheveux du soldat, persuadé qu'il allait se mettre à pleurer, mais à la place il redressa la tête et l'embrassa.
_ Qu'est-ce que tu fais ?
_ Je prends les devants, comme tu me l'avais demandé. Maintenant, je ne risque plus de nuire à l'équipe. Enfin, pas plus que ce que j'ai déjà fait. Alors je cède à l'envie. Je n'aurais pas dû ?
_ Tu quittes l'équipe ?
_ Je piloterais l'ADAV. Je vous laisse le commandement... C'est une mauvaise idée ? >>
En guise de réponse, elle lui rendit son baiser.