Ace Combat

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Tandis que le toit du hangar s'ouvrit, les deux hommes longèrent des engins aux fuselages étincelants et aux lignes profilées. Les ADAV de transport de troupes ou de véhicules étaient larges, pouvant contenir un engin de la taille d'un char Leclerc. Les ADAV de combat, quant à eux, étaient plus fins, et par conséquent plus rapides et maniables. Ils étaient aussi équipés d'armes en pagaille, allant du canon rotatif cent vingt millimètre au lance-roquettes et aux missiles air-air et air-sol. Le summum de la technologie de guerre. William se sentait comme un gosse dans un magasin de jouets, la veille de Noël. Stephan et lui montèrent dans le cockpit biplace, Stephan sur le siège arrière, et William vit Alice et Jacques faire de même dans un autre engin d'entrainement. Stephan commença à lui expliquer comment l'engin volant fonctionnait, et William rabattit toute son attention sur lui.
Tous les engins étaient reliés à l'ordinateur central du QG, permettant la transmission permanente d'informations aux pilotes. Les commandes étaient très simples, intuitives et réactives, selon Stephan. Aussi William fit-il démarrer les moteurs, et arracha l'engin à la force d'attraction terrestre avec une facilité déconcertante, avant d'enfiler et d'attacher son casque. Poussant les gaz, il élança l'engin en avant, et lui fit vite prendre de l'altitude en montant en flèche. Quand il s'estima suffisamment haut, il entreprit d'éprouver l'ADAV en l'entrainant dans une série d'acrobaties aériennes impressionnantes.
<< _ Où as-tu appris à piloter comme ça ?
Accroché à son harnais, Stephan semblait peu rassuré.
_ Sur Ace Combat et Tom Clancy's Hawk. Ça gère, non ?
_ Non... Je vais vomir, je crois.
_ Ça tombe bien, le tuyau du casque a un mode évacuation, il me semble.
Dans leurs oreilles, les transmissions se mirent à grésiller, et la voit d'Alice se fit entendre.
_ Salut beau gosse, tu t'en sors ?
_ Je m'éclate, mais Stephan va vomir.
_ Bien, alors que dirais-tu d'un petit duel ?
_ Un duel aérien ?
_ Non, une partie de dames...
À ces mots, une rafale de projectiles les frôla par la droite, et William n'eut que le temps de décrocher pour éviter d'être touché.
_ La connasse !
_ C'est bon, arrête de couiner, c'est des cartouches d'entrainement. Elles ne contiennent que de la peinture. Pareil pour les missiles. Donc, où tu t'avoues vaincu par avance, ou le perdant nettoie les véhicules, ainsi que l'écurie, pendant une semaine ! Alors ?
_ Alors, rajoute une invitation à diner pour le vainqueur, et je vous atomise, ton frère et toi !
_ Banco.
Stephan, explique-moi comment on arme ce truc !
Virevoltant pour éviter les tirs, William écouta les instructions du vétéran, et activa les systèmes d'attaque, de défense et de contre-mesure de l'appareil, puis enchaina quelques acrobaties pour désorienter ses adversaires, dans l'espoir de les semer. Malheureusement, son copilote lui apprit qu'ils étaient toujours derrière lui. Un impressionnant ballet aérien commença alors, tandis que les deux engins se couraient l'un derrière l'autre tels deux chiens enragés, frôlant parfois la cime des arbres, pour ensuite aller se noyer dans le bleu du ciel.
Devant son écran de contrôle, monsieur Diggs du admettre que même si Alice et Jacques avaient l'habitude de l'engin, qu'ils le pilotaient à merveille, et qu'ils faisaient un tandem de choc, William se défendait comme un beau diable, faisant preuve d'une créativité sans pareil pour déjouer leurs manœuvres. Mais malheureusement, il n'arrivait pas à prendre l'ascendant. Et visiblement, Stephan semblait peu désireux de l'aider plus. Même si le majordome comprit que le vieux héro voulait voir comment leur jeune chef s'en sortait tout seul, il ne put s'empêcher de trouver cela déloyal, et se mit à espérer voir William gagner.
Soudain, de la musique retentit dans la radio. AC/DC, « Thunderstruck », beuglait dans les écouteurs. William avait connecté son ADAV à son ordinateur personnel par l'intermédiaire du réseau de la base.

_ Ce n'est pas un jeu !
_ Bien sûr que si, Stephan ! C'est le jeu ultime, puisque nous risquons nos vies ! Et moi, je joue mieux en musique ! Regarde !

L'engin piqua droit sur l'étang, à pleine vitesse, suivi de celui de ses concurrents. À moins de dix mètres de l'eau, il se redressa et fila à l'horizontale, éclaboussant tout autour de lui. Derrière lui, ses adversaires ayant reproduit sa manœuvre ne virent plus rien. Ils redressèrent pour ne plus être aspergés, mais ne le retrouvèrent pas. Ils prirent de la hauteur, scrutant tout autour d'eux, mais ils ne virent rien. À tout hasard, Jacques fixa le radar, en vain. Les ADAV avaient une signature radar inexistante.
Tout à coup, un déferlement de missiles explosa autour d'eux, et une longue rafale de mitrailleuse cribla le sommet de leur cockpit de boules de peinture rouge explosant à l'impact, les laissant incrédules. Sur son écran, Diggs vit avec satisfaction le vaisseau de William fondre en piquet sur sa cible, vidant ses munitions sur le frère et la sœur en hurlant la joie que lui procurait sa victoire. Déviant sa trajectoire, il évita l'impact, redressa et se mit à la gauche des perdants.
_ Ça vous fait quoi, de vous faire botter le cul par un bleu ?
Jacques frappa du poing sur son tableau de bord, tandis qu'Alice soupira. Stephan posa sa main sur l'épaule de son pilote, et quand celui-ci tourna la tête, il le gratifia d'un « félicitations » qui se passait de tout commentaire. Ses yeux reflétaient une grande fierté.
_ Je crois que sur ce coup-là, mon père serait fier de moi.
_ Sois-en sûr, gamin. Tu as fait preuve d'une capacité d'adaptation et d'une inventivité extraordinaires. Est-ce que tu veux bien nous faire atterrir maintenant ?
_ Tu n'as pas envie de poser le véhicule, histoire de dire que tu auras piloté un peu ?
_ Non, cet honneur revient au vainqueur.
Les deux engins se posèrent dans le hangar, et leurs moteurs ralentirent jusqu'à s'arrêter complètement, tandis que les pilotes et copilotes quittèrent leurs cabines.
_ Alors, j'ai le droit au baiser du vainqueur ?
Alice s'avança, mais William l'arrêta.
_ Non, c'est à Jacques que je veux rouler une pelle ! Ça le fera chier.
Jacques s'immobilisa, inquiet, et William explosa de rire.
_ T'es trop nul, mec ! Tu n'es pas drôle !
_ En tout cas, nous, on rigole bien !
De l'entrée du hangar, la voix forte d'Erik se fit entendre. En se retournant, les pilotes virent le reste de leur équipe à côté de l'écran de contrôle. Alain, qui tenait son épouse par la taille, comme d'accoutumer, prit la parole.
_ En tout cas, tu voles bien, tu as du talent. Je sais déjà ce que je vais voter à la session du jour.
_ Quel vote ? Quelle session du jour ?
Stephan posa sa main sur l'épaule du soldat pour attirer son attention.
_ Nous avions prévu une session extraordinaire dès que nous avons su que tu nous reprenais officiellement. Tu sais, quand tu nous as demandé de sortir de la salle de réunion vendredi. Et tu viens, je pense, de nous donner à tous de quoi décider de notre vote. >>
Stephan poussa William vers les autres, et tout le monde prit le temps de se saluer avant de sortir du bâtiment. Un gros 4X4 était garé à côté des quads, et chacun reprit son véhicule pour retourner au manoir.

Team Patriot 1 - HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant