Team Patriot 1 - Héritage

Plein potentiel révélé

Les quinze premiers jours du séjour se firent tout autant dans la joie que dans la douleur et la peine. Les héros, non habitués de ne pas utiliser leurs pouvoirs, souffrirent comme rarement, se découvrant des muscles dont ils ignoraient l'existence, et se surprenant de leurs capacités et de leurs endurances. Mais le cours qu'ils redoutaient le plus était celui de combat à mains nues. William en avait la charge, et s'il ne ménageait déjà pas les militaires, il semblait prendre un réel plaisir à faire souffrir les métas humains.
Chevalier était à terre, le souffle court, et n'avait plus la force de se relever. Soldat le regardait le visage dur, avant de s'adresser à ses coéquipiers.
<< _ Est-ce que vous comprenez ce que j'essaie de faire ?
Givre, qui venait de se faire remettre l'épaule, le dévisagea avec un regard assassin.
_ Oui. Tu essaies de nous pousser dans nos limites pour qu'on atteigne notre plein potentiel.
_ Bon, bah j'ai un peu moins de scrupule à vous casser la gueule, alors... Mais n'allez pas croire que j'y prends mon pied...
Speedo s'avança vers son chef, la peur dans les yeux, même si son visage affichait une forte détermination.
_ Je veux recommencer.
_ Tu es sûr ?
_ Non... Mais je veux quand même... Et ne retiens pas tes coups... tant que je pourrais me relever, on continuera, d'accord ?

Les soldats responsables de la gestion des colliers inhibiteurs ouvrirent leur malle pour observer les statistiques du mutant sur leur écran de contrôle.
_ C'est toi qui vois...
Le militaire se mit en garde, tandis que le véloce le chargea en courant. Lançant son poing en avant, Jacques offrit un merveilleux angle d'attaque à William, qui saisit le membre de ses deux mains et pivote sur lui-même pour catapulter son adversaire plusieurs mètres plus loin, avant d'atterrir lourdement sur les fesses. Se relevant précipitamment, il repart à la charge, mais attaque cette fois-ci de manière plus réfléchie. Malheureusement pour lui, sa maîtrise martiale est largement inférieure à celle du soldat, et après que ses coups de poing aient été bloqués, il est frappé au visage, dans le ventre et les côtes avant de recevoir un coup de pied retourné en plein plexus qui le propulse plusieurs mètres en arrière. Une main sur le torse, le regard déterminé et le souffle court, Adrien apostrophe son beau-frère.
_ Tu me ménages !
_ Oui...
_ Arrête ! Donne-toi à fond contre moi !
Sans lui laisser le temps de répondre, il court pour tenter de tacler William, qui n'a que le temps d'esquiver. Emporté par son élan, Adrien se relève avec difficulté, tandis que le Lieutenant est appelé par les deux hommes s'occupant de la caisse de contrôle. Et de là où il est, l'officier voit très bien les courbes affichées à l'écran. Un sourire carnassier aux lèvres, il charge à son tour, avant de bondir les deux pieds en avant dans le visage du mutant, qui esquive in extremis. À peine a-t-il posé les pieds par terre que William continue son attaque, frappant par toutes les ouvertures que la garde de son adversaire peut lui laisser, avant de réussir à le faire s'envoler une fois de plus à l'aide d'une projection, et de le faire s'écraser au milieu des supers héros. Sa sœur se précipite à ses côtés, mais Speedo la repousse.
_ Arrête, tu vas te blesser !
_ Non ! Eux, ils n'arrêtent pas, et ils n'ont pas de pouvoirs ! S'ils y arrivent, pourquoi pas nous ? Je veux y arriver ! Et toi, espèce d'enfoiré, arrêtes de me ménager ! Traite-moi comme un putain de super vilain !
_ Tu en es sûr ?
_ Oui ! C'est des combats à mort que nous allons mener ! Alors combattons à mort dès maintenant !
William baissa les yeux quelques instants, résigné, avant de fixer son ami de nouveau, tandis qu'un militaire lui apporta un pistolet automatique qu'il arma.
_ C'est toi qui l'auras voulu...
Il fit feu aux pieds des mutants et reprit, tandis que de la terre volait sous l'impact, puis visa son ami.
_ C'est des vraies balles. Tu crois que je te prends assez pour un vilain, comme ça ?
Le regard plein de détermination, Speedo repoussa sa sœur avant de se relever, fixant son adversaire et non le canon qui lui faisait face. Sur le côté, les militaires devant les écrans de contrôle hélèrent l'officier, qui leur fit signe de se taire d'un geste de la main.
_ Sache que je t'apprécie énormément. Adieu.
Speedo s'élança tandis que Soldat pressa la queue de détente, et, à l'instant où le percuteur frappa la cartouche, au moment où l'explosion s'opéra, tandis que les héros hurlaient, portaient leurs mains à leurs bouches ou se jetaient en avant, le temps se figea.
Le collier inhibiteur de Speedo venait de s'arrêter dans une gerbe d'étincelles, tandis qu'il courut jusqu'à l'arme à feu, qui démonta sans que l'ogive ait eu le temps d'avancer d'un millimètre dans le canon. Quand cette dernière fut libérée de l'acier de l'arme, il la saisit et alla l'enterrer quelques mètres plus loin, avant de retourner se placer devant son chef, toujours figé dans le temps.
_ Je sais que tu as ça pour m'aider, et je ne t'en veux pas. Et toi, tu sauras que j'ai fait ça pour me défouler, alors j'espère que tu ne m'en voudras pas... >>Armant son poing derrière lui, il frappa le visage de William aussi fort qu'il le put. Au moment de l'impact, le temps reprit son cours normal pour tout le monde.