Promenade champêtre

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Une fois que les sacs furent déposés dans une benne à ordures, William rentra dans le manoir. Il était sept heures et demie, et quatre personnels lui faisaient face. De gauche à droite l'attendaient Monsieur Diggs, Stephan, son épée dans le dos, Alice et son frère Jacques. Il s'arrêta face à eux, cherchant à comprendre.
<< _ Le rapport, c'est à huit heures, et c'est dans l'Armée...
_ Tous les personnels d'active sont présents. Nous nous proposions pour te faire faire un VRAI tour du propriétaire.
Monsieur Diggs avait pris la parole au nom des autres, mais aux vues du sourire qu'ils affichaient tous, ils avaient de belles surprises à lui montrer.
_ Je suppose que je n'ai de toute façon pas vraiment intérêt à refuser. Je peux prendre le temps de me laver et de me changer, ou je reste dans le même costume, et donc le même caleçon, que je porte depuis vendredi ?
_ Surtout qu'après avoir passé autant de temps enfermé avec ma sœur, tu dois être couvert de substances corporelles bien dégueulasses, pas vrai ?
Speedo semblait fier de sa connerie, tandis qu'Étincelle avait le rose aux joues. Ce fut Chevalier qui les tira du silence qui commençait à s'installer.
_ C'est bizarre, mais je n'ai jamais compris pourquoi tu ne bafouillais pas quand tu sortais une bêtise sur ta sœur. Tu m'expliqueras un jour ?
Cette fois-ci, ce fut le jeune homme qui devint écarlate, alors que le reste du groupe explosa de rire.
_ Va te laver, William. Mais ne prends pas dix heures. >>
Le jeune homme se rendit à sa chambre, et mit l'eau de la douche à couler, avant de se mettre de la musique puis de se déshabiller. Et tandis que Freddy Mercury commença à chanter « The Show must Go On », il entra sous sa douche brûlante. Il se mouilla, se savonna, puis se rinça à l'eau froide. Après quoi il sortit de la douche, se sécha et se saisit de son rasoir. Mais en se regardant dans la glace, il se rappela les paroles de la belle héroïne, et reposa son outillage à sa place. Il se saisit ensuite d'un caleçon, de chaussettes de randonnée, d'un jean et d'un tee-shirt thermorégulant, tous noirs, puis s'habilla.
Il reprit son téléphone portable ainsi que celui d'astreinte et la tablette numérique de sécurité, puis se dirigea vers une caisse fermée qu'il avait déposée là avec le reste de ses affaires, et défit le cadenas. Il en sortit un pistolet automatique dans son holster de cuisse. Il sortit l'arme du fourreau, contrôla le chargeur puis la chambre, avant de réengager le chargeur dans l'arme et d'introduire une cartouche en chambre. Enfin, il fixa l'étui à sa cuisse et l'accrocha à sa ceinture. Il fixa son couteau fétiche contre son autre cuisse, se saisit de ses lunettes de soleil et de son blouson, puis descendit.
En bas des escaliers, l'équipe active qui l'attendait était surprise de le voir ainsi.
<< _ Bah quoi ? Stephan a toujours son épée avec lui. Pourquoi je n'aurais pas le droit à mes lunettes de soleil ?
_ On n'est pas trop armes létales, ici.
_ Parce qu'une épée, ce n'est pas létal ?
_ Pas entre de bonnes mains.
_ Un flingue, c'est pareil. Je suis plus précis au FAMAS, mais ça m'aurait vraiment encombré. Alors, on fait le tour complet du propriétaire comment ? En hélicoptère ?
Monsieur Diggs et Chevalier se regardèrent en rigolant.
_ Il n'est pas prêt, Diggs.
_ Non, Monsieur. Pas du tout...
_ Je ne suis pas prêt pour quoi ?
_ Pour beaucoup de choses. Diggs a sorti cinq quads. Mais comme on peut monter à deux par engins, et vu que tu n'en as jamais conduit et que tu ne sais pas où on va, si tu veux monter avec quelqu'un, ce n'est pas un problème.
Alice rougit quand il croisa son regard.
_ Je sais déjà avec qui je monte, mais c'est moi qui conduis. Sinon, je n'apprendrais jamais.
_ Bien. En route.
Ils quittèrent le bâtiment, et se retrouvèrent devant cinq quads, avec leurs casques équipés de systèmes de communication. William s'empara d'un casque et suivi Alice jusqu'à son véhicule. Il s'assit devant, et elle derrière. Alors qu'elle aurait dû s'accrocher aux poignées à l'arrière du véhicule, elle le sera dans ses bras en se collant à lui. Avec un peu trop d'insistance. Elle lui indiqua comment démarrer le véhicule, et il sentit sa poitrine se frotter contre son dos. Les moteurs vrombirent, et Alice lui indiqua comment conduire. Les autres se mirent en route, et ils s'engagèrent derrière eux, pour s'enfoncer dans la forêt qui se situait six ou sept cents mètres derrière la demeure. Sur un chemin de terre, ils s'enfoncèrent dans les bois, parcourant une certaine distance, atteignant bientôt les deux kilomètres. Ils débouchèrent alors dans une immense clairière au milieu de laquelle se trouvait un bel étang d'eau claire faisant aux moins trois kilomètres de diamètre. William arrêta son engin aux côtés des autres, surpris de ce qu'il voyait. Mettant pied à terre, il regarda le panorama qui s'offrait à lui. Des chevaux se promenaient librement, et un poulain s'aventurait prudemment hors de l'écurie, sous le regard protecteur d'une jument. À l'autre bout de la clairière, un immense hangar au toit rétractable abritait Dieu sait quoi.
_ Là, j'avoue que ça m'en bouche un coin. Le terrain est vraiment immense...
_ Il fait cent vingt-trois hectares. Mais la seule clairière est ici. Et avec le point d'eau, ton père estima que ce serait l'endroit idéal pour laisser les chevaux paître en paix.
_ Mon père aimait l'équitation ?
Monsieur Diggs regarda le Lieutenant, interloqué.
_ Non, mais ta mère si.
_ Oui, ça, je sais. Et où est le rapport, puisque mon père nous a abandonnés ?
_ Il l'a fait parce qu'il avait promis à ta mère qu'elle aurait un haras un jour. D'ailleurs, ce bâtiment est appelé l'écurie Antoinette. En son hommage.
_ Je vois... Je peux ?
_ Bien sûr. Tu es ici chez toi, je te rappelle.
William remonta sur son quad, sans mettre son casque, et Alice se jeta en scellé derrière lui alors qu'il démarra. Il fonça aux écuries, ralentissant à proximité pour ne pas effrayer les chevaux. Entrant dans l'écurie, il fixa le premier box sur sa droite. La jument logeant là se nommait Antoinette. Et le poulain que le soldat avait vu de loin devait visiblement loger ici aussi. Un poulain nommé William. Le jeune homme écrasa une larme, et Alice vient se blottir contre son dos.
_ Ça va aller ?
_ Ai-je le choix ?
_ Dans la vie, on a toujours le choix...
_ Il suffit d'en assumer les conséquences, je sais. Une des maximes préférées de mon père...
_ Il la répétait à chaque fois que j'essayais de le faire parler de toi.
William se retourna, incrédule.
_ Vraiment ?
_ Bien sûr. Il avait systématiquement les yeux rouges quand il regardait tes photos. Tu as été la plus dure décision qu'il ait eu à prendre. Et il ne se passa pas une seconde sans qu'il ne le regrette.
_ Je commence à le comprendre. Et le pire, dans tout ça, c'est que je me dis que j'aurais fait pareil... le patriotisme est un fléau pour les familles...
_ Possible, mais pour quelques familles sacrifiées, combien de familles peuvent vivre dans un pays meilleur ? Ce n'est ni facile ni drôle, mais c'est la vérité. Crois-tu que ça me fasse sourire de me dire que si par miracle je fonde un jour une famille, je risque systématiquement de laisser derrière moi un veuf et des orphelins ? Nous avons fait un choix, difficile, assumons-le.
_ L'idée de fonder un foyer te tient à cœur, pas vrai ?
William entra dans le boxe et vit le poulain, dont il s'approcha pour le caresser. Il détestait les chevaux, mais ce poulain, sans qu'il puisse expliquer pourquoi, était tout à coup devenu important à ses yeux. L'animal, d'abord craintif, se laissa vite faire.
_ Oui. Sans parler du mariage de princesse et tout ça. Mais déjà une famille heureuse, ce serait extraordinaire.
_ Alors revois tes techniques de drague...
_ Quoi ?
Alice était totalement stupéfaite par ce qu'elle venait d'entendre.
_ Oui, tu as bien entendu.
_ Explique-toi, je te prie.
Croisant les bras sur sa poitrine, la jeune femme tapa du pied devant son interlocuteur, qui ne put retenir un sourire.
_ Ton approche n'est pas très subtile. Me dire que si je ne me dépêche pas de te sauter dessus, tu te rabattras sur Golgoth ou Mutating, ça fait plus chienne en chaleur que recherche d'âme sœur...
_ Non mais ho ! Je ne te permets pas de m'insulter !
_ Je ne t'insulte pas, je fais un constat. Je te dis comment un homme réagit à tes avances.
Étincelle resta songeuse quelques instants, avant de reprendre.
_ Alors que me conseilles-tu ?
_ Le jeu de la séduction... Y a que ça de vrai. En plus, ça me mettrait en confiance...
_ Parce que tu as besoin d'être mis en confiance ?
_ Je n'ai pas eu de relation autre que professionnelle avec une femme depuis mon divorce... Alors oui, j'ai besoin d'être mis en confiance. Note bien que si je te dis tout ça, c'est très vraisemblablement parce que tu me plais aussi... Enfin bon, je dis ça, je ne dis rien...
Ils se regardèrent et sourirent. Alice s'approcha de William, et déposa un baiser chaste sur ses lèvres.
_ Ça va, ça ne fait pas trop chienne en chaleur ?
_ Non, c'est très touchant, merci. Retournons avec les autres avant qu'ils ne s'inquiètent, et que ton frère insinue qu'on se roule dans le foin.
Il prit la main de la jeune femme, et ils se dirigèrent ensemble vers le véhicule. Sur ce dernier, Alice le prit encore dans ses bras pour se coller à lui, mais de façon plus délicate et moins pressante que la première fois qu'ils montèrent ensemble.
En leur absence, leurs collègues s'étaient dirigés vers l'autre bâtiment, et une fois qu'ils eurent contourné l'immense point d'eau, ils arrêtèrent leur véhicule à côté des autres. Ils se tenaient par la main en entrant dans le bâtiment, mais William lâcha la main d'Alice à la seconde où il vit ce que le hangar contenait. Bouche bée, il avança dans le bâtiment, cherchant à savoir si c'était la réalité ou un rêve éveillé.
_ Des ADAV ? De transport de troupes et de véhicules, et de combat ?
_ Oui, c'est bien ça.
Stephan se tenait devant les Appareils à Décollage et Atterrissage Vertical, fier de lui.
_ C'est sur mon conseil, lourdement insistant d'ailleurs que ton père a acquis ces joujoux. Tu voudrais faire ton baptême de l'air ?
_ Que si je pilote...
Stephan fit une grimace, préférant sans nul doute prendre le manche, puis acquiesça.
_ On va te sortir l'engin d'entrainement, viens. >>

Team Patriot 1 - HéritageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant