Chapitre 53

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Encore toute retournée par ma conversation avec les filles, je suis partie me coucher alors que Leo restait éveillé pour réparer le navire. La nuit était tombée depuis longtemps, mais le fils d'Héphaïstos n'avait pas l'air fatigué. Ce n'était pas mon cas, et même si je m'en voulais énormément de ne pas l'aider, je savais qu'il fallait que je me repose. Dans deux jours, une grande bataille nous attendait. Une grande bataille donc dépendrait le sort du monde entier.

Allongée dans mon lit, je n'arrêtais pas de retourner mes paroles dans tous les sens. Ce que j'avais dit à Piper et Annabeth... C'était la totale vérité. Je ne m'en étais pas aperçue avant, à trop balancer entre le déni de mon amour pour Leo et ce même amour brûlant en moi, pourtant je me sentais plus apaisée depuis ma confession. Il est vrai que j'étais jalouse quand je pensais à Calypso, mais je savais aussi que si Leo était heureux avec elle, alors je ne pouvais pas les empêcher d'être ensemble. J'étais prête à sacrifier mon propre bonheur pour mon meilleur ami.

J'ai fini par trouver le sommeil, et comme trop souvent pour les demi-dieux, il a été peuplé de rêves.


J'étais sur une plage de sable fin, face à l'immensité de l'océan. Le décor en lui-même semblait sortir d'une publicité pour une agence de voyage quelconque, dans le genre paradis des caraïbes.

L'endroit était calme, le silence seulement troublé par le clapotis des légères vagues s'échouant à mes pieds. Avec un sursaut, j'ai réalisé que j'étais pieds nus. Plus que ça, je portais un maillot de bain, ce que je ne fais jamais à cause de mes cicatrices.

Je ne comprenais pas pourquoi je rêvais d'une plage comme celle-ci, à part peut-être si c'était une vision du troisième enfant de Poséidon en vie sur cette terre, celui dont m'avait parlé Moana. Et puis, me coupant dans mes pensées, une explosion a retenti derrière moi.

Je me suis retournée pour me trouver face à un grand cratère fumant. Au fond du cratère, une étrange machine crachait des étincelles au milieu de débris divers. Visiblement, c'étaient les restes d'une table d'apparat. Restait à savoir ce que cette table faisait là, et quelle était cette étrange machine.

– Sphère !, a crié une voix de l'autre côté du cratère. Viens voir papa !

Je me suis aussitôt raidie. Cette voix... Je l'aurais reconnue entre milles. C'était la voix de Leo. Et de fait, le brun a surgi en face de moi, ne semblant pas se rendre compte de ma présence. Il a plongé au fond du cratère pour en sortir sa sphère d'Archimède.

Il a commencé à pianoter ladite sphère, appuyant sur tel ou tel bouton, tournant des anneaux. Je n'avais jamais compris à quoi pouvaient bien servir les sphères, mais je crois que seul Leo y voyait clair.

Le garçon aurait pu rester là des heures, comme lorsqu'il était trop concentré dans son travail pour se rendre compte des heures qui filaient, mais une autre voix, de fille cette fois, a crié :

– Qu'est-ce que tu fabriques ? Tu as fait sauter ma table !

Une fille de notre âge environ a couru jusqu'au cratère et a fusillé mon meilleur ami du regard. Elle était très belle, avec de longs cheveux châtains regroupés en une tresse lui retombant sur l'épaule. Elle avait cette beauté typique des immortelles, et l'effet était encore plus accentué avec la robe blanche qu'elle portait accompagnée d'une ceinture en or.

Mon rêve a alors changé.


J'étais toujours sur la même plage de sable doré, toujours face à la mer, et toujours en compagnie de Leo et de l'inconnue. Cependant, la scène avait changé.

Le Feu et l'EauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant