Chapitre 67

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    Je suis restée figée tandis que Leo Valdez descendait du dos de Festus. Derrière lui, une jeune fille d'environ notre âge était cramponnée au dos du dragon. Je ne l'avais jamais vue en vrai, pourtant je n'ai eu aucun mal à reconnaître Calypso. Ses cheveux couleur caramel, ses yeux en amande, tout ce que Leo m'avait décrit était tel quel.

    Alors qu'un murmure d'excitation se levait parmi les pensionnaires, heureux de revoir leur héros préféré vivant, je me suis tournée pour que personne ne voit mes larmes et je suis partie en courant.

    Trois semaines. Cet espèce de ouistiti enflammé avait disparu trois semaines, me brisant le cœur. Et là, il revenait comme ça, tout guilleret, accompagné d'elle. Comment pouvait-il me faire un tel affront ? Après tout ce que nous avions vécu, après tous nos baisers, après sa promesse sur le pont de l'Argo II, comment pouvait-il me faire ça ? Comment avait-il pu me laisser seule trois semaines pour aller la chercher elle ?

    J'ai été tentée de prier Artémis pour m'engager dans la Chasse sur le champ, mais je n'avais pas la carte qu'elle m'avait remise à Athènes sous la main.

    J'ai couru jusqu'à la forêt, où je savais que je ne serais pas dérangée, et je me suis assise sur un rocher. Mes larmes ne se tarissaient pas, et la douleur que j'avais dans la poitrine depuis maintenant trois semaines était plus forte, plus vive. Elle menaçait même de me submerger.

    J'ai poussé un hurlement mélangeant la douleur, la frustration et la colère. Un peu plus loin, j'ai entendu le fleuve remuer, puis exploser dans son lit. Même à la distance à laquelle j'étais, j'ai reçu de l'eau. Mais plus rien ne m'importait, sauf la douleur.

    – Mila ?, a crié une voix dans le lointain.

    Je n'ai pas répondu, mais qui que ce soit, il devait certainement savoir que j'étais là. Parce qu'enfin, un ruisseau ne sort pas de son lit avec tant de violence si personne ne l'y a aidé.

    – Mila !, a répété la voix, que cette fois j'ai réussi à reconnaître.

    C'était celle de Percy. Il n'a pas tardé à débarquer et s'est arrêté face à moi.

    – Mila..., a-t-il murmuré doucement, comme on parle à un petit enfant. Mila, pourquoi es-tu partie comme ça ?

    J'ai soupiré en tentant d'essuyer maladroitement mes larmes, mais d'autres les remplaçaient bien trop vite.

    – Ton meilleur ami est revenu, tu devrais être heureuse, non ? Et en plus il a réussi à sauver Calypso !

    Mes sanglots ont redoublé d'intensité. Par tous les dieux, Percy était-il stupide à ce point, pour ne pas voir ce qu'il se passait ? N'avait-il vraiment rien remarqué, pendant notre voyage dangereux en Grèce ? Était-il vraiment si aveugle ?

    – Mila, je... Dis-moi ce qu'il y a, enfin !

    – Ce qu'il y a ?, ai-je alors hurlé, hors de moi. Bon sang Percy, est-ce que ça t'arrive d'ouvrir les yeux parfois ? Ce qu'il y a, c'est que... il... elle...

    Je ne trouvais plus les mots, qui restaient douloureusement coincés dans ma gorge. Je me suis donc mise à pleurer plus fort.

    – Elle... Calypso ?

    J'ai hoché la tête en soupirant, la vue brouillée par les larmes qui ne cessaient de ruisseler sur mes joues.

    – Mais pourquoi est-ce que... oh, a fait Percy, semblant soudain se rendre compte de la situation. Oh, Mila !

    Il s'est assis à côté de moi et m'a prise dans ses bras.

    – Je le tuerai s'il te fait du mal. Je les tuerai tous les deux s'il le faut.

Le Feu et l'EauOù les histoires vivent. Découvrez maintenant