— Casse-toi, finit-il par dire, je ne veux plus jamais te voir, tu me dégoute.
Quand Charlotte eut claqué la porte, Anthony se laissa tomber sur son canapé. Il peinait à avaler sa salive, une boule d'angoisse grossissait dans sa gorge. Elle avait le Sida. Pas une fois en quatre mois il n'avait songé à mettre un préservatif pendant leurs ébats. Il le regrettait amèrement, il se savait promis à un destin exceptionnel, et personne n'avait le droit de l'en priver. Surtout pas cette petite pute de Charlotte et ses gros seins. En essayant tant bien que mal de respirer, il se dit qu'il avait été le dernier des cons, lui, fantasmer sur une Barbie... Au fond Charlotte n'était qu'une pute du capitalisme de plus, l'une de ces filles qui se servent de leur cul pour réussir. Enfin, réussir, pour pouvoir se pavaner avec des fringues dont le quart du prix permettrait de nourrir un village du Sahel pendant dix ans. De l'avis d'Anthony ça n'avait rien à voir avec réussir, mais cette société de merde ce fichait bien de son avis. Pour l'instant... Il prit alors douloureusement conscience qu'elle ne l'avait regarder qu'après que le monde auquel elle voulait appartenir ne l'ai rejeté. Et lui, comme un con, il s'était laissé hypnotiser par sa blondeur et son décolleté. Sur ce coup-là, il eut du mal à l'admettre mais il ne valait pas vraiment mieux que ce connard de Benassya. Anthony attrapa son portable.
— Jen, fit-il après qu'elle ait décroché, j'ai besoin de toi là.
— Qu'est ce qui se passe, gros ?
Jennifer était sa meilleure amie depuis le collège, elle trouvait toujours les mots pour le rassurer, s'il y avait bien quelqu'un sur cette planète qui le comprenait, c'était elle. Il lui raconta sa conversation avec Charlotte.
— Je veux pas mourir, Jen, les travailleurs ont besoin de moi.
— En même temps qu'est-ce que t'es allé foutre avec cette fille ? L'ex à l'autre sionnard, en plus, là...
— Tu crois que c'est lui qui lui a refilé ça ? demanda-t-il.
— Qui d'autre ? lanca-t-elle.
Anthony avala difficilement sa salive, et si Adam Benassya en avait-il fait exprès, pour le tuer ? Pour l'empêcher d'accomplir son destin et de sauver les travailleurs exploité par les patrons comme cet enfoiré de Benassya ?
— Tu crois que c'est possible ? demanda-t-il à Jennifer.
— Tout est possible avec eux.
— Putain, lâcha Anthony.
— Il parait que ce sont les sionistes qui l'on inventé, le Sida, pour contrôler le monde, continua Jennifer.
Anthony hocha la tête, il connaissait leurs intentions, et il s'était jure depuis des années qu'il les détruirait.
***
Anthony poussa un profond soupire à la lecture de cette lettre a entête du laboratoire d'analyse médical. Négatif, il n'était pas malade, il n'allait pas mourir et il pourrait poursuivre sa mission pour la révolution du prolétariat. La fac de droit lui ouvrait grand les bras, de même qu'une brillante carrière d'avocat au service des travailleurs exploités. Il était bien conscient des années de sacrifices qu'il se profilaient devant lui. Les facs de droits étaient des repaires à petits fachos, le genre de mecs à abattre, se disait-il. Mes toutes ces années en vaudraient la peine le jour où il pourrait faire exploser ce système corrompu de l'intérieur.
Rien n'avait plus marqué Anthony dans sa vie que le sourire de sa mère quand il reçut son diplôme d'avocat. Il avait travaillé tellement dur pendant sept ans, cumulant les petits boulots à côté de la fac pour pouvoir aider financièrement sa mère qui faisait toujours des ménages. Mais ce beau souvenir se trouvait quelque peu gâché par le regard méprisant qu'avait posé une fille sur eux, alors qu'il quittait la remise de diplôme. Gabrielle Atari, vêtue d'une robe qui devait coûter un smic et une coupe de Champagne à la main lui avait jeté le même regard qu'elle lui jetait déjà huit ans plutôt, dans la cour du lycée. Il avait appris par des voies détournées qu'elle avait étudié le droit fiscal, ça ne le surprenait pas, il n'avait que l'argent qui ne l'avait jamais intéressée. Il rêvait du jour où Gabrielle et toutes les petites pétasses dans son genre seraient tondues en place public, la fin des putes du capitalisme. Mais pour l'heure, Gabrielle arborait un brushing impeccable alors qu'elle adressa un grand sourire à la mère d'Anthony.
— Bonjour Laetitia, lança-t-elle, maman regarde qui est là.
La mère de Gabrielle, une autre qui tombait dans la définition pute du capitalisme d'Anthony, se retourna et adressa-t-elle aussi un large sourire a sa mère.
— C'est votre fils ? fit-elle en le désignant.
— Oui, répondit-elle timidement.
Elle lui lança un regard à la fois méprisant et étonné, comment le fils de sa femme de ménage pouvait avoir décroché un diplôme équivalent à celui de sa pétase de fille ?
— Félicitations jeune homme, fit-elle, vous avez choisi quel spécialité ?
— Droit du travail, répondit Anthony.
— Pour les prud'homme ? lança Ruben avec un petit sourire.
Anthony ne l'avait pas aperçu, mais évidemment que son toutou sionnard qui suivait Gabrielle partout depuis le lycée n'allait pas manquer sa remise de diplôme. Anthony n'avait pas pris la peine de répondre et avait entrainer sa mère vers la sortie. A l'arrêt de bus, elle avait soupiré.
— Antho tu aurais pu être poli avec madame Atari, elle est très gentille, et ça fait dix ans que je fais le ménage chez elle.
— Elle t'exploite, maman, avait-il répondu.
Laëtitia avait planté ses yeux bleus dans les yeux sombres de son fils. Ce fils qu'elle avait eu à seize ans, ce fils pour qui elle avait travailler dur toute ces années. Anthony, son prince. Elle était fière de lui et de ses idées, fière qu'il soit devenu avocat, fière qu'il ait le même diplôme que la fille de ses patrons. Mais elle avait appris à courbe l'échine depuis qu'elle était tombée enceinte et que ses parents l'avaient mise dehors. Le père d'Anthony, malgré sa belle gueule et ses belles paroles n'avait jamais rien assumé.
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La Race du Pouvoir [TERMINÉ]
General Fiction*Ceci est la suite de mon premier roman "Tu feras pleurer les plus belles filles".* Vous avez aimé Tu feras pleurer les plus belles filles ? Retrouvez Adam, Ruben, Idan et Matteo dans "La Race du Pouvoir" Le temps a passé, ils ont désormais trente a...