Golda avait été invitée chez Elisheva et Adam pour le dernier dîner de Shabbat avant que chacun ne rentre chez soi. Les bouteilles de Cabernet Sauvignon s'était enchaînées toute soirée et l'ambiance était au rendez-vous. Gabrielle avait finalement traîné Ruben dans leur chambre vers vingt trois heures et Adam et Elisheva étaient aussi allés se coucher.
Idan, Matteo et Golda étaient donc restés seuls sur la terrasse face à une bouteille de Boukha. Matteo avait allumé un joint sous le regard amusé de Golda déjà bien éméchée. Il avait tiré quelques taffes avant de le tendre à Idan.
— T'es pas galant, Matteo, avait lancé Golda en riant.
Matteo regarda Idan passer le joint à Golda qui tira copieusement dessus.
— Depuis quand tu fumes des joints, toi ? fit Matteo en portant un verre de Boukha à ses lèvres.
Golda sourit et laissa échapper un petit rire.
— Depuis que j'ai dit merde à la Marocaine.
Matteo éclata de rire, il n'avait jamais entendu Golda tenir tête à sa sœur. Idan lança.
— Il devrait prendre exemple Ruben.
Ce qui déclencha l'hilarité générale. Matteo finit par aller se coucher laissant Idan et Golda seuls sur la terrasse. La nuit était douce et claire, ils observaient les étoiles. Idan passa son bras autour des épaules de Golda et à sa grande surprise elle ne le repoussa pas, elle se lova même contre lui.
— C'est vrai que t'as couché avec Matteo ? demanda soudainement Idan.
Matteo lui avait finalement avoué qu'il avait passé une nuit avec Golda. Idan n'avait rien dit, il n'y avait rien à dire, Golda et lui n'étaient plus ensemble depuis des années. Elle se redressa sur un coude et planta son regard dans le sien avant d'éclater de rire.
— Ouais, c'est vrai.
— Et c'était bien ? demanda à nouveau Idan.
— J'en sais rien...
Elle rit de plus belle, elle était visiblement défoncée mais avait l'air heureuse. Idan avait l'impression de retrouver la Golda du début de leur service militaire, quand il se retrouvaient le weekend après une longue semaine d'entrainement dans des unités séparées. Il senti son cœur se serrer en se remémorant le sourire de Golda quand elle s'endormait dans ses bras, le jeudi soir.
— T'en sais rien ?
Golda se mordit la lèvre, hilare.
— On étaient bourrés tous les deux, je crois qu'il ne s'en souvient pas plus que moi...
Il hocha la tête. Golda reposa la sienne sur l'épaule d'Idan.
— De toute façon c'était une connerie.
— Ah ouais ? fit platement Idan.
Golda poussa un profond soupire, des conneries, elle en avait fait des tas depuis qu'elle avait reçu cette proposition de l'armée. La proposition de ses rêves... Intégrer une unité d'élite expérimentale à la frontière entre Tsahal et le Mossad... Le Mossad, ce vieux rêve qu'elle partageait avec Idan depuis des années. Mais Idan, aussi bon soldat d'élite qu'il était au sein de l'unité Sayeret Matkal, l'une des plus prestigieuse de l'armée israélienne, n'avait pas reçu de proposition. Golda, elle, s'était vu proposer d'intégrer une nouvelle unité d'élite exclusivement féminine et destiné à combattre les groupes terroristes au Moyen Orient. C'était expérimental, les femmes, au sein de l'armée israélienne, n'étant normalement pas autorisée à combattre en dehors des frontières du pays.
Même si la première chose que le recruteur lui avait dit était « il y a 80 % de chances que vous vous fassiez violer lors d'une opération extérieur si vous êtes capturé ». Golda avait signé. Signature qui lui interdisait de raconter à quiconque ce qu'elle faisait réellement de ses journées. On lui avait conseillé de se séparer de son petit ami mais Golda n'avait pu s'y résoudre. Quitter Idan alors qu'elle touchait du doigt le rêve qu'ils avaient cultivé ensemble ? Hors de question.
Mais l'entraînement avait été bien plus éprouvant que tout ce qu'avait vécu Golda jusqu'alors. Physiquement bien sûr, mais aussi psychologiquement. Beaucoup de filles qui affichaient des états de service impressionnants avait abandonné, sentant qu'elle allait y laisser des plumes. Golda avait tenu bon, pour elle, pour Idan, pour leur rêve de travailler un jour pour les services secrets. Rien d'autre ne comptais alors, elle n'avait pas vraiment réalisé qu'Idan l'avait trompée.
Au bout de huit mois le projet avait été avorté et Golda avait été démobilisé. Elle avait passé les visites de routine et le diagnostique était tombé, syndrome de stress post traumatique. Ce n'était pas rare, les recruteurs en avaient parlé comme une possible conséquence des entrainements des unités d'élite. Golda avait minimisé cette information, elle avait trouvé un poste à la Knesset, passait des heures à courir tous les matins après des nuits sans sommeil et vidait deux chargeurs sur les cibles du stand de tir tous les soirs. Tout oublié, même Idan qu'elle avait promptement quitté.
Elle se serra contre lui et lui pris la cigarette qu'il venait d'allumer. Elle fuma, le regard perdu dans l'immensité du ciel piqueté de milliers d'étoiles. Idan senti le désir monté en lui, il aimait Golda, il n'avait cessé de l'aimer depuis le lycée, depuis leur rencontre. Il avait une folle envie de l'embrasser mais elle était bourrée et il n'était pas du genre à abuser. Ce serait pire que tout, d'ailleurs, de repasser une nuit avec elle sous l'effet de l'alcool et de se faire jeter au petit matin, parce qu'au fond rien n'avait changé.
— C'est plutôt moi qui ai fait des conneries, lança-t-il finalement.
Elle planta à nouveau son regard dans celui d'Idan.
— C'est de ma faute, dit-elle doucement, tu méritais pas ça...
Idan se mordit la lèvre, elle était allongée contre lui sur les coussins de la terrasse d'Adam, proche, beaucoup trop proche.
— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle alors qu'elle remarquait son trouble.
Idan soupira.
— Rien, fit-il, j'ai juste super envie de t'embrasser mais...
Il n'eut pas le temps de terminer sa phrase que Golda posait ses lèvres sur les siennes. Il abandonna toute retenue, profitant de cet instant qu'il attendait depuis si longtemps, depuis cette fameuse journée d'été à Netanya où Golda lui avait annoncé qu'elle le quittait.
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La Race du Pouvoir [TERMINÉ]
Aktuelle Literatur*Ceci est la suite de mon premier roman "Tu feras pleurer les plus belles filles".* Vous avez aimé Tu feras pleurer les plus belles filles ? Retrouvez Adam, Ruben, Idan et Matteo dans "La Race du Pouvoir" Le temps a passé, ils ont désormais trente a...