Ruben prenait une bière avec Idan sur le front de mer de Netanya en cette belle après-midi d'août. Ruben était plus qu'épuisé, deux ans déjà qu'il tentait de développer le business d'Adam en Israël. Entre les problèmes liés à l'importation d'alcool, l'Hébreu moderne qu'il maîtrisait mal et la recherche de clients potentiels dans un marché qui semblait saturé, chaque journée de travail était une épreuve.
Alors qu'ils discutaient de tout et de rien avec Idan en profitant du chaud soleil Israélien, le téléphone de Ruben sonna. Il s'excusa avant de prendre l'appel. Idan l'écouta baragouiner quelques mots, moitié en Anglais, moitié en Hébreu avant de raccrocher.
— Ca va frère ? demanda Idan en tirant négligemment sur sa cigarette.
Ruben soupira, il avait l'impression que les problèmes se succédaient sans interruptions. A peine en avait-il réglé un que trois nouveaux faisaient leur apparition.
— Je suis dans une merde internationale, dit-il en reposant son portable sur la table du bar.
— Chouchou, lança Idan surpris que Ruben veuille jouer à ça alors qu'il semblait accablé de tous les maux de l'humanité.
— Hein ? s'exclama Ruben.
— Bah c'est dans Chouchou, répondit Idan.
Ruben secoua la tête, jouer à ce jeu débile qu'avait inventé Adam des années plus tôt était la dernière chose dont il avait envie.
— C'est dans ma vie... fit-il en soupirant.
— Ah ouais ? demanda platement Idan en prenant une gorgée de bière.
Ruben releva la tête de son verre et planta son regard dans celui d'Idan.
— Quand t'es dans la merde entre la France et Israël, t'appelle ça comment ?
— L'Alyah, répondit Idan.
— Ah ouais...
Idan éclata de rire, Ruben semblait complétement vidé de son énergie. Il but une gorgée de bière avant de lui dire.
— Pourquoi tu veux être vendeur dans un pays où tu peux pas faire trois mètres dans une rue sans qu'on essaie de te vendre un truc ?
Ruben le regarda avant d'éclater nerveusement de rire.
— Pourquoi tu fais pas l'inverse ? continua Idan.
— L'inverse ?
Idan hocha la tête.
— Au lieu de vouloir vendre des alcool que douze mille distributeurs proposent déjà en Israël, achète ici et revend en France.
— J'achète quoi ? fit vivement Ruben, du houmous ?
Idan pouffa.
— T'achètes des vins ici et tu les revends en France.
— T'es gentil Idan mais le marché du vin Casher en France c'est bouché, hein...
— Mais market pas ça comme du vin casher, s'exclama Idan, vends ça au resto et aux cavistes comme du vin classe, haut de gamme et tout. La vérité, c'est toi ou moi qui a fait une école de commerce ?
Ruben pouffa alors qu'Idan poursuivait.
— Le vin de Zichron Yaakov que t'as ramené à Adam c'était une tuerie, je suis sûr il y a moyen de se faire des couilles en or.
— Pourtant Adam il a rien dit... fit remarquer Ruben.
Idan eut un claquement langue accompagné d'un geste de la main.
— Adam, il était plus dans les problèmes de gitans que de vignobles.
Ruben pouffa. Et si Idan avait raison ? Et s'il suffisait d'exporter au lieu d'importer pour que tout décolle enfin ? Pour qu'il commence à réaliser lui-même du profit et qu'il ne soit plus dépendant du salaire que lui versait Adam.
— Tu ferais ça avec moi ?
Idan secoua la tête. Il n'avait aucune envie de quitter son poste d'instructeur de tir dans un centre d'entraînement paramilitaire de Judée-Samarie.
— Le business c'est votre truc, pas le mien.
— Notre truc ?
— Ouais, répondit Idan, toi, Adam, Matteo...
Ruben soupira. Il aurait bien aimé s'associer avec Idan qui parlait couramment l'Hébreu mais visiblement il n'était pas intéressé. Il décida de changer de sujet.
— Ca va avec Golda ? demanda Ruben.
Idan afficha une légère grimace.
— Vous êtes fâchés ? tenta Ruben en se disant que leur rapprochement chez Adam n'avait peut-être pas mené à grand-chose.
Ruben n'avait pas été le seul surpris en se réveillant ce samedi matin chez Adam. En descendant prendre leur petit-déjeuner, ils avaient découvert Golda et Idan enlacés et endormis sur la terrasse. Ni Adam ni Ruben ne s'attendait à ce qu'ils se rapprochent mais visiblement m'alcool et les joints avaient fait le travail.
— Non, fit Idan en secouant la tête, on va se marier.
Ruben le regarda incrédule, il ne s'était remis avec Golda que depuis deux mois et ils parlaient déjà de mariage ? Idan n'avait jamais semblé avoir envie de se marier rapidement. Golda encore moins.
— Tu vas te marier avec Golda ? demanda Ruben avec un regard soupçonneux.
Idan soupira avant d'avouer.
— Elle est enceinte.
Ruben ouvrit la bouche. Golda enceinte, c'était plutôt difficile à imaginer. Il la voyait mieux avec un M16 à la main qu'avec un bébé dans les bras.
— Mais enceinte de toi ou de...
— Oui enceinte de moi abruti, le coupa Idan, tu veux qu'elle soit enceinte de qui ?
— De Matteo, fit Ruben en buvant une gorgée de bière.
Idan se figea. Quand Golda lui avait annoncé sa grossesse quelques semaines auparavant, il n'avait pas pensé une seule seconde qu'elle puisse porter l'enfant de Matteo et non le sien. Il fit un rapide calcul avant de se décomposer davantage.
— Elle a eu ses règles entre temps ou pas ? demanda Ruben face à la mine plutôt déconfite d'Idan.
— Mais j'en sais rien, s'exclama-t-il, putain tu fais chier Ruben... Je te demande de qui ta femme est enceinte moi ?
Ruben pouffa avant de se rendre compte que tout le monde à la terrasse du bar les regardait.
— Frère on est à Netanya tout le monde parle français...
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La Race du Pouvoir [TERMINÉ]
Ficción General*Ceci est la suite de mon premier roman "Tu feras pleurer les plus belles filles".* Vous avez aimé Tu feras pleurer les plus belles filles ? Retrouvez Adam, Ruben, Idan et Matteo dans "La Race du Pouvoir" Le temps a passé, ils ont désormais trente a...