Chapitre 20

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Anthony avait passé quelques heures auprès des gitans endeuillés. Il les connaissait bien pour la plupart, il avait croisé certains d'entre eux au collège. Il avait quitté le terrain de rugby avec une information capitale qui lui donnait envie de sourire malgré les tragiques évènements. Benassya avait eu des mots avec les gitans, les policiers chargés de l'enquête l'aurait même interrogé. À qui donner cette info pour que toute la ville soit au courant ? Telle était la question que se posait Anthony en allumant le moteur de sa Twingo. Une info pareille allait sûrement faire plonger la courbe de popularité de Benassya, et, par ricochet, celle de Marietti. Les Affranchis avaient tout à y gagner. Mais encore fallait-il trouver le bon journaliste, le bon canard pour que la nouvelle se propage.

Il ne faut pas que l'info vienne de moi, se dit Anthony en prenant la route des Cigales, personne n'y croirait. Il réfléchit plusieurs minutes et se résolu à téléphoner à Jennifer, il lui demandait toujours conseil quand il ne savait pas quoi faire.

Malgré la législation sur l'utilisation du portable au volant, qu'Anthony considérait comme une énième criminalisation de la pauvreté puisque cette interdiction n'incluait pas l'utilisation des systèmes embarqués dans les voitures récentes, il attrapa le sien et retrouva sans mal Jennifer dans le journal d'appel du Huawei.

— Jen, fit-il quand elle décrocha, j'ai un info de malade sur le sionnard mais je ne sais pas comment la balancer.

— Hein ? s'exclama Jennifer.

Elle était au Cuba Libre, elle y travaillait depuis près de sept ans. Elle avait fini par devenir gérante de ce bar associatif dont plus personne ne voulait. Anthony lui expliqua ce qu'il venait d'apprendre sur Adam.

— Ça serait Benassya qui aurait mis le feu aux caravanes ? s'exclama Jennifer.

— J'en sais rien, fit Anthony, il a été entendu par la police en tout cas.

Jennifer hocha la tête, on ne parlait que de l'incendie du camps gitan depuis le début de la journée.

— Il faut que je balance cette info sans qu'on sache que ça vient de moi, continua Anthony, t'aurais pas une idée ?

Jennifer réfléchis un instant en essuyant mécaniquement un verre à bière.

— Faudrait que les journaux récupèrent l'info sans savoir que ça vient de moi, précisa-t-il.

— J'ai compris, répondit Jennifer, t'as pensé à Marvin ?

Non, Anthony n'avait même pas songé à Marvin, son ancien pote de lycée, il n'était plus aussi proche qu'avant mais Anthony savait qu'il était ouvrier et pompier volontaire. Ils se croisaient de temps à autre au Cuba Libre. Marvin vivait aux Cigales et avait deux enfants en bas âge.

— Faudrait que je l'appelle, continua Jennifer, avec un peu de chance il était sur le terrain de rugby la nuit dernière.

— Faudrait qu'il marche avec nous, lança Anthony.

— Tu ne lui fait pas confiance ? demanda-t-elle, tu ne crois quand même pas qu'il aime Benassya ?

Anthony réfléchit quelques secondes avant de se dire que Jennifer était loin d'avoir tort, Marvin était loin d'être de droite.

— Je sais pas si j'ai son numéro, fit-il finalement.

— Je te l'envoie par texto fit Jennifer avant de raccrocher.

Jennifer lui avait envoyé le numéro de Marvin, mais Anthony avait préféré aller le voir en personne. Quand il se gara sur le parking du bâtiment ou vivait Marvin, celui-ci était justement dehors, il surveillait un bambin de trois ou quatre ans en fumant un cigarette. Il paru plutôt surpris de voir son ancien camarade de lycée.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant