Chapitre 24

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 — Entrez.

Jade pénétra dans le bureau de Karl, il lui sourit, heureux de sa visite alors qu'elle semblait l'éviter depuis quelques temps. Il lui avait envoyé plusieurs messages qui étaient restés sans réponses.

— Ça va demanda-t-il en plantant ses yeux bleus dans les yeux sombres de Jade, ça fait un moment qu'on s'est pas vus...

Jade referma la porte. Elle soupira intérieurement, elle n'était pas là pour ça.

— Karl... Je ne suis pas ici pour planifier une partie de jambes en l'air, j'ai reçu un coup de fil hier soir, un type qui disait s'appeler Marvin et être pompier.

— Qu'est-ce qu'il a dit ? demanda Karl en jouant négligemment avec un stylo.

— Qu'Adam Benassya serait impliqué dans l'incendie du camp des gitans.

Karl fronça les sourcils. L'incendie occupait une grande place dans le journal depuis quelques jours, tout le monde dans la région ne parlait plus que de ça et chacun voulait en savoir plus sur ce drame, et bien entendu, en connaitre le ou les responsables. L'enquête en cours n'avait, pour l'heure, donne aucun résultat. Certains concurrents de la Gazette d'Azur se perdaient en spéculations, Karl lui préférait attendre d'avoir du concret.

— Benassya aurait menacé les gitans, continua Jade sans laisser à Karl le temps de répondre, j'ai vérifié et c'est vrai.

— Mais est-ce que ça veut forcement dire qu'il est allé jouer avec des allumettes au milieu des caravanes ? demanda Karl.

Devant le regard surpris de Jade, il expliqua.

— Ce que tu nous amène là, Jade, c'est une bombe, une putain de bombe sale. Il y a eu un mort dans cet incendie, donc titrer 'Benassya a menacé les gitans', c'est l'accuser de meurtre.

Jade regarda un instant ses cuticules.

— De quoi t'as peur ? demanda-t-elle.

— J'ai peur de rien, Jade, répondit-il, j'ai juste pas envie d'enterrer Benassya, et Marietti par la même occasion et qu'on se retrouve avec Lefevre et sa clique à la mairie.

Jade secoua la tête, il y avait autre chose, aucun journaliste du calibre de Karl ne passerait à côté d'un scoop pareil.

— Il a fait quoi, pour toi, Benassya ? demanda-t-elle.

Karl haussa les épaules, ça n'avait rien à voir avec Benassya.

— Jade, je vais te dire la vérité parce que je t'aime bien, lança Karl, Marietti est l'un des principaux investisseurs du journal, si on se brouille avec lui, on saute. Tous.

Jade soupira, une histoire de fric, forcément.

— Donc tu m'enterre cette merde bien profondément là ou personne n'ira la chercher, ordonna Karl.

Jade hocha la tête, mais bien sur Karl, mais bien sûr.

***

Jade savourait son pokebowl au saumon cru en réfléchissant. Elle n'avait rien dis à Laura à propos des informations qu'elle avait reçues. La liberté de la presse se devait garante de la démocratie, mais ce n'était visiblement plus le cas si Marietti s'était acheté la complaisance de la Gazette d'Azur. Il ne devait pas être le seul puisque chaque journal local semblait soutenir un candidat en particulier. Jade soupira, elle n'avait aucune envie de perdre son travail, mais, d'un autre côté, si c'était vrai ? Si Adam Benassya était responsable de l'incendie qui avait ravage le camp improvise des gitans ?

Jade fut sortie de ses pensées par un bip de son portable. Elle venait de recevoir un message.

« Bonjour Madame Marchand, pouvez vous me dire quand sera publier l'interview ? Que j'achète votre journal. »

Anthony Lefevre. Jade sourit malgré elle, l'interviewer n'avait pas été désagréable, loin de là. Elle savait que son article paraitrait dans l'édition du weekend à venir. Elle tapa une réponse.

« C'est Mademoiselle, Monsieur Lefevre et votre interview paraitra dans l'édition du weekend. »

***

Anthony sourit en lisant la réponse de la jolie journaliste. Il se demanda si sa précision « mademoiselle » était une simple coquetterie ou si elle voulait lui envoyer un message, lui laisser savoir qu'elle était célibataire. Il termina son kebab en se demandant ce que donnerait un rendez-vous avec elle. Depuis Charlotte, Anthony n'avait plus eu de relation vraiment suivie et exclusive. Il avait de brèves aventures avec des militantes communistes à la fac, puis des membres du rassemblement politique qu'il avait créé, jamais rien de sérieux ni de très intéressant. Si toutes approuvaient les idées politiques d'Anthony, aucune de ses conquêtes n'avait la beauté de Jade. Il ne l'aurait jamais avoué mais ce genre de filles lui manquait depuis qu'il avait rompu avec Charlotte. Un leader anarchiste pouvait-il se balader au bras d'une jolie fille, pur produit du capitalisme ? Probablement pas.

Anthony avala sa salive et tapa une réponse à Jade.

« Je pourrais vous inviter à boire un verre pour fêter ça. »

Il n'osa pas la tutoyer, ses années de militantisme lui avait appris le vouvoiement pour être pris au sérieux. Ce texto était également une façon détournée de dire, 'si t'as écrit de la merde sur moi, on en restera pas là'.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant