— Anthony, t'as pas compris que je ne faisais pas crédit ? Tu vas répondre merde !
Anthony reposa nerveusement son portable. Le message que lui avait laissé Ibrahim faisait froid dans le dos. Il consulta le Go Fund Me qu'il avait lancé la veille. Quatre cent douze euros, on était loin du compte, et Anthony avait déjà pris tout ce qu'il pouvait dans la caisse de son parti sans que ça ne paraisse suspect. Comment pouvait-il trouver autant d'argent en si peu de temps ?
Il reprit son portable et composa le numéro d'Ibrahim, il allait bien finir par comprendre qu'Anthony n'avait pas cet argent et que malgré toutes les menaces du monde il ne pouvait pas l'inventer.
— Antho, t'avais perdu ton portable ou tu te fous de ma gueule ? lui demanda Ibrahim en décrochant.
Anthony peina à avaler sa salive. Le ton d'Ibrahim était sec, cassant. Oui, Anthony en était sûr, Ibrahim n'avait plus rien à voir avec son pote de lycée. A l'époque il suivait Anthony comme un toutou. Avec les années, le caniche s'était transformé en Rottweiler. Et il allait le bouffer.
— J'ai cherché partout, je ne peux pas trouver sept mille euros en cinq minutes, fit Anthony.
Ibrahim éclata d'un rire sadique. Anthony tenta de contrôler les battements de son cœur qui s'emballaient.
— Je peux te payer en plusieurs fois, continua Anthony en tentant de maitriser son stress.
— Tu m'as pris pour Cofidis ? répliqua Ibrahim. Je veux mon fric, tu m'entends ?
— Je ne suis pas sourd, répliqua Anthony, et si t'es pas Cofidis, moi je ne suis pas Benassya, je ne peux pas te sortir des milliers d'euros comme ça, en cinq minutes.
Il y eut un bref silence, juste le temps pour Anthony d'espérer, juste le temps pour Ibrahim de sourire de toute ses dents à son iPhone tombé du camion.
— Bonne idée, je vais aller en parler a Benassya, il paiera surement cher pour savoir pourquoi les caravanes ont cramé, répondit Ibrahim faussement enthousiaste.
Anthony déglutit difficilement. Ibrahim était-il capable de retourner sa veste alors qu'il était mouillé jusqu'au cou dans cette affaire ? Il ne préférait pas prendre le risque.
— Je vais te payer, fit Anthony, juste laisse moi du temps.
— Je ne fais pas crédit, répéta Ibrahim.
Anthony soupira silencieusement, visiblement Ibrahim ne voulait rien savoir.
— T'as intérêt à me payer, repris Ibrahim, et à décrocher quand je t'appelle ! Sinon je vais aller m'arranger direct avec Benassya, et là, tu peux être sûr que tu ne poseras jamais ton petit cul de pédé sur le fauteuil du maire.
Il raccrocha sans laisser à Anthony le temps de répondre. Il reposa son portable sur son bureau en tentant de maitriser son rythme cardiaque, cette nouvelle menace d'Ibrahim, concrète cette fois, lui mettait encore plus la pression. Il se laissa tomber la tête dans les mains, comment pouvait-il trouver autant d'argent ? Il ne pensait pas connaitre quelqu'un qui aurait pu lui prêter sept mille euros, et sans poser de questions.
***
Jade n'avait pas beaucoup dormi, trop préoccupée par les révélations que lui avait faite Laura la veille au soir. Ibrahim avait mis le feu au caravanes, la question qui demeurait était celle du mobile ? Quel intérêt pouvait avoir Ibrahim à se débarrasser des gitans ? Ni Jade ni Laura ne savait ce qu'il était devenu après le lycée. Il avait peut-être trempé dans divers trafics, dont certains qui impliquaient des gitans, et il aurait voulu sans venger d'un quelconque diffèrent. Mais ce genre d'incendie criminel n'était dans les mœurs ni du Milieu marseillais, ni du Milieu toulonnais, Jade le savait bien, elle avait écrit des articles sur plusieurs règlements de comptes entre caïds de la région. Les Toulonnais comme les Marseillais préféraient régler les problèmes d'une rafale de Kalachnikov ramenée discrètement des Balkans.
— Laura, fit Jade au petit déjeuner, tu crois vraiment qu'Anthony aurait pu demander à son vieux pote Ibrahim de mettre le feu au camps des gitans ? Tout ça pour se débarrasser d'Adam ?
Laura but silencieusement son thé avant de répondre.
— Personnellement, s'il est aussi obsédé par Adam que tu le dis, ça m'étonnerait pas vraiment.
Jade hocha la tête, au fond elle ne connaissait d'Anthony que ce qu'il avait bien voulu lui montrer.
— Tu le connaissais bien toi ? demanda-t-elle à son amie.
— Non, répondit Laura en secouant la tête, on a jamais vraiment été pote, lui et moi.
On va trouver quelqu'un qui connait Anthony, se dit Jade, et qui acceptera de nous aider à découvrir qui il est vraiment et s'il aurait pu mettre la vie de plusieurs dizaines de personnes en danger simplement pour se débarrasser d'Adam.
— Je sais qui doit bien le connaitre, lança Laura.
— La serveuse du Cuba Libre ? proposa Jade.
— Charlotte, fit Laura, elle sortait avec lui à l'époque.
Jade hocha la tête, elle se souvenait bien de cette blonde à la réputation sulfureuse. Elle cru se souvenir qu'un sondage sur Facebook avait mis en lumière le fait qu'elle avait couché avec la moitié des garçons de leur promos, et que l'autre moitié était encore puceau.
— Et elle est où maintenant Boner Garage ? fit Jade en tartinant distraitement de la confiture sur une tranche de brioche.
Laura pouffa en entendant ce qualificatif. Elle se souvenait elle aussi de la réputation de Charlotte au lycée, d'abord bombe facilement baisable puis trainée trop utilisée.
— Elle est DRH à la mairie, répondit Laura.
Jade la dévisagea. Elle n'avait jamais recroisé Charlotte depuis la terminale. Dans sa tête, cette blonde plantureuse avait dû finir strip-teaseuse à Las Vegas, pas fonctionnaire de mairie.
— Comment tu sais ça ? demanda-t-elle.
— Je l'ai croisée par hasard, cette semaine, en allant chercher Guillaume pour déjeuner.
Jade hocha la tête, notant déjà mentalement les questions qu'elle voulait poser à Charlotte.
— Ça te dis un déjeuner avec Boner Garage aujourd'hui ? lança-t-elle a Laura.
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La Race du Pouvoir [TERMINÉ]
General Fiction*Ceci est la suite de mon premier roman "Tu feras pleurer les plus belles filles".* Vous avez aimé Tu feras pleurer les plus belles filles ? Retrouvez Adam, Ruben, Idan et Matteo dans "La Race du Pouvoir" Le temps a passé, ils ont désormais trente a...