Chapitre 56

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— Adam, on ne va pas le forcer s'il a pas envie.

Il secoua la tête, visiblement Elisheva n'avait rien comprit. Leurs amis étaient repartis la veille, qui à Jérusalem, qui à Naples, qui à Netanya, qui à Gush Etzion et le quotidien n'avait pas tarder à reprendre ses droits. Ce lundi soir, Adam tentait d'inscrire Salomon à un stage de foot pour les vacances d'été.

— On ne va pas le forcer le pauvre petit chou sauf que moi je me suis battu pour que les stages de foot de la mairie ne soient plus pour les prolos donc c'est la moindre des choses que j'y mette mon fils !

— J'irais pas jouer au foot avec les prolos, hurla Salomon en montant rageusement les escaliers.

— Si, répliqua Adam.

Elisheva secoua la tête, Salomon se mettait rarement dans des états pareils, mais le foot était loin d'être quelque chose qui l'intéressait. Il avait toujours préféré la lecture et la musique au sport, mais ça, Adam ne semblait pas enclin à l'accepter.

— Putain, lança- t-il en regardant sa femme, t'es en train d'en faire une lopette.

— Hein ? s'indigna Elisheva.

— Si, une lopette, je veux pas jouer au foot ouin ouin ouin, je préfère le violon, fit Adam en imitant Salomon, qui a eu cette idée de merde de lui faire faire du violon ? Hein, c'est pas moi !

— C'est très bien le violon, se défendit Elisheva.

Une mélodie classique leur parvint alors de l'étage. Salomon avait pris son violon et abandonnait sa tristesse à la musique.

— Et il est très doué, termina-t-elle.

Adam secoua la tête, il était passablement énervé et la musique classique était loin de le calmer, bien au contraire.

— Dans dix ans, quand il nous ramera Steeve, le blond décoloré avec un petit foulard rose faudra pas venir pleurer.

— Arrête, fit Elisheva, tous les violonistes ne sont pas homosexuels.

— Tu veux que je te fasse une liste des violonistes pédés ? demanda Adam, j'espère que t'as rien de prévu parce que...

Elisheva leva les yeux au ciel. Adam allait lui demander si elle voulait des petits-enfants non binaires mais Seth fit irruption dans la cuisine.

— Salomon il pleure putain !

— Arrête de dire putain, le réprimanda Elisheva.

— Putain, fit Adam.

Elisheva poussa un profond soupire. Pas étonnant que son fils de trois ans ait un vocabulaire pareil avec Adam qui jurait toutes les deux minutes. Elle fusilla son mari du regard.

— Adam tu ne peux pas parler correctement, sois un exemple pour les enfants un peu.

— Putain, je suis un exemple, fit Adam, regarde Seth, il va très bien, il joue au foot...

— Et il dit putain toutes les deux phrases, merci, la maitresse... nuança Elisheva.

Elle n'eut pas le temps de terminer sa phrase, qu'Adam, passablement énervé, s'exclama.

— Putain mais on s'en branle de la maitresse !

— On s'en branle putain ! Putain de fonctionnaires, hurla Seth.

Elisheva leva les yeux au ciel. Elle se dirigea vers les escaliers d'où provenait toujours une mélodie classique ponctuées de quelques imperceptibles fausses notes. Son mari adressa un grand sourire à Seth.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant