Chapitre 8

188 13 20
                                    

— Alors, ta soirée conseil municipal, partie de jambes en l'air c'était comment ?

Laura pouffa en rangeant les clés de sa Fiat 500 dans son sac à main. Elle venait d'arriver dans la salle de rédaction du journal pour lequel elle travaillait.

— J'arrive pas à croire que tu te tapes un conseiller municipal, continua Jade en tournant pensivement sur sa chaise de bureau.

— Et moi j'arrive pas à croire que ça fait quatre mois que tu ne te sois tapé personne, répliqua Laura.

Jade éclata de rire et replaça une mèche de ses longs cheveux bruns.

— J'ai lu ton article sur Benben au conseil municipal hier soir, pas mal.

— Arrête de l'appeler Benben, lança Laura.

— Par contre je suis déçue qu'il n'y ait rien sur l'amour de ta vie, le baron Vallois de Bourbon.

Laura éclata de rire. Jade appelait toujours Guillaume par son nom de famille, à particule et à rallonge.

— Tu sais comment ils ont fini, les nobles, ajouta-t-elle.

— Il est Républicain, lança Laura, et Vicomte, pas Baron.

Jade haussa les épaules, l'idylle de sa meilleure amie et de l'héritier d'une grande famille de la haute noblesse française la faisait bien rigoler.

— Au fait, continua-t-elle, le boss voudrait un papier sur Lefevre, je me suis dit que ça pourrait être bien que tu t'en occupe.

— Moi ? fit Jade.

— Pas le Pape, répliqua Laura il faudrait l'interviewer mais vu l'article que j'ai écris sur lui l'année dernière, il ne m'accordera pas d'interview, à toi par contre...

— Enfin un qui préfèrerait les brunes aux blondes ? lança Jade.

Laura pouffa. Pendant la campagne électorale, elle avait écrit un article qui avait été décisif pour les résultats du scrutin. Alors qu'Adam était en visite dans le quartier des Cigales, un grand ensemble HLM, réputé pour être le quartier le plus chaud de la ville, et, accessoirement, le fief d'Anthony. Ils s'étaient croisés, chacun avec son équipe de campagne, et Anthony avait refusé de serrer la main que lui avait tendu Adam. Laura était là, elle suivait la campagne de la liste de Marietti, et elle avait rédigé un article lapidaire à l'encontre d'Anthony. Laura avait laissé entendre qu'il avait refusé de serrer la main d'Adam pour des raisons ethniques et non politiques, elle appuyait son propos en rappelant que Monsieur Lefevre avait déjà accepter de serrer la main à plusieurs membres de la liste de José Marrietti. Cet article avait été décisif pour les résultats du second tour, qui avait opposé la droite libérale à l'extrême gauche. Adam était passé pour le gendre idéal, et Anthony, pour dangereux bolchévique. Ça avait suffit pour faire pencher la balance du côté de la liste de Marietti.

Jade décrocha son téléphone et composa le numéro de la permanence de l'opposition. Après quelques minutes de négociations elle parvint à obtenir le numéro de portable d'Anthony Lefevre.

— Allô ? fit-il en décrochant.

— Monsieur Lefevre, Jade Marchand à l'appareil, je suis journaliste et je souhaiterais vous interviewer.

— Vous êtes journaliste pour qui ? J'ai déjà entendu votre nom quelque part.

Jade avala sa salive, se souvenant des paroles de Laura, Anthony ne devait pas porter leur journal dans son cœur, loin de là.

— Je travaille pour la Gazette d'Azur.

Anthony eut un rire cynique.

— Et vous croyez que je vais vous accordez une interview après cette merde que vous avez écrite sur moi l'année dernière ?

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant