Chapitre 7

208 16 5
                                    

Ce mercredi soir avait lieu le conseil municipal. Adam avait étoffé ses arguments pour répondre aux propositions qu'allaient faire leurs adversaires, Anthony et sa liste. Il était dix huit heures quand il entra dans l'arène. Il s'installa à côté du maire, sur l'estrade. Après un bref discours de José Marietti, la parole fut donnée à l'opposition. Anthony Lefevre se leva. Un sourire narquois apparus sur le visage d'Adam alors qu'il se laissait aller en arrière sur son confortable fauteuil de premier adjoint.

— Mesdames et messieurs, commença-t-il, un rapport récemment rendu public note une hausse importante des fraudes dans les transports en commun, et la répression mise en place par la Mairie et sa politique de droite ne semble pas pouvoir y remédier. Pourquoi me direz vous ?

Le sourire d'Adam s'agrandit alors qu'il préparait mentalement ses arguments pour démonter, point par point, le discours d'Anthony.

— Parce que ceux qui fraudent ne le fond pas par plaisir mais par nécessité, continua-t-il. Savez-vous ce que représente le budget transport pour un ménage modeste ? Je vais vous le dire, c'est énorme.

— Combien ? lança Adam.

— Laissez-moi terminer, monsieur Benassya, siffla Anthony.

Adam eut un rictus de satisfaction et déclara.

— Je vous en prie, monsieur Lefevre, terminez.

— Je disais donc, continua-t-il en ignorant le sourire narquois d'Adam, que si les gens fraudent, ce n'est pas par plaisir. La criminalisation de la pauvreté est abjecte, c'est pour quoi, en vertu des principes de liberté, d'égalité et de fraternité qui régissent notre pays, nous, les Affranchis, nous proposons la gratuité des transports publics.

Des applaudissement se firent entendre à gauche, alors qu'à droite on oscillait entre la stupéfaction et la rigolade. Après un bref échange de regards avec le maire, Adam prit la parole.

— Avez-vous terminé monsieur Lefevre ?

— Oui, répondit-il en se rasseyant.

Adam se leva, et embrassa son auditoire du regard.

— Monsieur Lefevre, commença-t-il, vous prétendez que pour enrayer les fraudes dans les transports en commun, il faut les rendre gratuits, donc si on suit votre... logique, pour enrayer les vols chez Carrefour, on supprime les caisses ?

La droite applaudit alors que les élus de gauche secouaient la tête.

— Vous voulez la gratuité des transports publics, monsieur Lefevre, poursuivit Adam, mais rien n'est gratuit dans la vie. Si ce ne sont pas les usagers qui en s'acquittant de leur titre de transport qui supportent les coûts de fonctionnement, ça sera les contribuables. L'argent public ne pousse pas sur les platanes du boulevards de la République, monsieur Lefevre.

Des rires et des applaudissement se firent entendre à droite, alors que l'opposition attendait la réaction de son leader.

— J'ajouterais, continua Adam, que la répression mise en place conjointement par nos contrôleurs et notre police municipale a porté ses fruits et la fraude dans les transports en commun a baissé de quarante pourcent depuis trois mois. Certains ne veulent pas payer alors instaurons la gratuité, ça, monsieur Lefevre, ça s'appelle la politique de l'autruche.

— Non, objecta Anthony en se levant, ça s'appelle la politique de l'humain, criminaliser ceux qui doivent choisir entrer payer le transport ou leur déjeuner, c'est minable.

— Alors dite nous quelle part du budget des ménages modestes représentent les frais liés au transports publics dans notre ville ? lança Adam.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant