Chapitre 18

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Anthony ouvrit les yeux ce matin-là, le soleil éclairait sa chambre. Elle n'avait pas beaucoup changé depuis le lycée, elle était toujours aussi petite, un grand drapeau anarchiste trônait toujours au-dessus de son lit et surtout, elle était toujours chez sa mère.

Il allait se lever, mais il réalisa qu'il n'était pas seul, Olympe dormait à côté de lui, la couette à moitié par terre ne dissimulant que partiellement la nudité de son corps tatoué et boudiné. Il consulta l'heure et soupira, sa mère devait déjà être levée, impossible de faire sortir discrètement Olympe de leur minuscule appartement. Elle bailla.

— Il est quelle heure ? demanda-t-elle en voyant la lumière qui entrait par la fenêtre.

La veille au soir, ils s'étaient retrouvés au Cuba Libre, puis ils avaient finalement terminé la soirée chez lui. C'était loin d'être la première fois, mais en général Olympe partait au milieu de la nuit.

— Sept heures douze, fit Anthony.

— Merde, s'exclama Olympe en se levant, faut que j'y aille.

Anthony hocha la tête, mal à l'aise à l'idée que sa mère croise Olympe, ou l'inverse.

— Pourquoi on est pas allés chez toi, déjà ? fit-il.

— Je te l'ai déjà dit, répondit-elle en remettant son t-shirt sur sa poitrine dénudée, chez moi c'est une coloc safe, pas de mecs cis.

Anthony soupira. Olympe vivait avec une lesbienne et deux transgenres, qui avaient édicté cette règle étrange. Il enfila un caleçon et un t-shirt avant de suivre Olympe dans le couloir. Elle sorti le plus discrètement possible de l'appartement mais Laetitia avait eu le temps de l'apercevoir.

— Bonjour Antho, lança-t-elle.

Anthony se mordit la lèvre devant le sourire mutin de sa mère. Elle lui tendit une tasse à café.

— Si tu veux ramener des filles, pas de problèmes, mais choisi les jolies au moins, dit-elle.

Anthony secoua la tête. Laetitia trouvait qu'Olympe et ses kilos en trop manquaient de charme, elle avait plusieurs fois dit à son fils qu'elle regrettait la jolie blonde avec qui il était sorti au lycée.

— Tu pourrais en choisir une, jolie et gentille, avec une couleur de cheveux potable.

Il sourit, visiblement sa mère n'appréciait pas les cheveux teints en vert d'Olympe.

— Et tu t'installes avec elle, continua Laetitia, au lieu de toujours vivre avec ta mère à trente ans.

Malgré les réticences de sa mère, Anthony payait le loyer et toutes les factures. Il voulait même qu'elle arrête de faire des ménages, mais il n'en était pas question, elle n'avait aucune envie de vivre au crochet de son fils.

— Vingt-neuf, rectifia Anthony, tu veux que je me marie et que je fasse des gosses ?

— Et pourquoi pas ? rétorqua-t-elle.

Il secoua la tête, jamais il ne se marierait.

— Le mariage c'est une merde capitaliste, et qu'est ce que tu veux que je fasse avec des enfants ?

Ce fut au tour de Laetitia de secouer la tête, elle n'aurait pas dit non à des petits enfants.

Anthony arriva vers neuf heures au terrain de rugby, il avait appris qu'un bébé de six mois avait péri dans le brasier et que la brigade criminelle s'activait. Les policiers interrogeaient sans relâche les gitans pour obtenir des information leur permettant de remonter jusqu'au responsable de cette tragédie, mais personne ne semblait rien avoir vu.

Il espérait croiser Benassya, mais il apprit sur Twitter que l'équipe du maire était en réunion de crise à la mairie. Il s'avança vers le roi Gitan qu'il connaissait bien.

— Salut Tino, lança-t-il en lui serrant la main, je suis venu dès que j'ai su...

Tino hocha la tête, l'émotion empêchait le moindre son de sortir de sa gorge. Anthony jugea bon de ne pas s'entendre en monologue larmoyant.

— Le petit, poursuivit Anthony, c'est qui ? Je vais aller voir les parents...

Tino avala sa salive.

— C'est le petit dernier à Jason...

Anthony encaissa, Jason était l'un des fils de Tino, un grand gosse de vingt-six ans qui avait déjà pas mal de bagarre à son actif, et, accessoirement, trois enfants.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant