Chapitre 57

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Alors que Guillaume somnolait sur l'un des transat de la terrasse, Laura prit son portable pour prendre des nouvelles de Jade. Elle avait suivi Matteo à Naples une semaine auparavant, jouant les stars sur le siège passager de la Ferrari. Malgré les appels de Karl qui la réclamait au journal, elle n'avait pas l'air décidée à rentrer.

La jolie brune apparut sur l'écran du téléphone de Laura. Elle était en maillot de bain sur un transat, bronzée à souhait et lunettes de soleil griffées remontées sur le front.

— Hey, fit-elle joyeusement.

Laura secoua la tête en rigolant, Jade et Matteo, dix ans après, c'était plutôt surréaliste.

— Hey, alors Naples ?

— On est à Barano, répondit Jade.

— Barano ? répéta Laura qui n'avait aucune d'idée d'où c'était.

Jade pouffa et fit signe à Matteo de la rejoindre dans le champs de la caméra. Elle était paresseusement étendue sur un transat au bord de la piscine de l'immense énième résidence secondaire que Matteo venait d'acheter à Barano, sur l'île d'Ischia, à quelques encablures de Naples.

— C'est sur une île en face de Naples, répondit Jade alors qu'elle se poussait pour que Matteo puisse s'assoir à côté d'elle.

Laura hocha la tête. Elle aperçut Matteo, torse nu, musclé et bronzé, comme tout droit sorti d'un magazine sur les playboys de l'été.

— Salut Laura, fit-il en lui adressant un petit signe de la main.

Laura répondit en se disant que Jade ne s'emmerdait pas, après le mec bien gaulé et la Ferrari, la maison de vacances sur un île je ne sais où... Jade lui raconta par le menu ses journée piscine-plage-cocktails avant que Matteo ne lui dise.

— Bébé, il faut qu'on y aille.

Jade hocha la tête, puis expliqua à Laura avant même qu'elle ne demande de précisions.

— On va à la concession des yachts.

— Quoi ? s'exclama son amie.

Matteo pouffa, puis expliqua.

— Ouais faut que j'achète un yacht et ça me casse les couilles. On est allés hier déjà, mais le commercial laisse tomber un hmar de première. La vérité j'ai jamais vu ça.

Laura se mordit l'intérieur des joues pour éviter d'éclater de rire face au discours de Matteo. Il lui rappelait quelqu'un qu'elle aimait bien.

— Bon on y va ? fit Matteo à Jade.

Jade hocha la tête, Laura elle ne pu s'empêcher de sourire en voyant Matteo tripoter négligemment le bracelet de sa Rolex. Le même geste, exactement, qu'elle avait observé Adam depuis le lycée. Jade et Laura raccrochèrent après s'être promis de se rappeler très vite. Guillaume émergea de son demi-sommeil et jeta un regard embrumé à Laura.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Rien, fit Laura en souriant, enfin Matteo doit acheter un yacht pour sa maison de vacances à Barano.

— Barano ? répéta Guillaume en se frottant les yeux derrières ses Ray-Ban.

Laura pouffa et le rejoignis sur son transat. Il la prit dans ses bras et demanda.

— Toi aussi tu veux une maison de vacances à Barano ?

— Et un yacht, et un bel italien musclé avec une Rolex au poignet et une Ferrari ? ajouta Laura.

Guillaume eut un éclat de rire mais il se dit intérieurement que là, il ne faisait pas le poids.

— Si tu savais comme j'en ai rien à foutre de tout ça, lança Laura avant de l'embrasser.

Guillaume sourit, caressant négligemment les longs cheveux bonds de Laura.

— D'ailleurs niveau muscles t'as rien à lui envier, dit-elle en passant la main sur son torse, en plus il fait trop le beau Matteo, mais avant de rencontrer Adam il était rien.

Guillaume hocha la tête bien qu'il ne connaisse pas toute l'histoire, il ignorait par exemple que Matteo avait couché avec Laura, elle ne lui avait parlé que d'Ibrahim.

***

Ibrahim, qui avait été mis en examen pour assassinat et association de malfaiteurs, entre autres chefs d'accusation concernant ses divers trafics Marseillais et avait écopé de trente ans de prison ferme avec une peine de sureté de quinze ans. Anthony en tant que commanditaire avait été condamné pour association de malfaiteur et complicité d'assassinat à vingt-cinq ans de prison ferme avec une peine de sureté de dix ans. Les jurés ayant estimé qu'il y avait préméditation dans le sens ou asperger d'essences des caravanes où dormaient des familles et y mettre le feu ne pouvait finir autrement que par un drame.

A la très attendue question de pourquoi il avait commandité cet incendie criminel, Anthony ne donna aucune réponse, les jurés n'eurent donc que l'hypothèse de la partie civile : créer de l'agitation pour destituer Marietti et obtenir la Marie. L'avocat des familles des victimes alla même jusqu'à comparer cet acte à l'incendie du Reichtag par les Nazis en 1933. « Où allons-nous, avait-il lancé à un Anthony Lefevre muet dans le box des accusés, si les prétendus antifascistes empruntent les méthodes des pires barbares de l'histoire ? » Ça avait fait mouche et Anthony ne s'était même pas défendu. A quoi bon ? Il était fini et il le savait. Ce n'était pas demain la veille qu'il poserait ses fesses sur le fauteuil de maire ni qu'il galocherait Jade à la sortie du Cuba Libre.

Ibrahim avait été incarcéré aux Baumettes, à Marseille. Anthony, lui avait finit dans une sordide cellule du centre pénitentiaire de Toulon. Neuf mètres carrés pour trois et rien d'autre à faire de ses journées que de maudire Adam, les sionistes et le patronat. Il avait tout perdu, jamais plus il ne serait crédible en politique, jamais plus il ne pourrait regarder en face ni sa mère, ni Jennifer. Elles lui avaient toutes les deux tournées le dos, l'une avait honte, l'autre était déçue, et il ne restait à Anthony que ses yeux pour pleurer.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant