Alors que le pasteur faisait son sermon, le regard d'Adam se perdu parmi les nombreuses personnes présentes. Beaucoup de Gitans, en larmes, des politiques, des journalistes et une foule d'anonymes venus rendre un dernier hommage à ce petit garçon, victime au yeux de tous d'un crime raciste.
Raciste, ce mot était sur toutes les lèvres. C'était tout juste si on ne croyait pas le régime de Vichy réssucité, se dit Adam. Au fond, c'était le but de cet incendie, faire croire à un acte raciste, accuser la droite de tous les maux de l'humanité, forcer Marietti à démissionner et que les Affranchis accèdent au pouvoir. Le pire, songea Adam, c'est que ça pourrait fonctionner, surtout si quelqu'un racontait qu'il avait eut des mots avec les Gitans le dimanche précédent.
Devant cette foule éplorée, Adam se sentait coupable d'avoir joué malgré lui les oiseaux de mauvaises augures avec ses paroles malheureuses. Une famille avait perdu un enfant, la pire des tragédie qui puisse arriver, se dit Adam en jetant comme tout le monde une rose blanche dans la tombe. Il lut machinalement le nom gravé sur le cercueil, Adam. Il sentit une boule d'angoisse s'installer dans sa gorge, il n'était pas au courant que ce bébé portait le même prénom que lui.
Guillaume remarqua le malaise d'Adam et l'interrogea du regard.
— T'as vu le nom du gosse ? demanda Adam à mi voix.
Guillaume secoua la tête, il n'y avait pas prêté attention. Il détestait les cimetières et les enterements, ça l'angoissait.
— Il s'appelle Adam.
Guillaume réfléchit un instant avant de déclarer.
— C'est une sacrée coïncidence tu ne trouves pas ?
Adam hocha la tête, il avait bien compris ce que voulait dire Guillaume sans pouvoir en parler ouvertement. « C'est une sacrée coïncidence que l'incendie provoqué par le mec qui ne peut pas te voir en peinture ait tué quelqu'un qui s'appelle comme toi ».
Alors qu'ils quittaient le cimetière une fois la cérémonie terminée, Adam aperçut Anthony qui se dirigeait vers sa Twingo. Il passa à quelques mètres d'Adam, sans lui adresser un regard.
— Sale histoire, Anthony, lança Adam.
Adam remarqua qu'il semblait préoccupé. Il tripotait nerveusement son portable, un modèle bon marché, et se retourna. Son regard se fit plus dur quand il aperçut Adam.
— On sait tous à cause de qui, répliqua Anthony.
Adam hocha la tête, tentant de ne pas afficher un sourire cynique de circonstance.
— Ne vous étonnez pas s'il vous arrive des bricoles, à squatter le terrain de rugby, lança Anthony.
Adam se figea quelques secondes, assez longtemps pour permettre à Anthony de déceler son trouble. Il lui adressa un sourire sadique et reparti vers sa voiture. Adam, lui, se mordait nerveusement la lèvre. Qu'est-ce qu'il lui avait pris de vouloir faire le beau devant Anthony ? Il allait tout faire foirer et Marietti et sa liste allaient se retrouver expulser de la mairie à coup de pied au cul.
Adam eut un énorme doute, est-ce que son raisonnement se tenait, au fond ? Est-ce que sous prétexte qu'Anthony et Ibrahim étaient potes au lycée, cela voulait forcément dire qu'Anthony était le commanditaire ? Et si ça n'avait rien à voir avec la politique, si c'était une mise en garde du Milieu vis-à-vis de ce groupe de gitans. Ils étaient connus pour tremper dans pas mal de trafics. Ça pouvait être une histoire de fric, d'impayé ou n'importe quel désaccord entre malfrats. A y réfléchir à deux fois, ça se tenait plus qu'Anthony, demandant à son pote de lycée d'aller mettre le feu a un camp gitan pour détrôner le maire de la ville et s'emparer de la mairie.
***
— Matteo Matteo Matteo.
Il se retourna. Après le piquenique, ils se promenaient joyeusement dans la ferme à la découverte des animaux.
— Mates mates, fit Idan en se retenant tant bien que mal de rire, il y a ton ex là-bas.
— Hein ? s'exclama Matteo en regardant tout autour de lui, laquelle ?
— Il y en a tellement, commenta Ruben.
Idan lui désigna un gros cochon rose qui déambulait paisiblement dans son enclos.
— C'est Peggy la cochonne, fit-il hilare.
Matteo explosa à son tour de rire.
— T'en sais rien, lança Ruben, c'est peut-être Peppa Pig.
— En tout cas c'est pas casher, commenta Idan entre deux éclats de rire.
— Je baise pas casher moi, fit Matteo
Ruben pouffa alors qu'Idan demanda à Matteo.
— T'es jamais sortie avec une Juive ?
— Ah non, s'exclama vivement Matteo, les Juives j'y touche pas.
— Pourquoi ? demanda Idan.
— J'ai trop de respect pour ton peuple, répondit Matteo, et en plus quand tu me dis Juive je vois la mère de Ruben alors...
— Et tu ne veux pas baiser la mère de Ruben ? lança Idan.
Matteo rit, alors que Ruben ne semblait pas du tout apprécier la remarque.
— T'es fada toi, fit vivement Ruben, comment tu parles de ma mère.
Idan haussa les épaules.
— Va baiser la sienne plutôt, lança Ruben à Matteo.
— Pourquoi la mienne ? retorqua Idan, il a dit je pense à la mère de Ruben, je m'appelle pas Ruben.
Ruben allait répondre mais Matteo ne lui en laissa pas le temps.
— Pas de violence c'est les vacances.
Ruben et Idan se regardèrent, Idan pouffa alors que Ruben levait les yeux aux ciel.
— Vous avez fini avec les répliques de Brice de Nice la !
— Faux ! Faux ! Complètement faux ! J'ai envie de te dire menteur ! répliqua Idan avec un clin d'œil.
Ruben soupira devant les références cinématographiques plus que douteuses de ses amis.
— Allez cours devant la fripouille, soupira-t-il.
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La Race du Pouvoir [TERMINÉ]
General Fiction*Ceci est la suite de mon premier roman "Tu feras pleurer les plus belles filles".* Vous avez aimé Tu feras pleurer les plus belles filles ? Retrouvez Adam, Ruben, Idan et Matteo dans "La Race du Pouvoir" Le temps a passé, ils ont désormais trente a...