Chapitre 36

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« Sept milles balles, Antho, je ne fais pas crédit. »

Anthony eut envie de balancer son portable contre le mur de la salle de réunion du QG des Affranchis, mais ce n'était pas le moment qu'il doive racheter un téléphone, il avait sept mille euros à trouver et vite. Ibrahim allait lui mettre la pression, ce texto n'était qu'une première étape et Anthony ignorait jusqu'où il était capable d'aller. Loin probablement et Anthony n'avait aucune envie de se faire casser le bras par les sbires de son ancien pote de lycée.

Anthony attendait Olympe dans la salle de réunion du QG des Affranchis, elle était en retard et ça le rendait encore plus nerveux. Comment allait-il faire pour trouver sept mille euros ? Il n'avait presque pas d'économies, il avait investi énormément d'argent pour crée son rassemblement politique et financer la campagne électorale pour les municipales de l'année précédente.

— Quand même, fit Anthony quand Olympe pénétra dans la salle de réunion.

Olympe eut un geste agacée.

— Pourquoi tu m'as demandée de venir en panique comme ca ? J'était occupée ! Je ne vais pas accourir à chaque fois que tu me siffle Antho !

Il soupira, il n'était pas d'humeur à se faire remonter les bretelles.

— On est dans la merde, Olympe.

Olympe posa son derrière rebondit sur une chaise et soupira à son tour.

— Qu'est-ce qui se passe ?

— Ibrahim veut plus.

— Plus de fric ? demanda Olympe.

Anthony soupira, quelle question conne se dit-il.

— Oui de fric, pas une nuit avec toi !

Olympe ne le pris pas vraiment bien mais elle ne releva pas.

— Il veut combien ?

— Sept mille de plus... répondit Anthony.

Olympe resta un instant la bouche ouverte, stupéfaite.

— Il est sérieux ? s'exclama-t-elle finalement, dix milles balles pour trois bidons d'essences et un paquet d'allumettes ?

Anthony hocha la tete.

— Je les ai pas, et je commence à avoir peur de ce qu'il pourrait faire pour les avoir.

Olympe le fixa sans répondre.

— Faut qu'on trouve ce fric, continua-t-il, le plus vite possible.

— Je ne l'ai pas si c'est ça la question, fit Olympe, je ne peux pas mettre plus que l'argent que je t'ai déjà passé.

Anthony hocha la tete. Il se laissa aller en arrière sur sa chaise.

— Mais on a qu'à faire une collecte pour les gitans, il y aura sûrement plus que sept mille euros, proposa Olympe.

Anthony approuva, c'était loin d'être une mauvaise idée. C'était aussi loin d'être morale et éthique, mais au point où ils en étaient... La fin justifie les moyens et puis, se dit Anthony, une fois au pouvoir, ils pourraient faire des choses fortes et concrètes pour les prolétaires et les déshérités. Qu'est ce qu'une petite manœuvre quelque peu discutable à côté de tout ce qu'ils feraient une fois au pouvoir.

Anthony avait créé un Go Fund Me « Justice pour les Gitans ». Ça sonnait bien, c'était accrocheur, il espérait qu'en un jour ou deux il réunirait la somme demandée par Ibrahim. Il partagea sa levée de fond sur Facebook, Olympe en avait fait de même. Il se dit qu'elle avait vraiment eu une bonne idée.

***

Anthony quitta le QG des Affranchis, il se rendait aux obsèques de l'enfant gitan mort dans l'incendie. La foule était dense, au cimetière. Gitans, politiques et anonymes se pressaient pour rendre un dernier hommage à ce bébé qui avait péri dans les flammes.

Il grimaça légèrement en voyant l'équipe de Marietti au grand complet qui échangeait des poignées de main avec la communauté endeuillée. Il y avait également des journalistes, Anthony salua deux reporters du journal communiste local avant de se demander si Jade était là. Il sourit malgré lui à cette idee, mais il ne la croisa pas. Il reconnut par contre un vieux brisquart de la Gazette d'Azur, grand ami de Marietti.

Le portable d'Anthony vibra, Ibrahim. Il se mordit la lèvre en se demandant s'il devait ou non décrocher. Il refusa l'appelle et la cérémonie commença. Le regard d'Anthony parcourru l'assemblée, Tino, le chef du groupe, essuyait les nombreuses larmes qui dévallaient ses joues, ils pleuraient tous réalisa-t-il.

Anthony ne se sentait pas le moins du monde responsable du malheur de tous ces gens, du désespoir de cette mère qui ne pourrait plus jamais serrer son bébé dans ses bras, de la tristesse de ce père qui ne pourrait jamais apprendre à son fils à jouer au foot. C'était un accident, se disait Anthony, il n'était pas censé y avoir de victime. S'il y avait un responsable, c'était Ibrahim, pas lui.

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant