Chapitre 25

146 11 5
                                    

— Comment ça va avec Laura ? demanda Adam.

Guillaume lui adressa un sourire radieux. Il nageait dans le bonheur avec Laura depuis leur rencontre, l'année précédente quand elle avait écrit un article sur l'équipe locale de rugby qu'il entrainait. Il avait ensuite invité la jolie journaliste à prendre un verre, un soir, à l'Estaque et ils avaient décidé qu'ils se plaisaient bien.

— J'espère que t'es gentil avec elle, continua Adam, Laura c'est une fille bien.

Guillaume hocha la tête, il le savait bien. Ce mercredi matin, ils prenaient un café tous les deux dans le bureau d'Adam. Le téléphone sonna.

— Allô ? fit Adam en décrochant.

— Monsieur Benassya ? Est-ce que le maire est là ?

C'était Sandrine, l'une des réceptionnistes de la mairie.

— Je ne crois pas, répondit Adam, il doit être en rendez-vous.

— J'arrive pas à joindre sa secrétaire, se plaint Sandrine.

— Elle est en arrêt maladie, répondit Adam.

Guillaume explosa de rire, tout le monde, dans le cabinet du maire, savait ce que cela signifiait quand Marietti et Géraldine étaient absents en même temps.

— Il y a un problème à l'Etat Civil, vous pouvez y aller ? lui demanda Sandrine.

Adam répondit par l'affirmative et raccrocha. Il se tourna vers Guillaume qui terminait son café.

— Un problème à l'état civil, je dois y aller.

Guillaume suivit Adam jusqu'à l'ascenseur et ils descendirent dans les locaux de l'Etat Civile. Ils trouvèrent Roselyne Caverra, l'une des officiers d'état civil, en grande conversation avec une femme aux cheveux courts teints en bleu et au look de camionneuse trash.

— Qu'est-ce que ce qui se passe, Roselyne ? demanda Adam.

Il la connaissait pour avoir préparé plusieurs mariages avec elle, dont celui de Lola.

— Occupez-vous de cette... personne, Monsieur Benassya, dit-elle en désignant la femme au cheveux bleus, parce que moi hein...

Elle se leva de son bureau et entra dans la salle de pause des employés de l'état civil. Guillaume et Adam se regardèrent, Roselyne n'était pas du genre à faire des scènes, loin de là. Adam s'installa au bureau qu'elle venait de libérer et adressa un sourire commerciale à la personne en face de lui.

— Madame ?

— Monsieur, hurla-t-elle, c'est monsieur.

Guillaume se retint tant bien que mal de rire. Adam encaissa sans se démettre de son sourire, il considéra un instant le torse dodu mais dépourvu de poitrine en face de lui et continua.

— Monsieur, donc, qu'est-ce que je peux faire pour vous ?

— Je viens déclarer la naissance de mon enfant, lança l'autre.

— D'accord, fit Adam.

Il baissa les yeux vers l'écran d'ordinateur en face de lui, le logiciel de l'Etat Civil était déjà ouvert à la page d'enregistrement des naissances. Roselyne avait déjà rempli les champs concernant la mère.

— Chrystelle Leroux a accouché hier, fit Adam en prenant connaissance des informations qui figuraient sur l'écran, ok, donc le nom du père ?

— C'est moi, fit l'autre.

— Vous avez une pièce d'identité ? demanda Adam.

La personne en face de lui désigna l'une des deux cartes d'identité posée sur le bureau. Elle était au nom de Lucie Camille Legrand et la photo montrait une photo d'une jeune fille aux cheveux longs. Il regarda la photo, puis la personne en face de lui, puis a nouveau la photo, avant de déclarer.

— Je suis désolé, Madame, mais...

— Monsieur, hurla l'autre.

Adam avala sa salive.

— C'est votre carte d'identité ? demanda-t-il.

— Oui.

— Bon, bah il y a écrit sexe féminin, vous ne pouvez pas déclarer cet enfant comme étant le vôtre, l'informa Adam.

Un éclaire de fureur passa dans les yeux de son interlocuteur.

— Ah bon ? Et pourquoi ça ?

Adam secoua un instant la tête, se demandant s'il devait ou non faire un cours de reproduction humaine accélérée a son interlocuteur.

— C'est comme ça, répondit finalement Adam, donc il y a un père ou pas ?

— C'est moi, cria l'autre, vous êtes bouché ?

Adam du faire un effort pour rester diplomate. Guillaume, un peu en retrait, se retenait tant bien que mal de pouffer.

— Bon, fit Adam, il n'y a pas de père, d'accord.

L'autre allait protester mais Adam déclara.

— D'après la procédure, si vous voulez être reconnu comme tuteur légal de cet enfant il faut faire des démarches pour l'adopter, je ne peux pas mieux faire, là, mad, euh, citoyen.

Guillaume ne put se retenir de rire. L'autre adressa un regard assassin à Adam mais ne commenta pas.

— Bon, il s'appelle comment cet enfant ?

— Liberté.

Adam ouvrit des yeux ronds, puis il se rappela la tête de l'officier d'état civil quand il était venu déclarer la naissance de son fils ainé, Salomon.

— C'est un garçon ou une fille ? demanda à nouveau Adam.

— Non binaire.

— Pardon ? s'exclama Adam.

Guillaume était oblige de se mordre l'intérieur de la bouche pour ne pas exploser de rire tant la scène face à lui était surréaliste.

— Non binaire, hurla Legrand, vous êtes sourd ?

— J'ai pas, répondit Adam, j'ai féminin ou masculin, il est où le certificat ?

Il attrapa un papier pose sur le bureau et s'aperçut que le sexe avait été raturé.

— Pourquoi c'est barré ? demanda-t-il.

— Parce que notre enfant est non binaire, hurla Legrand.

Adam prit une grande inspiration devant les yeux injecte de sang de son interlocuteur qui semblait de plus en plus énervé.

— Ecoutez, mad... euh, écoutez je peux pas mettre non binaire, donc c'est un garçon ou c'est une fille ?

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant