Chapitre 60

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Quand Elisheva rentra d'un rendez-vous à l'université, la maison était vide à l'exception d'Adam et de deux sacs de voyage dans l'entrée.

— Ils sont où, les enfants ? demanda-t-elle à son mari.

Adam lui sourit et s'approcha d'elle.

— Chez mes parents, fit-il, j'ai une surprise pour toi.

Elisheva le considéra, il lui avait déjà offert son cadeau d'anniversaire au réveil ce matin-là. Adam empoigna les deux sacs de voyage et descendit dans le garage où il déverrouilla non pas sa Porsche Cayenne mais sa Ferrari Portofino.

— C'est la fête ? demanda Elisheva en riant.

— La vie est une fête, répondit Adam en s'installant au volant.

Elisheva pouffa et s'installa à côté de son mari. Par cette belle journée de fin juin, il décapota la voiture et s'engagea sur l'autoroute en direction de Monaco. Elle se dit qu'ils allaient surement passer l'après-midi et la soirée à Monte Carlo, ou à Menton où Elisheva avait étudié à Sciences Po. Elle se souvenait qu'Adam faisait deux heures de route presque tous les soirs pour passer la nuit avec elle bien qu'il doive conduire à nouveau deux heures le lendemain matin pour aller travailler avec son père.

Elisheva finit par s'endormir, bercée par le bruit du moteur. Adam lui conduisait, le sourire au lèvres. Et si voyager dans le temps était aussi simple que de conduire une Ferrari ?

Quand Elisheva ouvrit les yeux, la lumière lui indiqua que le soleil devait être bas dans le ciel du soir. Il faisait doux et l'air avait un parfum d'été. La Ferrari était garée sur un placette ombragée et Adam la regardait en souriant.

— On est où Adam ? demanda-t-elle alors que le paysage lui semblait vaguement familier.

— Tu reconnais pas ? fit-il.

Elisheva fouilla dans ses souvenirs... Non, ce n'était pas possible. Et pourtant, le même jour, la même voiture, le même décors qu'onze ans plus tôt.

— Le village des grands-parents de Matteo, finit par dire Elisheva.

Adam hocha la tête et remis le moteur en marche pour aller se garer à quelques mètres de là devant une imposante maison peinte en jaune pastel, comme si rien n'avait changé.

— Et les enfants ? s'inquiéta subitement Elisheva.

Adam eut un petit rire, il avait téléphoné à sa mère sur la route, Salomon et Seth avaient passé la journée à se baffrer de glaces à la plage et ce soir ils allaient à la fête foraine.

— Quels enfants ? fit Adam en riant, on vient de passer le bac on n'a pas d'enfant.

Elisheva le considéra et éclata de rire. Visiblement, Adam lui offrait un retour dans le temps pour son anniversaire. Adam sortit de la voiture et elle l'imita. Il ouvrit le portail et ils pénétrèrent dans une cour ombragée où régnait un délicieux parfum de jasmin. Adam allait entrer dans la maison mais Elisheva le retint par le bras.

— Frappe, on rentre pas chez les gens comme ça !

Adam sourit, naturellement Elisheva n'avait aucune idée qu'Adam avait acheté la maison des grands-parents de Matteo, en vente depuis le décès de sa grand-mère trois ans plus tôt.

— C'est chez nous, fit-il avec un petit sourire.

Elisheva le dévisagea. Elle se demanda depuis quand Adam avait prévu cette surprise.

— T'as loué la maison ? demanda-t-elle.

Adam laissa échapper un petit rire avant de répondre.

— Je l'ai acheté.

Elle resta sans voix alors qu'il pénétrait dans la maison. Il avait acheté les meubles en même temps que la propriété et rien n'avait changé depuis la dernière fois où ils étaient venus. Ils visitèrent la maison et Adam choisi de s'installer dans la chambre de maître au premier étage dont la salle de bain disposait d'une immense baignoire à l'ancienne. Elisheva regardait tout ça avec détachement, comme si cela ne lui appartenait pas vraiment. Ca faisait maintenant des années qu'elle été mariée avec Adam mais elle n'arrivait toujours pas à se faire à sa façon de vivre, comme si il suffisait de regarder quelque chose pour qu'il soit immédiatement à soi, comme si tout était aussi simple qu'un claquement de doigts.

Ils allèrent diner dans le restaurant où, onze ans plus tôt, ils avaient déjeuné avec Matteo et les voisins de ses grands-parents. Les pizzas étaient toujours aussi bonnes et Elisheva souriait.

— Tu te rappelles la première fois que je t'ai invitée au restaurant ? demanda-t-il.

— Oui, répondit Elisheva, c'était au Stella.

Adam hocha la tête. Il se souvenait de ce déjeuner dans les moindre détails.

— T'avais pris une quatre fromages et moi une saumon fumée.

Elisheva approuva puis regarda leurs pizzas.

— Rien n'a changé, lança-t-elle.

Adam pouffa, ils commandaient toujours les mêmes pizzas, onze ans plus tard.

— J'espère bien que rien a changé entre nous, lança-t-il.

Elisheva sourit, elle savait bien ce qu'il voulait dire. Depuis cette soirée où il avait lu ce texte qu'elle avait écrit, elle avait compris qu'Adam se sentait parfois rejeté mais il ne disait rien, comme si les sentiments d'Elisheva étaient plus importants que les siens.

Ils sortirent finalement du restaurant et regagnèrent leur maison. Adam avait passé son bras autour des épaules de son épouse et se sentait heureux, ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas passer une soirée seuls tous les deux. Une fois dans leur chambre Adam fit couler de l'eau chaude dans la baignoire. Elisheva sourit, ça faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas pris le temps de prendre un bain. Ils s'installèrent tous les deux dans la baignoire, l'un contre l'autre. La fenêtre sur le jardin était ouverte et les parfums de la nuit tiède venaient leur chatouiller les narines.

Elisheva voulut dire quelque chose mais Adam posa son index sur ses lèvres en un geste expressif. Il avait d'autres projets

La Race du Pouvoir [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant