Médium (en chantier depuis 2018)

Chapitre 27 : La gentillesse de Lavande

Quand ils arrivèrent enfin à destination, le jour se levait déjà.

Ils se trouvaient à la campagne, entouré de forêt et de champs agricoles. Maddie n'avait jamais vu de paysage aussi beau de toute sa vie. Elle avait grandi en ville et n'était jamais partie en vacances, même lors des sorties scolaires. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas voir le monde, du moins pas vraiment. Mais son père se faisait souvent du souci pour elle, surtout quand elle quittait la maison toute seule. Il avait peur qu'elle ait une vision et que personne ne l'écoute, qu'elle se retrouve isolée des autres parce qu'elle était différente.

Aujourd'hui c'était différent, elle était avec un ami qui était aussi différent qu'elle. Enfin, presque. Comme l'avait souligné Isidore, même dans le monde des médiums, Maddie était unique.

Devant eux se dressait une jolie petite maison de campagne. Le toit était recouvert de mousse et du lierre s'étendant avec paresse sur les murs de la façade. Une petite haie verdoyante entourait la maison et son joli jardin partagé en deux par un petit chemin menant à la maisonnette. D'un côté se trouvait une magnifique roseraie, et de l'autre un potager bien entretenu. On aurait presque dit une carte postale. Cet endroit était idyllique.

Maddie et Isidore se regardèrent. Chez qui avaient-ils été envoyés ? De mémoire, Isidore ne connaissait aucun médium habitant si loin à la campagne.

Les adolescents contournèrent la maison et trouvèrent un garage où ils cachèrent la moto. On n'était jamais trop prudent, Raymond pourrait très bien envoyer des larbins pour les retrouver.

Ils se postèrent ensuite à la porte d'entrée. Isidore regarda l'heure. Il était un peu moins de neuf heures du matin. Il se tourna vers Maddie, l'adolescente appuya sur le bouton de la sonnette. À leur grande surprise, aucun dring assommant ne vain. À la place, une jolie mélodie pleine de douceur retentit autour d'eux.

Quelques minutes plus tard, la porte s'ouvrit sur une vieille dame tout à fait charmante. Elle portait un peignoir fleurit, ses cheveux argentés étaient en bataille sur sa tête, ressemblant à un joyeux fouillis ou pendait encore des bigoudis. Son visage était rond, strié de profonde rides, sa peau claire faisait ressortir ses joues rosies et ses petits yeux bruns. Quand elle posa les yeux sur les deux jeunes devant elle, elle soupira de soulagement. Un doux sourire ébaucha ses lèvres, ses yeux luisaient.

- Comme je suis contente que vous soyez enfin là les enfants, souffla-t-elle. Entrez, entrez. Mon dieu, vous devez être épuisés après une nuit pareille.

Ils entrèrent. La vieille dame ferma la porte derrière eux avant de les conduire au petit salon.

- Venez, venez. Asseyez-vous, je vais préparer du thé.

Maddie et Isidore se laissèrent tomber sur le canapé moelleux du salon. La vieille dame courrait presque dans la cuisine juste à côté. Quelques instants à peine plus tard elle revenait avec un plateau qu'elle déposa avec soin sur la table basse devant eux. Elle déposa deux tasses devant les jeunes gens et piocha dans l'assiette à biscuit. Elle s'installa enfin dans le fauteuil d'en face et soupira.

- Franchement, ronchonna-t-elle, laisser deux enfants parcourir une telle distance seule en pleine nuit, ce Gianni, il va m'entendre la prochaine fois que je le verrai.

Maddie avait la tête qui tournait.

- Pardon, mais, qui êtes-vous ? demanda poliment Isidore.

La dame leva le nez et regarda Isidore. Elle posa sa tasse sur la table basse.

- Oh quelle sotte ! s'indigna-t-elle. Excusez-moi les enfants, je me faisais tellement de souci que je n'ai même pas pensé à faire les présentations. Je suis Lavande Pera, la tante de Gianni.