Médium (en chantier depuis 2018)

Chapitre 34 : Nuit sans sommeil

La nuit était calme. Trop calme.

Maddie était allongée dans son lit et regardait d'un air absent le plafond bleu pastel de la chambre. Dans l'obscurité, il lui semblait gris. Elle n'arrêtait pas de penser à la journée qui allait suivre. Qu'allait-il se passer ? Raymond serait-il vraiment là ? Essaierait-il de la tuer ? Et comment s'y prendrait-il ? Aurait-elle le temps de réagir ?

Elle soupira et s'assit dans son lit.

- Tu n'arrives pas à dormir toi non plus ? questionna Isidore en se tournant vers elle.

L'adolescente fit non de la tête. Elle releva les yeux et croisa le regard de son ami. Isidore avait vraiment des yeux magnifiques. Le bleu de ses iris semblait presque luire dans l'obscurité. Elle s'y perdit un instant.

Il se frotta alors les yeux et se releva sur les coudes, s'écartant un peu du bord. Il lui fit signe de venir. Maddie hésita, était-ce bien raisonnable ? Elle finit par se lever et se glissa dans le lit du jeune homme. Il se rallongea et la prit dans ses bras. Maddie ne savait pas trop quoi faire, c'était la première fois qu'elle était dans les bras d'un garçon. Mais son contact était si apaisant qu'elle se lova contre lui. Il lui caressa doucement les cheveux, elle avait l'impression d'être sur une autre planète.

- À quoi tu penses ?

Maddie hésita. Les mots de Galatée flottaient toujours dans son esprit.

- À Galatée, avoua-t-elle au bout d'un moment.

Silence.

- À ton avis, reprit-elle doucement, qu'est-ce qu'elle voulait dire ?

- À propos de quoi ?

- De nous, de notre avenir. Elle avait dit que nous serions comme eux.

Isidore se crispa et détourna les yeux. Maddie avait vraiment vécu dans une bulle pendant toute sa vie. Pour lui l'allusion ne pouvait pas être plus claire. Et ça l'énervait d'autant plus. Il trouvait presque insultant qu'un médium, quel qu'il soit, prédisse des siècles plus tôt les sentiments qu'il aurait et ce qu'il vivrait. Il aurait préféré apprendre à les découvrir petit à petit. Alors qu'à présent il en était sûr. Il n'arrivait plus à les masquer, les enterrer profondément, les refouler. Et ça le terrifiait.

Il se demandait à présent s'ils allaient refaire les mêmes erreurs que leurs ancêtres. Après tout, ils se ressemblaient tellement. Que ressentirait-il si Maddie venait à en choisir un autre que lui ? Serait-il aussi compréhensif que Nathaniel ? Il en doutait.

Maddie leva les yeux vers lui. Elle sentait ses doutes et son appréhension. Son esprit était comme un livre ouvert qu'il ne prenait même pas la peine de fermer. Elle pouvait lire chacune de ses pensées. Et sa réponse muette lui faisait étrangement mal.

Elle prit la main du garçon dans la sienne et entrelaça leurs doigts. Ses yeux se perdirent dans le vague un instant.

- Ensemble... murmura-t-elle pour elle-même.

Elle caressa le dos de la main d'Isidore avec son pouce. Son regard se posa sur les cicatrices qui barraient son poignet. Les images qu'elle avait vu dans le bureau de Jefferson lui revinrent à l'esprit.

- Faut-il encore qu'on réussisse à survivre, marmonna-t-elle. Les Défenseurs de l'Aube sont peut-être toujours en vie, mais Raymond ne me laissera pas vivre, je suis bien trop dangereuse pour lui.

Le silence retomba. Maddie se détacha finalement d'Isidore et sortit du lit. Il se releva.

- Je sors, annonça-t-elle en enfilant un gilet.