Médium (en chantier depuis 2018)

Chapitre 29 : Le secret du pendentif

Maddie se trouvait assise sur un banc au milieu de la serre de Lavande. Le journal de Nathaniel Davenport entre les mains, elle réfléchissait.

L'adolescente se demandait comment venir en aide aux personnes du Centre, si tant est qu'ils furent toujours en vies, quelque part, comme l'affirmait Isidore. Mais elle ne pouvait s'empêcher de se poser des questions. Son ami avait beau dire que leur mort ne serait pas passée inaperçue dans le monde des fantômes, ils auraient aussi bien pu ne pas faire de vague pour tromper Raymond. Après tout, il était un grand médium lui aussi, il devait donc voir les fantômes, peut-être même que, comme Isidore, il avait accès à cette mémoire collective dont il avait parlé. Si les fantômes de Jefferson ou Gianni étaient venus les voir pour les prévenir, Raymond n'aurait eu qu'à les suivre pour découvrir où ils se cachaient. Dans ce cas-là, il aurait découvert Lavande et l'aurait sûrement tué. Peut-être même qu'au fond il savait déjà où elle se trouvait. Après tout, s'il n'avait pas de spécialité comme elle – et il l'avait déjà prouvé – il n'aurait qu'à lire dans les pensées des gens du Centre. Pire, il n'aurait eu qu'à plonger dans l'esprit de Maddie pour voir où elle se trouver et l'intercepter. Mais alors, pourquoi ne pas venir à elle ? Attendait-il quelque chose de sa part ? Attendait-il qu'elle vienne à lui ? Mais au fond, qu'attendait-il vraiment d'elle ? Un si grand médium aurait pu la tuer dans son sommeil depuis longtemps. Il n'aurait pas eu besoin de faire exploser le Centre ni de provoquer un accident de voiture pour se débarrasser d'elle. Bloquer, manipuler son esprit aurait suffi. Et il avait déjà prouvé qu'il savait très bien s'y prendre pour infiltrer la tête d'autrui en parasitant le rêve de la jeune fille. Alors quoi ?

Maddie serra plus fort le journal entre ses mains. Sa tête lui tournait. Tant de questions et si peu de réponses, elle n'en pouvait plus et se massa les tempes. La seule pensée que Raymond puisse tuer Lavande la rendait folle. Elle était innocente, elle n'avait fait que les accueillir.

D'un autre côté, les Défenseurs de l'Aube avaient peut-être prévu que cela pourrait arriver. Peut-être étaient-ils préparés. C'était possible. Quand l'alarme avait retentit dans tout le Centre, les jeunes avaient très vite été évacués. Après tout, elle ne les connaissait pas depuis très longtemps. Et puis ils devaient forcément compter des médiums spécialisés dans les visions et les prémonitions dans leurs rangs. Avec un peu de chance l'un d'eux avait averti tous les autres et tout le monde avait pu fuir avant l'explosion.

Ou du moins, elle l'espérait.

Du mouvement à sa droite attira l'attention de la jeune fille. Elle croisa alors le regard d'un vieillard au doux sourire. Les mains dans le dos, son dos était légèrement voûté. Il avait des yeux billant de gentillesse, ses traits lui faisaient penser à ceux de Gianni.

Juste à côté, un peu en retrait, Maddie reconnu le visage au sourire apaisant de son gardien.

Quand elle reposa son regard sur le fantôme, celui-ci se détourna et disparut juste après avoir traversé les vitres de la serre. Maddie se releva et sortit de l'espace fleurie. Elle chercha du regard le vieil homme et le retrouva finalement juste devant la maison. L'adolescente avait la sensation qu'elle devait le suivre et se dirigea d'un pas rapide dans l'entrée juste au moment où il disparaissait de nouveau. De toute évidence, il cherchait à la conduire quelque part. Elle se demandait toutefois s'il s'agissait de Léandro, le mari de Lavande, ou d'une autre personne ayant vécu ici il y a des années.

Une fois dans la maison, elle le retrouva devant le couloir menant aux chambres. Il attendit qu'elle le rejoigne et se dirigea vers le bureau de Léandro. Là, il traversa la porte et Maddie posa une main sur la poignée, hésitant à peine avant de pousser la porte et d'entrer. Le spectre se posta alors devant l'immense bibliothèque qui couvrait un pan de mur entier. Il pointa du doigt l'un des livres. Curieuse, la jeune fille s'en approcha et tenta de prendre le volume. Celui-ci s'abaissa sans quitter sa place. Un déclic se fit entendre et une partie de la bibliothèque s'ouvrit.

Classique, mais efficace, pensa-t-elle en découvrant un bureau caché derrière le mur.

L'adolescente entra, suivit du fantôme et la porte se referma aussitôt. Maddie cru, un instant, qu'elle se trouvait dans le bureau de Nathaniel. Il y avait plein de livre un peu partout et des papiers étaient éparpillés dans toute la pièce. La seule chose qui différait, c'était ce vieil ordinateur couvert de poussière dans un coin et les lampes électriques.

Isidore se trouvait là, assit à califourchon sur un siège devant le bureau. Son attention était toujours plantée dans la radio qu'il persistait à bidouiller.

Maddie ne comprenait pas. Elle regarda autour d'elle.

– Les médiums aiment tant que ça les bureaux secrets ? questionna-t-elle.

– Disons plutôt qu'il m'était plus simple de travailler ainsi, sourit le vieillard fantomatique. Je ne pouvais pas risquer que mon épouse tombe sur certains documents.

L'adolescente se tourna vers le fantôme. Isidore se retourna et poussa son siège, traversant la pièce jusqu'à une autre table où il attrapa un outil avant de revenir au bureau.

– Je te présente Léandro, fit l'adolescent d'un signe vague de la main, mari de Lavande et oncle de Gianni.

– Ravi de vous rencontrer, s'inclina le vieil homme en souriant.

– De même, sourit Maddie mal à l'aise.

Jimmy flottait juste au-dessus de la jeune fille, les mains derrière la tête.

– Cet homme est un génie, commença-t-il, il a fait plein de recherches sur la prophétie des héritiers de Galatée.

– Exact, approuva le vieil homme. J'avais déjà rencontré Nathaniel dans un rêve. Nous avons communiqué de cette manière pendant un moment. Il m'a aidé à comprendre certaines choses. Ce fut très instructif !

Isidore lâcha enfin sa radio en morceau et fit rouler son siège jusqu'à Maddie.

– Tu te souviens du pendentif que Calice t'a donné avant de partir ? Selon Léandro, Galatée et Nathaniel auraient caché un indice à l'intérieur.

– Un indice de quoi ?

– De ce qui s'est réellement dit lors de l'annonce de la prophétie, expliqua Léandro. Beaucoup de rumeurs se sont propagée à ce sujet. Aujourd'hui encore, personne ne sait avec certitude qui sont ces héritiers, enfin jusqu'à ce que le Centre entende parler de toi Maddie. Mais avant toi, de nombreux médiums se sont posé des questions. Nous savions tous que deux héritiers d'un puissant médium se ferait la guerre, mais Galatée n'avait eu qu'une fille et personne ne savait ce qui était arrivé à la dernière génération. Le garçon perdu des Cleveland semblait mort et aucun médium sans spécialité ne s'était manifesté jusque-là. De plus c'est Galatée qui a prédit cette bataille, mais on pense qu'elle et Nathaniel n'ont pas tout dis. Ces deux-là étaient très amis depuis l'enfance et veillaient l'un sur l'autre, mais ils ne faisaient pas confiance facilement et ont emporté leurs secrets dans la tombe. Rares sont ceux qui ont un jour aperçut leur fantôme.

Isidore se tourna vers Maddie. Elle tenait entre ses mains le pendentif doré que sa mère lui avait donné.

– Tu ne vois pas un moyen de l'ouvrir ?

La jeune fille tritura le pendentif nerveusement. Elle l'avait déjà tourné et retourné dans tous les sens plusieurs fois, mais jamais rien ne s'était produit. Elle le retourna avec attention, examinant chaque détaille de l'ouvrage. Ce pendentif était vraiment magnifique...

L'adolescente allait abandonner quand elle sentit un mécanisme bouger à l'intérieur. Un petit clic se fit entendre et le médaillon s'ouvrit entre ses mains. Elle n'en revenait pas.

Isidore se releva et se pencha pour voir, vite imité par les deux fantômes. Quelques lignes avaient été gravées dans le métal :

Le temps s'envole

~ La fleure éclot dans l'ombre ~

Et le gardien veille

– C'est un haïku, fit remarquer Maddie.

– Non, regarde il y a une faute. Le dernier vers fait six syllabes au lieu de cinq.

Isidore effleura dubout du doigt la dernière syllabe du poème et tout bascula autour d'eux.