Chapitre 22 : Confidences

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Isidore hésitait.

Il se tenait juste devant la porte de la chambre de Maddie, la main suspendue au-dessus de la poignée. Il ne savait pas quoi faire. Elle était une nouvelle amie particulière pour lui et l'adolescent ne voulait pas faire de bêtise. Qu'était-il sensé dire ou faire pour l'aider dans un moment pareil ? Il ne pouvait tout de même pas rester planté devant sa porte indéfiniment, il fallait qu'il fasse quelque chose.

Après un profond soupire, il respira à fond et se lança, toquant trois coups à la porte. Il n'attendit pas la réponse et ouvrit. Quand il jeta un coup d'œil à l'intérieur, il vit Jimmy étalé sur le lit et fixant un coin de la chambre. En suivant son regard, l'adolescent découvrit Maddie prostrée, recroquevillée dans un coin de la pièce. Elle serrait contre sa poitrine un bloc à dessin, son regard perdu dans le vide.

Il entra et referma la porte doucement derrière lui. Jimmy le regarda, il semblait de plus en plus inquiet pour la jeune fille.

L'adolescent s'accroupit devant son amie, elle ne semblait même pas le voir.

- Maddie, lève-toi s'il te plait.

Elle ne réagit pas. Il soupira.

- Maddie, tu ne peux pas rester comme ça, lève-toi.

Elle leva vivement la tête vers lui, plongeant son regard sombre celui du garçon. L'espace d'un instant, il cru qu'on lui avait broyé la poitrine. L'adolescent ne supportait vraiment pas de la voir comme ça.

- Tu crois que j'ai raison de lui en vouloir ? demanda-t-elle soudain.

Isidore se frotta la nuque. Il finit par se laisser tomber devant elle et s'adossa au lit.

- Honnêtement ? J'en sais rien, avoua-t-il.

Elle releva les yeux sur lui. Ce qu'il y vit lui brisa le cœur. Il ne la connaissait pas depuis très longtemps, mais il l'avait vu souriante et en colère, alors que là, elle était juste... éteinte. Son regard ne laissait rien paraître d'autre qu'une profonde tristesse. Ses yeux couleur de glace autrefois habité d'une étincelle de malice et de sarcasme semblait à présent délavé, gris, terne. Ce regard n'était pas celui d'une jeune fille aussi vive que la Maddie qu'il avait pu découvrir. C'était le regard d'une enfant brisé. Le même regard qu'il avait longtemps arboré dans son enfance.

Isidore en vint à se demander si, avant leur rencontre, elle avait toujours été ainsi.

- Mais tu sais, continua le garçon après un silence, ce n'est pas en ruminant que ça va s'arranger.

- Est-ce que le chagrin finit par s'en aller ?

Il baissa les yeux. Tant de souvenir lui revenaient en mémoire, il aurait préféré les garder enfouit profondément dans sa mémoire. Un sourire triste étira ses lèvres.

- Non, on apprend juste à vivre avec.

Le silence plana sur leur tête un instant. Isidore réfléchissait à ce qui pourrait apaiser la tristesse de son amie. Il avait beaucoup de peine à communiquer avec les autres. C'était le prix à payer quand on était un enfant solitaire.

Il soupira.

- Mes parents, commença-t-il les yeux dans le vague, m'ont aussi abandonné, d'une certaine manière.

Maddie regarda Isidore un moment. Il n'était pas obligé de parler de ses parents. Elle trouvait très gentil qu'il essaie de la soulager de son chagrin.

- Ils sont morts dans un accident de voiture il y a neuf ans, expliqua-t-il. Je me souviens encore de l'accident. J'étais dans la voiture avec eux quand un chauffard nous a foncés dessus. Le conducteur s'était endormi au volant. En voulant l'éviter, mon père a perdu le contrôle. La voiture a fait une embardée et s'est encastré dans les barrières de sécurités. Quand je me suis réveillé, j'étais à l'hôpital, Jefferson était à mon chevet. Je ne l'avais jamais vu aussi désemparé. Une infirmière a tenté de m'expliquer que mes parents étaient morts, qu'ils ne reviendraient plus. Je ne comprenais pas pourquoi elle disait ça. Alors j'ai tendu la main vers le coin de la pièce et j'ai dit : « Mais non ils ne sont pas morts, ils sont juste là. »

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