Chapitre 43 : Un cousin comme moi ?

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À son réveil, Maddie se trouvait allongée sur le canapé d'un salon luxueux. Elle se releva d'un bond, découvrant Raymond assit dans un fauteuil juste en face. Une vive douleur la stoppa net dans son élan. Elle se prit la tête, elle avait l'impression qu'un marteau-piqueur faisait des travaux à l'intérieur de son crâne.

- Tu devrais te reposer un peu. Le coup que tu as reçu était un peu dur.

- Quoi ?

Maddie était complètement perdue. Que venait-il de dire ?

Soudain, une main se posa sur son front. Maddie sursauta et se tourna vers la personne à côté d'elle. Elle découvrit alors le garçon aux boucles blondes. Son regard la figea. Aussi vide que le sien quelques semaines plus tôt. Il l'attira doucement à lui et posa la tête de Maddie sur ses genoux avec douceur. Ce comportement la déstabilisa complètement. Elle le regarda du coin de l'œil, méfiante. Lui se contenta de caresser ses cheveux en la regardant d'un air absent. La prenait-il pour un animal de compagnie ?

- Je te présente Matthew, annonça soudain Raymond. C'est mon fils, et aussi ton cousin.

Maddie se crispa. Elle ne savait pas trop laquelle des annonces était la pire, qu'il s'agisse de son fils ou qu'il soit son cousin ?

- Ne t'inquiète pas, soupira-t-il en se levant de son fauteuil. Il ne te fera aucun mal. Il tient beaucoup trop à toi.

Le médium s'avança vers une salle plus loin. Elle sentit une odeur de café flotter dans l'air. Son estomac se noua, c'était amer, pas agréable du tout. Elle grimaça. Puis une pensée tourna soudain en rond dans son esprit, à quand remontait son dernier repas ? Elle ne le savait même plus.

Elle regarda alors plus attentivement le jeune homme à côté d'elle. C'était étrange de retrouver tant de similitude entre Galatée et lui. Même Calice ne ressemblait pas autant à leur ancêtre que lui. Mais ce qui fit le plus de peine à Maddie fut son regard. Comme c'était triste de voir les beaux yeux de Galatée aussi sombre et dépourvu de vie. Elle ne pouvait détourner le regard de ses iris morne.

- Que lui est-il arrivé ? demanda-t-elle au bout d'un instant. Il a l'air si... éteint.

- Seulement quand il le décide, affirma le médium en retournant s'asseoir dans son fauteuil. Un peu comme toi en fait.

Maddie se figea. Comme elle ? Était-il médium comme elle et son père ? Ou était-il simplement aussi seul qu'elle avant de rencontrer les gens du Centre ? Raymond la regarda du coin de l'œil, guettant sa réaction. Lisant le trouble dans l'esprit de Maddie, il poursuivit.

- Il n'est pas médium. Mais comme toi, sa mère l'a lâchement abandonné et comme toi il a toujours été seul. Vois-tu, fit-il en posant sa tasse encore fumante sur la table basse, je ne suis pas le seul à t'avoir observé pendant longtemps. Matthew était plein de vie avant, mais quand sa mère à disparut il s'est complètement éteint. Il se trouve qu'il m'a suivi, un jour, alors que je te surveillais. Et il s'est tout de suite attaché à toi.

Il fit une pause, comme perdu dans de lointains souvenirs. Raymond avait-il était heureux un jour ? Avait-il décidé de se venger de tout et de tout le monde après le départ de la mère de Matthew ? Se vengeait-il ou vengeait-il son fils ? Maddie était complètement perdue.

- Seulement, je ne savais pas. Et quand la voiture a percuté celle de ces agents du gouvernement pour te tuer toi, quand il a cru dur comme fer que tu étais morte, il est devenu fou. Je ne comprenais pas pourquoi il réagissait ainsi. C'est quand on a découvert que tu te trouvais au Centre, bien vivante, qu'il s'est enfin calmé.

- Il m'a assommée, se souvint Maddie.

La main du garçon s'immobilisa au-dessus de la tête de Maddie. L'adolescente se tourna vers lui. Il semblait soudain s'être réveillé. Pourtant, un voile de tristesse couvrait toujours ses beaux yeux verts.

- Tu ne devais pas partir, dit-il enfin. Dehors tu risques d'être blessée. Ici tu es à l'abri, je veillerai sur toi. Il ne t'arrivera plus rien.

Il semblait sincère. Et c'est ce qui troubla le plus Maddie. La jeune fille avait de la peine pour lui. Il semblait encore plus seul qu'elle ne l'avait jamais été. Et elle pouvait lire la culpabilité dans son regard, il n'était pas fier d'avoir assommé l'adolescente. Il s'en voulait même profondément.

Pourtant elle doutait d'une chose. Oui, il veillerait sûrement sur elle. Mais Raymond renoncerait-il aussi facilement à son désir de vengeance et à tuer la jeune fille juste pour son fils ? L'aimait-il à ce point ? Elle en doutait fortement. Même si Raymond tenait beaucoup à son enfant, elle avait vu de quoi il était capable. Ce n'était pas les beaux yeux de Matthew qui stopperaient la folie meurtrière de son père. C'était tout bonnement impossible, surréaliste.

Un homme entra alors dans la pièce. Maddie le regarda s'approcher à pas de loup de son patron et lui glisser quelque chose à l'oreille. Raymond opina, l'air grave et se releva.

- Matthew, conduit Maddie à sa nouvelle chambre et surveille-la.

Il ne répondit pas, se contentant de regarder son père disparaître dans une autre pièce avec l'autre homme.

Maddie se releva alors, plus doucement cette fois. Le visage de son cousin s'illumina alors. Un immense sourire étira ses lèvres. Il prit la main de Maddie et la conduisit dans la direction opposée. Ils traversèrent un long couloir tout simple et arrivèrent dans une chambre immense. L'adolescente regarda autour d'elle, impressionnée par le luxe de la pièce. Jamais elle n'avait vu autant de richesse à un même endroit. D'immenses baies vitrées donnaient sur la ville tout entière et au-delà. Le sol était recouvert d'une épaisse moquette colorée, un lit – qui aurait pu contenir au moins cinq personne – trônait dans un coin tandis que de l'autre se trouvait un bureau tout équipé et au centre de la pièce se trouvait des pouffes colorés. Quelques tableaux ornaient les murs. Par là une bibliothèque à moitié vide attendait qu'on la remplisse. Il y avait même un chevalet juste à côté du bureau, ainsi que tout le matériel de dessin dont on pouvait rêver. Elle n'arrivait pas à y croire. En d'autres circonstances, elle aurait sûrement sauté de joie. Mais à cette instant, sa petite chambre du Centre lui manquait presque autant que celle de chez Bill. Cet endroit n'était rien de plus qu'une cage dorée d'où elle rêvait déjà de s'échapper.

Son regard glissa alors sur sa main. Matthew ne l'avait pas lâché, refusant de la laisser partir. Elle releva les yeux vers lui. Elle avait l'impression étrange de se trouver face à un miroir. Avait-elle eu le même visage inexpressif les semaines dernières ? Avait-elle eu l'air si absente et dans un autre monde que lui ?

Elle n'en était pas tout à fait sûre. La jeune fille avait son père. Bill était formidable et toujours présent pour elle. Raymond était-il aussi bon médium que parent ?

Encore une fois, elle en doutait fortement. 

Médium (en chantier depuis 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant