Chapitre 17 : Remontrance

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L'incident au cimetière était remonté aux oreilles de Gianni. À l'heure du dîner, alors que tout le monde s'était rassemblé dans la salle commune au premier, les deux adolescents quittèrent la bibliothèque. Ils avaient pour projet de quitter l'immeuble en catimini. Mais c'était sans compter sur le patron des lieux.

Alors que les portes de l'ascenseur s'ouvraient, les deux jeunes restèrent pétrifiés sur place. À l'intérieur se trouvait Gianni accompagné de Jefferson.

Le chef des Défenseurs de l'Aube semblait furieux. Le rouge lui était monté aux joues, ses sourcils épais étaient si froncés que Maddie avait l'impression qu'ils allaient engloutir les yeux clairs de vieil homme. Son expression dure et échevelée fit frissonner les deux adolescents qui se rapprochèrent l'un de l'autre. Jimmy, voyant que la situation allait virer à l'orage, décida de prendre la fuite. Isidore le maudit tout bas alors que Maddie ne pouvait détacher ses yeux de ceux de Gianni. Elle pouvait lire la colère dans son regard mais aussi une grande déception, si bien qu'elle en eut des vertiges.

Derrière lui, Jefferson semblait tantôt rassuré, tantôt déçu.

- Les enfants, commença-t-il doucement, Nous aimerions vous parler de quelque chose.

Comme aucun des deux ne bougeait, Gianni ouvrit la bouche.

- Dans mon bureau.

Ils sursautèrent, se jetèrent un coup d'œil avant d'entrer penaud dans l'ascenseur.

Le silence pesa tout le long de trajet jusqu'au dernier étage de l'immeuble. Isidore garda les yeux fixés à ses baskets alors que Maddie ne cessait de jeter des regards derrière elle. Jefferson lui souriait gentiment, comme pour la rassurer. À cet instant, elle aurait tant aimé se trouver dans les bras de son père. Elle se demandait s'il allait bien.

Aux dernière nouvelles, Bill était plongé dans le coma. Jefferson avait tenté de la rassurer en disant qu'il survirait, qu'il allait s'en sortir, mais ça n'empêchait pas l'adolescente de s'inquiéter pour lui.

Maddie n'eut pas le temps d'y réfléchir davantage. Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur la pièce la plus grande qu'elle n'ai jamais vue. Gianni passa le premier, se dirigeant d'un pas lourd et pressé jusqu'à son bureau. Jefferson accompagna les adolescents dans la salle.

Maddie ne pouvait s'empêcher de regarder tout autour d'elle. Le sol était recouvert d'une moquette claire qui assourdissait le bruit de leurs pas, d'immenses baies vitrées donnaient sur la ville d'un côté tandis que plusieurs longues étagères étaient alignées contre le mur de l'autre. Elle découvrit un tableau coloré, suspendu juste au-dessus du bureau du grand patron. C'était la seule touche de couleur, le reste de la pièce était terne, allant du blanc épuré au noir profond en passant par un gris triste. Le tout semblait avoir été imaginé par une décoratrice d'intérieur coûteuse. Pourtant, parmi le style moderne qui les entourait, le tableau aux milles couleurs faisait tâche. Maddie avait la sensation que le vieil homme l'avait rajouté, comme un précieux souvenir dont il ne voulait pas se détacher.

- Non, mais qu'est-ce qui t'as pris Isidore ?

Sa voix claqua dans l'air. L'adolescent sursauta. Ces mots avaient eu l'effet d'un coup de poing dans le ventre. Maddie se tourna vers lui. Le garçon n'osait pas regarder l'homme assit à son bureau. Il se mordit la lèvre.

- Tu te rends compte de ce qui aurait pu arriver si vous aviez été blessés ? Tu crois vraiment que c'est le moment de faire n'importe quoi ? Elle n'était pas censée sortir ! À n'importe quel moment ils peuvent nous tomber dessus ! Tu veux que le Centre disparaisse ?

- Non...

Le silence retomba un instant. Une profonde culpabilité s'empara de la jeune fille. À cet instant elle s'en voulait terriblement. Elle s'avança d'un pas.

Médium (en chantier depuis 2018)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant