Médium (en chantier depuis 2018)

Chapitre 36 : Bonjour mon oncle

Suivant les indications de Raymond, Maddie et Isidore se rendirent au parc de la ville. L'adolescente avait un mauvais pressentiment, peut-être que cet affrontement était prématuré. Mais qui sait ce qu'il pourrait faire si elle ne venait pas à sa rencontre ? Quelle autre vie menacerait-il de prendre pour mettre la main sur la jeune fille ? Le doux visage de Lavande lui revint sans cesse en mémoire. Hors de question de la mettre en danger elle aussi.

Cachés derrière un mur non loin du parc, les deux médiums fixèrent l'homme debout au milieu de l'herbe. Il se tenait droit, sûr de lui, un peu trop confiant. De toute évidence, il était certain de sa victoire. Un sourire arrogant étirait ses lèvres. Il ressemblait à un fauve tout proche de croquer dans sa proie, c'en était presque effrayant.

Maddie se tourna vers son ami

- Tu es vraiment sûr de vouloir m'accompagner ? questionna-t-elle une dernière fois. Je sens les esprits en ébullitions de dizaines d'autres personnes. Raymond n'est pas seul.

- Tu peux dire ce que tu veux je resterai quand même avec toi.

- D'accord.

Maddie inspira à fond. Elle rassembla ses forces et s'avança dans le parc. Isidore marchait à côté d'elle, observant du coin de l'œil les ombres cachées. Oui, Raymond n'était pas seul, lui aussi pouvait sentir leurs présences. Heureusement pour eux, il ne s'agissait que d'anciens soldats fanatiques, aucun médium à l'horizon. Il ordonna silencieusement à Jimmy d'explorer les lieux. Mieux valait être prudent.

Le parc était tout aussi désert que la ville. Au milieu de l'herbe humide, sous le ciel menaçant, Maddie avançait le plus calmement possible. Elle se battait contre elle-même pour calmer les battements de son cœur et les tremblements qui assaillaient ses mains. Elle devait se montrer aussi déterminée et sûr d'elle que lui. Elle devait donner le change, c'était le seul moyen de le surprendre.

Les deux médiums s'arrêtèrent à quelques mètres de Raymond. Celui-ci les étudia un moment, son sourire s'élargit. Un frisson glacé parcourut le dos de Maddie.

- Eh bien, eh bien, commença-t-il, tu ne ressembles pas à ta mère. Et tant mieux ! Je préfère que ma nièce n'ait rien à voir avec cette femme.

La panique s'insinuait doucement dans sa poitrine. Elle avait du mal à se concentrer. La jeune fille sentait la présence rassurante de son gardien, pourtant elle ne pouvait se résoudre à le regarder. Elle était hypnotisée par le regard sombre de l'homme face à elle. Elle avait l'impression qu'on lui broyait l'estomac. Il poursuivit sans y prêter attention.

- Alors, es-tu ici pour nous rejoindre ou préfères-tu mourir en essayant de m'arrêter ?

- Qu'est-ce que vous cherchez ? demanda-t-elle aussi calmement qu'elle le put.

Elle luttait contre l'envie de fuir à toute jambe. Elle devait avoir l'air aussi détaché que possible. Ça n'aurait pas dû être aussi compliqué pour elle de cacher ses émotions. Mais ces derniers jours l'avaient profondément changée et elle avait beaucoup de peine à enterrer sa peur et ses doutes. Elle espérait simplement qu'il ne pourrait pas lire dans ses pensées.

Raymond ne sembla pas s'offusquer par sa question, au contraire, il avait l'air satisfait qu'elle le lui demande. Son regard se fit alors moins joueur, plus sérieux.

- J'essaie de changer le monde. Le gouvernement n'est plus ce qu'il était, et comme personne ne bouge il fallait bien que quelqu'un réagisse. Les nouvelles générations à venir ne doivent pas revivre ce que nous avons déjà vécu. Mais au lieu d'apprendre de ses erreurs, le gouvernement persiste à les commettre encore et encore. Il n'apprend rien.