Médium (en chantier depuis 2018)

Chapitre 39 : Ce n'est qu'une illusion !

Maddie était recroquevillée sur elle-même. Sa tête plongée dans ses genoux, elle tremblait. Jamais elle n'avait ressenti pareille secousse que lors de son affrontement avec Raymond. Galatée s'était trompée. Il était trop fort, bien trop fort. Maddie n'avait eu aucune chance contre lui, elle ne pourrait jamais le battre, c'était impossible. Elle n'avait pas réussi à se concentrer, elle avait eu peur. Elle avait peur.

Et il avait gagné.

Elle serra ses genoux plus forts contre elle. Les larmes lui piquaient les yeux.

Et maintenant elle se terrait au fond de sa tête, dans un rêve rempli de souvenir joyeux. Elle ne voulait plus se battre. Elle en avait assez du monde, des autres. Elle n'avait jamais demandé à être médium, pas plus qu'être la cible d'un oncle psychopathe qui cherchait à se débarrasser d'elle.

Une douce lumière réchauffa son corps. Elle releva doucement la tête. Ses yeux se perdirent un instant dans la contemplation de ce monde merveilleux. Elle s'approcha alors de l'image lumineuse. C'était si beau de l'autre côté, pourquoi n'avait-t-elle pas eu la chance de vivre ainsi ? L'adolescente plongea sa main dans l'image. C'était agréable. Alors, elle s'en approcha de plus près et plongea entièrement dedans.

Tout était gris autour d'Isidore. Il se demandait si l'esprit de son amie était vraiment aussi sombre et monotone ou si son affrontement avec Raymond avait joué un rôle dans ce changement comme le prétendait Nathaniel.

Tout était étrange. Il tourna la tête, observa autour de lui. Il n'y avait rien, pas une seule trace de Maddie. Était-il au bon endroit au moins ? Nathaniel avait eu l'air sûr de lui en lui enseignant comment plonger dans l'esprit d'un autre. L'adolescent se demandait d'ailleurs comment il avait réussi. Ça ne faisait pourtant pas partie de sa spécialité. Ni de celle de son ancêtre. Enfin, pas qu'il sache. Pourtant il se trouvait là, à errer au milieu de l'esprit dévasté de son amie.

Des rires lui parvinrent. Il tourna la tête et découvrit une porte. Elle était aussi sombre que le reste, comme si tout autour de lui était en deuil.

- Passe la porte, lui indiqua Nathaniel.

- Vous êtes sûr qu'elle se trouve bien ici ?

- Oui, mais elle s'est réfugiée dans un endroit où elle se sent en sécurité. Tu vas devoir la confronter à la réalité pour l'en sortir.

Isidore réfléchit. Avait-il le droit de la sortir d'un endroit où elle se sentirait mieux qu'au dehors de son corps ?

- En rebroussant chemin tu ne lui rendras pas service, contra Nathaniel en lisant le trouble dans l'esprit de l'adolescent. Ne l'abandonne pas, elle a besoin de toi.

Isidore inspira un grand coup, se planta devant la porte et tourna la poignée. Il fut surpris de constater qu'elle n'était pas fermée à clé. Maddie l'autorisait-elle inconsciemment à entrer ?

Il chassa ses pensées d'un revers de main et poussa le battant de la porte.

Une franche lumière l'éblouit alors qu'il passait dans un tout autre monde, ses yeux s'y accoutumèrent lentement, puis sa vision se précisa. Il découvrit alors un parc, semblable à celui dans lequel ils avaient retrouvés Raymond, mais en plus coloré, lumineux, en plus... vivant.

Le soleil brillait, couvrant de ses rayons les familles qui pique-niquaient un peu partout sur l'herbe et sous les arbres. Des enfants courraient, jouaient et riaient. C'était une vision utopique du monde, merveilleux, joyeux, innocent. Isidore se trouvait bien loin de la triste réalité dans laquelle il vivait avec son oncle. Dans cet endroit, tout semblait possible.