Tu es Mon Rituel ( Tome 3)

9. Léna

La rencontre entre Hugo et Carla fut impressionnante tant par cette tendresse que par ce besoin de protection qui lui offrait. Alerte au moindre son qui sortait de sa bouche ou bien même par l'attention qu'on pouvait lui porter, le rendait soudainement protecteur. Tandis que Ty gardait une certaine maîtrise face à Jay qui avait tendance à ne plus quitté les bras de Lola. Un bouclier humain qui lui permettait de ne pas envenimer les choses face à la terreur que Ty dégageait par un simple regard. Il a bien du mal à lui pardonner aussi facilement que moi pourtant je n'ai aucun doute. Leur amitié prend une place importante dans le cœur de Ty, il lui suffit seulement d'effacer cette rancœur.
Ce matin, il n'a pas dérogé à la règle du réveil, mes yeux à peine ouvert qu'il a fait ronronner le moteur de la camaro. Débordé, par son métier, la construction de la maison et l'approche du mariage, il instaure des rituels qui me permet d'admirer son doux visage chaque matin, pour finir par s'émerveiller, chaque soir, au coucher de Hugo. Le but de cette galerie était de m'octroyer plus de temps avec Hugo, et depuis quelques jours, la nouvelle exposition me permet de profiter de lui. Clarissa à voulu garder anonyme ce nouvel artiste qui je l'avoue à beaucoup de talent. Un artiste peintre contemporain alliant plusieurs techniques dans ses réalisations. Passant de la peinture à l'huile, l'encre sur papier aux bombes de peintures pour un style de rue explosant de couleur. Il faut croire que moi aussi, mes journées sont chargées pour ne pas avoir réussi à lui faire cracher le morceau ou bien je deviens plus docile... Assise derrière son bureau laqué blanc, devant la grande baie vitrée, elle tapote sur le clavier de son ordinateur, tandis que Hugo a décidé de jouer sur le parquet de vieux bois de l'atelier. Je reste évidement devant une nouvelle toile de ce mystérieux inconnu absorbé par l'originalité de ses pensées lorsque mon téléphone sonne. Devant la vitrine, José se dissimule dans sa voiture quand je répond à Ty...

- Bébé ? Ça va ?
- Oui... Dis moi José est devant l'atelier... Je peux savoir pourquoi ?
- Pour t'éviter de faire des bêtises ! J'ai un rendez vous de dernière minute... On se rejoint chez mon père pour le dîner ?
- Ah oui la fameuse officialisation du couple Pablo et Alicia...!
- Le retour de la tigresse au canne Blanche ?
- Il n'y a pas de raison... N'est ce pas Ty ?
- Aucune bébé... Je t'aime !
- Bien plus Ty.

En dépit d'une certaine méfiance je suis heureuse pour Pablo. Il avait accepté de mettre sa vie entre parenthèse pour venir s'occuper de moi lorsque mon corps n'acceptait plus de sortir de la chambre de Ty. Il est devenu en quelques sorte ce frère que je n'avais jamais eu et notre relation c'est vite basée sur une certaine rivalité de fratrie. Les taquineries, les fou rires et le soutient nous ont permis de nous liés d'une tendresse sans limite. L'arrivée de Hugo est venue intensifier ce lien qui nous unissait.
Depuis le départ de Marco, Bouns et moi n'avons eu aucune nouvelle, ce qui a le don de l'inquiéter. Quand à moi, mon esprit a divagué tellement de fois pour essayer de comprendre sa fuite et ses rapports avec Lily que je suis en colère après lui. Son silence n'arrange rien, tout s'accentue, cela devient difficile de cacher à Ty mon anxiété.
Un dernier baiser sur ses petites joues rouge puis Hugo quitte l'atelier dans les bras de Clarissa. Constatant qu'il me reste suffisament de temps pour repasser en revue mes derniers clichés, je m'installe derrière l'ordinateur du bureau. Le grincement de la porte, m'oblige à lever les yeux vers l'entrée pour apercevoir Dacio qui ce trouve sur le seuil.

- Dacio ça va ?
- Oui et toi ?

Il s'avance vers moi pour venir me saluer, l'odeur de son parfum s'étale dans la galerie lorsqu'il me dépose une bise sur chaque joue.

- Un café ?
- Oui merci...
- Assied toi... J'arrive !

Cette odeur épicée du parfum est prenant et j'apprécie que le café supprime cette imposante effluve.

- Clarissa n'est pas là ?
- Non... Elle vient de partir avec Hugo. Tu devais la voir ?
- Rien d'urgent... Je passais dans le coin. J'ai déménagé !
- Il était temps Dacio... Excuse moi ! Mais franchement je ne sais pas comment tu faisais avec Adrian et Amera... Et puis maintenant que Lily est revenu.
- Oui c'est vrai... Tu sais Adrian n'est pas méchant mais influençable... Il a toujours voulu ce qu'il ne pouvait pas avoir.
- C'est ce que je pensais aussi... Mais j'ai vu une autre facette de lui et je t'avoue qu'il m'a fait peur. Tu habites où ?
- J'ai trouvé un appart... Au coin de la rue...
- On est voisin ?
- Oui...

Mes yeux viennent vérifier plusieurs fois l'horloge pour être sûre d'avoir assez de temps pour me préparer lorsque j'entrevois José imposant son regard vers nous.

- C'est qui celui là ?
- Mon chauffeur...
- Depuis quand tu as un chauffeur ?
- Quelques semaines ! Une lubie de Ty...

Les vibrations de mon téléphone m'oblige à le retirer de la poche de mon jeans quand Dacio se redresse...

- Bon je suis content de t'avoir vu Léna !
- Moi aussi Dacio ! Passe à la maison, Ty sera content de te voir.
- OK bye !

De ma main, je viens fermer la porte et les lumières de l'atelier après son départ. J'ai vite rejoint l'appartement pour enfin aller me préparer. Contrainte de lire ses messages incessant, je guide mes pas vers le dressing...

- Je peux savoir ce que fou Dacio à l'atelier ?

Le premier message donnait le ton de son inquiétude que je n'ai pas comblé à temps puisque les suivants dégagent une telle frustration et de colère.
Le dernier fut de trop, José en fait les frais puisqu'il en est responsable.

- Après Adrian... Tu veux qu'il te baise aussi ?

Mes hurlements contraint José à me rejoindre dans la cuisine, son visage se décompose lorsqu'il comprend à quel point je suis énervée contre lui.

- Pourquoi vous avez fait ça José ?
- Monsieur m'a demandé de vos nouvelles...
- Sortez ! Je ne veux plus vous voir... Allez devant chez Clarissa surveiller Hugo !
- Mais Monsieur a dit...
- José faites ce que je vous dis... S'il vous plaie.
- Bien Léna !

La sonnerie de mon téléphone devient agaçante, si bien que mes doigts viennent mettre fin à ses appels. Sous la douche, l'eau chaude ruisselle sur ma peau, d'une telle façon que les minutes défilent pour enfin m'accorder un peu de paix. Le fracas de la porte d'entrée me permet de croire que Ty est autant en colère que moi. Il tambourine derrière la porte de la salle de bain, hurlant mon prénom lorsque j'augmente le son de ma playlist. La musique masque, ce que je n'ai évidement pas envie d'entendre pour me permettre de finir de me préparer. Ma petite robe patineuse rose poudrée vient sublimer ce teint hâlé que j'ai eu beaucoup de mal à avoir après mon arrivée à Barcelone. Dans un calme olympien, je traverse le salon sous le regard assassin de Ty, installait sur le fauteuil, les coudes posaient sur ses cuisses, instaurant une certaine pression sur ses doigts. Sûrement pour maintenir cette jalousie en lui. Mes talons rapidement enfilaient, je ne lui prête aucune attention lorsque je saisis mon sac et les clefs de ma voiture. Ma descente est plutôt calme et maîtrisée quand j'arrive enfin à l'extérieur de l'immeuble. Le bruit du moteur ne me permet pas d'entrevoir sa course pour me rattraper. Pourtant convaincue qu'il viendrait à ma rencontre, je quitte la rue dans une angoisse et un grand doute. Je regrette rapidement ce silence...