10. Ty

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La pression de mes doigts m'empêchent de laisser sortir ce démon qui souhaite lui faire du mal. Celui là même qui nous a mené à cette situation, gardant un silence morbide autour de nous, elle dégage une telle colère lorsqu'elle quitte la pièce. Je voulais de cette éclat de rage, je voulais qu'elle me blesse autant que j'ai pu la rendre si distante. J'essaye de comprendre pourquoi je ressens le besoin de lui infliger cette férocité avec mes mots. J'imagine que si j'étais installé dans l'un de ces canapés en cuir marron d'un psychologue, il ferait le lien avec les événements de mon enfance, la mort de ma mère et les mensonges qui ont entouré notre famille. Il me sortirait que mon manque de confiance en moi ne me permet pas de croire en la sincérité de Léna. Mais il se tromperait, je lui confirais ma vie si il le fallait... C'est une torture d'apprendre ce que nous cachons profondément au fond soi, cette peur, cette angoisse dissimulé derrière des tonnes d'hormones masculine. Autant de questions qui en une fraction seconde m'empêche de la garder près de moi, à l'instant même où son moteur quitte la rue, je suis encore installé dans ce foutu salon, imposant à mes doigts une tension suffisante pour me ramener à la réalité. J'aimerai que l'on me dise que tout ira bien, que ma vie sera parfaite avec elle, que personne ne lui veut du mal, qu'elle restera à jamais cette femme qui par un simple touché fait taire cette braise noircie par une angoisse de la perdre. Mon regard se perd de longue minutes sur l'éclat de chaque phare de voiture qui illuminent la fenêtre, si bien qu'il m'a fallut une bonne heure avant de quitter l'appartement pour rejoindre cette stupide soirée. J'ai pourtant très envie de la retrouver espérant qu'elle puisse pardonner à cette partie obscure qui a bien trop peur de la perdre pour se taire. J'ai presque l'impression de la sentir, ses bras entourés autour de moi, sa tête battant une mesure dans mon dos, sa respiration s'accélèrant en même temps que les battements de son cœur et ses cuisses se resserrant contre les miennes à chaque virage. Dans l'allée, le bruit de la moto a attiré Marcella, qui attend patiemment au pas de la porte, les bras guidaient vers moi pour me décharger de ma veste en cuir.

- Bonsoir Monsieur.
- Bonsoir Marcella... Léna est arrivée ?
- Non Monsieur. Votre père vous attends sur la terrasse avec votre frère.
- Merci

Je me doutais que je ne l'a trouverai pas aussi facilement assise autour de la table, un verre de vin à la main, dissimulant cette colère par un large sourire. Avant de rejoindre cette mascarade de faux semblant, je tente de l'appeler à maintes reprises, essayant de trouver les mots qui pourraient l'apaiser. Malgré tout je sais bien qu'il me suffirai de la toucher pour la ramener vers moi.

- Tyago... Léna n'est pas avec toi ?
- Elle ne devrait pas tarder.

Son bras se dépose autour de mes épaules, obligeant ce corps qui voudrait s'enfuir pour retrouver Léna à rejoindre notre père. Mes yeux passent en revue cette tenue inhabituelle qu'il a revêtu. Pablo m'avait habitué à ses costumes de patron bon sur tout rapport, je ne l'imaginais pas dans d'autres tenues. Dans son jeans bleu brut et sa petite chemise à manche courte blanche et ce petit gilet posait sur ses épaules, il paraît détendu et heureux. D'un petit rictus, je me souviens de cette journée a la plage ou je prenais plaisir à piétiner son château de sable, je pensais à cet instant provoqué en lui une réaction démesuré et colérique sous le regard de notre mère. Pourtant il avait su la faire rire en rejoignant ma provocation. Nous sautions main dans la main admirant avec qu'elle grâce notre mère faisait tournoyer sa belle robe blanche.

- C'est quoi cette tenue ?

Il hausse les épaules et me précède sur la terrasse, mon père semble heureux de nous retrouver, il est déjà à bout de souffle, me remerciant d'un simple regard de l'avoir rejoint et sauver d'Alicia. Elle a bien du mal à se taire, il faut dire que son trait de caractère avait déjà était mis en avant au travail et que je m'y étais habitué. Elle se redresse sur ses talons et vient les claquer sur les lattes de bois de la terrasse, bien plus familière, hors contexte du travail, elle me prend dans ses bras et m'embrasse sur les joues accompagné d'un sourire illuminant le regard de Pablo.

- Bonsoir Alicia.
- Bonsoir Monsieur... Euhmmm Tyago, si je peux me permettre.
- Maintenant que l'officialisation de votre couple est réel. Je pense que tu peux Alicia.
- Si notre père te le dit, alors je t'en pris!
- Où est Léna ?
- Elle ne devrait pas tarder.

Marcella vient combler ce mensonge par un verre tant attendu. J'avais besoin de sentir autre chose que la culpabilité traversé mon corps.  Espérant que cette alcool ferait passer le temps plus vite et que Léna traverserait le salon dans cette robe magnifique à chacun de mes  battements de cil. Cette femme très loquace et derangeante anime notre soirée et me permet de dissimuler les raisons de l'absence de Léna. Quand soudain la sonnette de la porte d'entrée oblige Marcella à se précipiter pour l'ouvrir. Je m'autorise enfin à reprendre mon souffle, mon cœur s'accélère comme un adolescent à qui on viendrait offrir son premier baiser. Je me surprend même à sourire naturellement, j'avais l'impression que je mettais privée de joie au moment où elle avait quitté l'appartement. Cette euphorie fut passagère, lorsque Marcella arriva devant nous, elle parait si triste, les yeux larmoyant comme si elle portait toute la misère du monde sur ses épaules. Le son de ses jambes tremblante face à un silence pesant rend la situation bien trop angoissante.

- Marcella est ce que vous allez bien ?

Ses interjections mêlaient à une voix tremblante, m'oblige à me lever pour imposer une certaine contrariété face à tant de tension.

- euhhhm... Monsieur Lopez ! vous attends dans l'entrée...

Mes jambes m'entraînent rapidement dans le hall d'entrée, immobile face au miroir il semble se perdre face à son reflet.

- Salvador !

Ma main vient saisir et maintenir le corps fébrile de cet homme qui me permet de croire qu'il n'est pas venu me voir avec une bonne nouvelle.

- Tyago il faut que tu viennes avec moi.
- Pourquoi et où ?
- C'est Léna !

En un instant je bascule et retrouve ce sentiment angoissant, une succession d'émotions me rendant tout aussi tremblant que cet homme. L'air me manque, mes jambes dansent aussi bien que celle de Marcella et mon cœur s'emballe... C'est si douloureux ! Tout... Je revois chaque moment de cette maudite journée, de mes dernières paroles égoïste, de son regard éveillé de ce matin, de son rire au téléphone et de l'odeur de son parfum lorsqu'elle a quitté l'appartement.

- Tyago... Tu m'entends.
- Elle est où ?
- À l'hôpital...

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant