43. Lena

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Nous avons tous eu cette angoisse, cette idée farfelue mais toute fois possible qu'un jour notre vie pourrait être en danger. Imaginant, toutes les possibilités, les cris pour faire fuir notre agresseur à des techniques dénichaient dans des films. Mais la réalité peut toute fois te rappeler que malgré toutes les rêveries, notre corps reste parfois pétrifié devant l'ennemie. Je suis restée immobile face à la terreur d'une trahison et de cette vie qui quittait son corps. Ses yeux étaient en supplication lorsque dans un dernier souffle, son regard s'est éteint dans un regret profond. Malgré sa folie et sa colère, Lily avait ce réel désir d'être aimé en retour. Un désespoir qui l'a rendu si solitaire, si aigri et qui voulait absolument cette amour perdu. Une part de moi était euphorique de comprendre que tout ce sang n'était pas le mien pourtant une autre était tout autant effrayée de voir la folie de Dacio lorsqu'il a tiré sur Lily. La douceur de son visage a laissé place à une fureur peu commune. Si unique, qu'un frisson d'effroie me parcours le corps lorsqu'il avance vers moi avec ce sourire de satisfaction. Mon corps a refusait de m'obeir, je voulais tant m'enfuir, mais je suis restée immobile. A mes pieds gisait le corps sans vie de Lily lorsqu'il m'ordonna de me déshabiller. Confuse et terrorisée, mes yeux ne quittaient pas le regard vide de sa victime, il continuait à crier pour que je puisses enfin lui obéir. Il a fallut qu'une odeur particulière me ramène dans cette réalité. Âcre et si forte, une haleine qui décrit à la perfection celle de son père. Le souvenir triste d'une période horrible de ma vie qui a repris sa place dans ce présent. Cette colère noire que j'avais bien connu et qui refait surface avec un nouveau bourreau. Cette violence interdisait à ma pudeur de faire surface lorsque je me suis retrouvée en sous-vêtement face à lui. Il était bien trop occupée à déshabiller Lily afin de lui mettre cette robe tachetée de son sang que par un vis pervers. Son arme a proximité, il prenait plaisir à me rappeler sa supériorité lorsque mes yeux cherchaient désespérément une porte de sortie. Sur le siège passager de sa voiture était déposé un ensemble et une paire de basket qui a recouvert ma nudité lorsqu'il exigea que je me place face au coffre de la voiture. Un vague souvenir d'une excuse timide puis je me suis réveillée à l'arrière du véhicule. Un brin de ruban adhesif m'interdit de hurler, un douloureux lien de serrage m'assujetis et empêche tout volonté de fuite. Pourtant mon desir est tellement fort que la douleur se transforme en une rage. Face à la noirceur de l'endroit exiguë, mes sens dépourvues de vue se développent pour compenser cette perte. Cherchant désespérément un bruit familier ou une odeur particulière qui pourrait m'aider à comprendre où il me conduit. Le temps que je passes dans ce coffre est faussée par une de ses manigances. Je ne sais pas combien de temps j'ai été inconsciente ou si son plan est de m'induire en erreur. Tout est différent à présent, je sais que cette fois, je serais seul face à la noirceur de ce monstre. Je voudrais être sûre qu'à l'instant où je serais face à lui, seul et terrorisée, mon corps ne me trahira pas. Que je ne trouverai pas de nouveau ce besoin de me réfugier dans ce petit coin dans ma tête. Mes mains s'acharnent toujours à se débarrasser de ces liens en plastique se moquant royalement de la douleur de plus en plus intense lorsque le paisible confort que je pouvais espérer dans ce coffre devient regrettable. La route semble plus abrupte et rempli de piège qu'il espère éviter à chaque coup de volant mais qui rend ce périple plus terrible. Les kilomètres défilent dans cette inconfort, aucun bruit ne me permet de croire que nous sommes à proximité d'une ville. Tout est calme, beaucoup trop calme...
Au moment où la voiture ralentit, mes mains accélèrent le rythme menaient par les battements de mon cœur qui s'amplifient. A l'arrêt, elles se décident enfin à abandonner tandis que Dacio apparaît de nouveau face à moi. Mes yeux cherchent désespérément à s'habituer à la lumière de sa lampe lorsque ce cocktail chimique spécifique des forêts me chatouille les narines. Une odeur agréable malgré les circonstance. Son regard est moins terrifiant, il m'entoure de ses bras avant de me déposer sur le sol terreux.

- Si je te retire ce ruban... Tu me promet de ne pas crier Léna ? Ici personne ne t'entendra comme tu peux le voir j'aime être isoler du monde !

Aucune réflexion, aucun mouvement de recul lorsque j'acquiece d'un geste de la tête. Une manipulation qui pourrait me permettre de le ramener à la réalité, une gentillesse qui pourrait le toucher... Enfin je l'espère ! Sa main est si froide, si répugnante que je m'oblige à rester à quelques centimètres de son visage lorsqu'il s'approche de moi. La douleur infligeait par le retrait du ruban est tolérable, je ne voudrais pas satisfaire ses idées perverses. Je le précède lorsqu'il me guide vers ce petit chalet en bois, la fraîcheur est vivifiante et si différente de Barcelone. Devant la porte d'entrée, Dacio prend l'initiative de me l'ouvrir avant de m'obliger à passer le seuil. Je sais que dès que mon pieds passera la porte d'entrée, je serais seul face à sa folie...

- Veux tu que je te porte comme Ty l'aurait fait après le mariage ?
- Non !
- Alors avance !

Tout est sombre, la porte se referme sur ce dernier espoir de liberté, face à la cruauté et la folie d'un homme. Est ce heriditaire ? Un rôle qu'il a tenu tant d'année, un plan à long terme... Une torture psychologique qui a amplifié sa perception de la réalité. Il a signé ce degré de folie par le meurtre de ce père horrible et de sa complice. Rapidement, il finit par demarrer le groupe électrogène, éclairant cette vie bien cachait puis par allumer le feu de sa cheminée lorsque je suis conduit à m'asseoir sur le canapé.

- J'espère que tu as faim... J'ai pensé à tout ! Regarde....

Surexcité, il entrouve chaque placard de la cuisine face à moi epiant toutes mes réactions... Ma tête répète sans cesse ces mots... Sourit ! Encore et encore. Un moyen de ne pas le laisser croire que ma seul envie et de le quitter au plus vite. Une peur qui pourrait le convaincre à me faire du mal.

- On va être si heureux Léna ! J'ai tellement attendu...
- Attendu quoi Dacio ? Ou devrais je dire Carlo ?
- Toi ! Ne m'appelle plus jamais Carlo ! Tu as compris !

Le retour de ce regard d'effroi et de colère qui me pousse à me taire. Pourtant j'aimerai tant comprendre d'où vient cette douloureuse violence qui l'anime. Savoir comment sa folie peut être dangereuse pour moi comme pour lui. Quel souffrance à pu conduire l'innocence d'un enfant à devenir la terreur d'un homme ? Ou bien la folie de son père est un héritage qui s'est amplifié par le temps et la déception !

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant