22. Léna

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Je me plaisais à croire qu'une telle amitié puisse être éternelle. Force est de reconnaître que parfois la réalité est bien différente. Face à cet homme, je pourrais fondre en larme mais il en est autrement. Le regard nerveux de Ty qui attend ce changement à l'intérieur de moi pour décharger cette frustration m'empêche de faiblir. Puis ma fierté qui surpasse la déception crie de me redresser, d'affronter ce monstre et de lui montrer à quel point je suis plus forte que lui. J'ai besoin de garder le contrôle, ma main trouve une façon de détourner l'attention. Tapotant ce stylo sur le cuir marron du dessus de bureau de Diego, j'ai trouvé une diversion qui me permet de me concentrer sur ce don j'ai vraiment besoin de savoir. Ma manie de détailler mes interlocuteurs me permet de croire que je suis de nouveau maître de moi-même. Je remarque alors qu'il a changé de coiffure, une longueur bien plus courte qu'à son habitude et que les rides sur son front indique qu'il est soucieux. Enfin ses mains entremêlées au dessus du bureau qui danse rapidement me laissant imaginer qu'il a passé beaucoup de temps avec un stylo. L'encre a taché le bout de ses doigts et au vu de la quantité, il a dû avoir une subite et longue envie d'écrire. C'est dramatique comme il peut rendre l'atmosphère lourd avec une touche de mystère... Quand à Ty il reste adossé à la commode en ebenes, les bras croisaient sur son torse, inspirant nerveusement. Il ressemble à un animal en pleine chasse cachait derrière les herbes hautes attendant que sa proie face un geste. Marco ressent le danger et reste immobile, les yeux figeaient sur le pot à crayons.

-  Je suis content de voir que tu vas bien Léna !
- Ne lui fait pas croire que tu t'en soucis Marco...
- Bien sûre que si  Ty.

Il se redresse brusquement, Marco a fait exactement ce qu'il attendait. Ce geste, ce mouvement qu'il lui permettrai d'attraper sa proie en pleine gorge pour ne plus la lâcher.
Un duel de stupide supériorité, c'est à celui qui imposera à l'autre sa force pour que l'autre finisse par s'incliner face au maître.

- Vous avez fini ? Pourquoi es-tu là ?
- Je suis passé à l'hopital... On m'a dit que tu étais sorti.
- Pensais-tu vraiment que je te permettrai de la voir ?
- Non Ty pourtant j'espérai quand même. Écoute Léna, je suis vraiment désolé pour ce qui t'es arrivée. Si j'avais su...
- Tu aurais fait quoi ? Si j'ai bien compris tu as passé ces dernieres années à te jouer de moi.
- Ce n'est pas tout à fait ça !
- Ah ! explique moi. Comment tu as pu accepter de travailler pour Lili surtout après avoir vu de quoi elle était capable.
- J'ai tout fait pour te protéger d'elle. Même si cela impliqué d'accepter ses ordres. Tu ne sais pas à quel point je me suis battu pour te garder en sécurité.

Un rictus et un souffle interrompt cette échange. Si bien que Marco change sa façon de me regarder. Un brin sincère je l'avoue mais rien ne pourra lui enlever sa trahison.

- Dis moi comment j'ai pu recevoir un message de ta part cette nuit là ?
- Je ne sais pas. J'étais à une expos ce jour là au musée Bourdelle. Mon téléphone ne m'a pas quitté. Enfin je crois !
-Tu crois ?
- Je ne suis sur de rien. J'avais un peu bu ce soir là.
- Je ne veux pas connaître tous les détails de ces dernières années mais j'espère que tu répondras sincèrement à celle qui m'intéresse.
- Je te le promet Léna.
- Quand tu as rencontré Lily... Tu as dit à Ty qu'un homme te l'avait présenté... Qui es-ce ?

Il sourit, un peu de provocation qui permet à Ty de s'approchait un peu plus de sa proie.

- Son acolyte de toujours.
- Adrian ?
- Je le savais. Cet enfoiré a toujours tout fait pour te séparer de moi Léna !
- Ce n'est pas tout... Je ne pense pas qu'ils travaillent seul. Même si Lily est une vicieuse narcissique et qu'Adrian n'est qu'un stupide mouton, ils n'auraient jamais eu l'imagination pour tout ça. J'ai surpris Lily au téléphone, une personne lui indiquait ce qu'elle devait faire.
- Tu sais qui c'est ?
- Non je ne l'ai jamais rencontré mais ils se connaissent bien. Crois moi Léna quand je te dis qu'ils ont prévu bien pire.
- Moi j'aimerai savoir si tu travailles avec Richard ?
- Non bien sûre que Non Ty !
- Est ce que tu le connais ?
- Pas directement. Je ne sais que ce que Léna m'a raconté sur lui. Mais qu'elle est le rapport ?
- Ce n'est pas à toi de poser des questions Marco !
- Est ce que le nom de Carlo Delgado te dit quelque chose ? Ne me ment pas !
- Non mais Lily a appelé l'homme au téléphone Carl ! Un lien ?
- Est ce que tu me caches autre chose Marco ?
- Non je te le promet Léna. Écoute je sais que tu auras beaucoup de mal à me pardonner... Je voudrais que tu saches qu'Hugo et toi avaient toujours été ma priorité. Même si le procédé n'est pas louable et que j'ai menti sache que je vous aime tous les deux et que je suis vraiment, vraiment désolé Léna...
- Te fatigue pas Marco...
- Ce n'est pas à toi que je parle ! Léna...

Son regard espère attirer le mien, cherchant une lueur d'espoir, un semblant de pardon où n'importe quel réaction qui pourrait lui permettre de croire à un future possible. C'est impossible pour moi de croire en sa sincérité, celle que je croyais lire dans ses yeux durant toutes ces années. C'est un acteur fabuleux je ne peux pas lui retirer. Même à cet instant je me demande si il sait à quel point ce rôle devient ridicule. Il ne fait qu'atiser la colère de Ty, si bien que la barrière physique a été franchis. Sa main se dépose sur l'épaule de Marco à l'instant où je décide de m'isoler dans une bulle. Fermant volontairement la fermeture pour profiter d'un moment de silence, de flottement et de béatitude. Une partie de moi s'affole, hurle, crie et pose des questions tandis la seconde refuse d'y  repondre. Elle abandonne, ne veut plus lutter pour désirer plus que tout un silence léger qui permettrai à mon âme de trouver enfin la paix.

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant