14. Léna

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L'air est si chaud, ma peau encore frissonnante, se réchauffant au contact de ce rayon de soleil. Légèrement éblouissant, je me laisse conduire derrière les portes coulissante de l'hôpital. Dans ce siège roulant, elles me poussent vers la seul chose que je désirai tant. Retrouvant notre insouciance que nous avions à notre rencontre, s'enfuyant un bref instant de notre vie d'adulte. Leurs rires sont  une vrai bouffée d'air, j'ai aimé voir à quel point Ty était paisible quand nous nous sommes échappées de la chambre.
Encore endormis, un simple baiser et l'envie de retrouver ces arbres dansaient par une brise, l'agitation des passants et tout simplement la force de ma vie. Reprendre un contrôle avant que tout ne se transforme une nouvelle fois.
Le parc est très agréable, l'endroit idéal pour profiter de notre amitié.
En un claquement doigt, Lola devient ma maquilleuse effaçant les traces sur mon visage, ma robe longue et ce petit gilet masque les traces de l'accident.

- Et voilà ! Regarde...

Dans ce ridicule miroir, j'admire avec quel minutie et perfection, elle a su dissimuler les traces de blessures dans le but de ne pas effrayé Hugo.

- Merci Lola c'est parfait... Maintenant vous allez m'aider...

De part et d'autres de mon corps elles saisissent mes bras, quelques pas et mon corps s'allonge dans l'herbe verte et encore humide par la rosée matinal. Une à une, elles viennent rejoindre mon idée folle d'admirer ces nuages. Tête à tête, inspirant cet air d'un renouveau, Clarissa laisse échapper une petite larme le long de sa joue. Ma main vient saisir la sienne, je sais à quel point cette minuscule larme contient un moment angoissant...

- Je suis là...
- Tu nous as vraiment fait peur Léna.
- Dis nous ce qu'il sait passé ? Qu'est ce que tu faisais sur cette route...
- Pas maintenant les filles. J'ai juste envie de profiter de nous trois...
- Bien.

Je tiens dans mes mains une partie d'elle, imposant une tel pression, qu'elle décide à leur tour de ne plus me lâcher. Nos rires éclatant me ramènent la chose la plus importante dans ma vie, le son de sa voix qui se dirige vers moi est un délice pour mes oreilles.

- Maman...
- Hugo...

Il s'allonge délicatement sur moi lorsque mes bras l'entourent. L'odeur de sa peau, ses cheveux en bataille, son doux sourire qui accentue ses petites fossette. Je veux graver encore et encore chaque millimètre de son visage enfantin pour ne jamais l'oublier. Ce besoin de solitude est tellement fort que Lola et Clarissa rejoingnent mon père qui trépigne d'impatience. Pourtant il comprend bien que ce temps n'est destiné qu'à Hugo puisqu'il reste à l'écart.

- Maman... Tu as bobo ?
- Un petit peu. Tu te souviens quand tu courrais dans le salon avec ta moto et que tu es tombé dans l'angle de la table du salon ?
- Oui... Une grosse bosse...

Il se frotte l'arrière de la table, retrouvant le souvenir de cette douleur qui avait affolé sa pauvre maman.

- C'est la même chose pour ma maman. Elle a juste besoin de se reposer un peu.
- Tu as pleuré aussi ?
- Un petit peu... Mais chutt..

Il met son petit doigt contre ses levres m'imitant à la perfection. D'un petit regard malin nous concluons ce pacte du silence par le rituel du baiser. C'est fou comme il sent bon...

- Va chercher papi crevette.

Il court dans sa direction et l'attire de toutes ses forces vers moi. Une grande bouffée d'air, il me saisit dans ses bras, supportant le poids de mon corps pour m'installer dans le siège. Il reste un long moment dans mes bras, dissimulant son regard derrière mon épaule. Puis vient la recontre de nos regards, je contrôle cette envie de pleurer en remarquant cette inquiétude que j'y lis.

- Papa je vais bien...

Sa main frôle ma joue avant qu'il ne décide d'y déposer un baiser. Prenant son rôle de père très à cœur, il me pousse vers l'entrée de l'hôpital tandis que Hugo s'amuse sur mes genoux. Il semble apprécier ce nouveau moyen de transport et ne paraît pas inquiet. Un bref instant d'amusement avant l'arrivée de Ty, qui apparaît dans le couloir, à bout de souffle, hurlant après les infirmières. En une fraction de seconde ce corps tendu et affolé prend conscience que je vais bien. Il avance délicatement, et, curieusement, il ne crie pas et prend le temps de saluer mon père et d'embrasser Hugo.

- Regarde papa...

Impatient de montrer à son père comme il trouve amusant de se promener sur les jambes de sa mère, il en oublie la raison qui l'a conduit à venir dans cet hôpital. Ty reprend en main le contrôle de nos vies en nous guidant vers la chambre. Sur le trajet, son visage se rapproche de mon cou, le souffle chaud me fait frissonner...

- Ne pars plus sans me prévenir...
- De quoi as-tu peur Ty ?
- On en parlera plus tard. Je t'aime Léna.
- Bien plus Ty.

Ses lèvres déposent un simple baiser dans mon cou, bien trop gêné par mon père, il reste sage... Le parfait petit gendre... Un rôle qui a l'air de lui plaire. Dans la chambre, une vrai réunion c'est improvisée sous le regard contrarié de l'infirmière de garde. Kyle s'agenouille face à moi, sa main fébrile se glisse dans la mienne quand il se décide de m'embrasser tendrement.

-  Tu m'as manquée gamine !
-  Toi aussi.

Jay s'impatiente, si bien qu'il s'impose entre lui et moi.

- Viens là !

Dans ses bras, j'aimerai savoir si Ty lui a pardonné...

- Comment ça va toi et Ty ?

Sans un mot, Jay garde la tête baissé face à Ty qui impose son regard qui perd en férocité lorsqu'à mon tour mes yeux lui imposent la seul chose que je voudrais à ce moment précis.
Sa main avance délicatement vers lui au moment où Ty lâche les armes et renoue avec cette amitié profonde qui les lies.

- Viens là idiot !

C'est avec une tel rapidité que leur rire éclate dans la chambre, Lola semble tout aussi heureuse que moi par ce dénouement. Hugo s'amuse déjà avec le lit avec la complicité de son oncle Kyle lorsque Diego et Pablo s'avance vers moi.

- Je suis heureux que tu ailles bien Léna. Je n'aurai pas supporté que...

Une larme coule le long de sa joue, d'un simple baiser il part s'isoler me laissant avec Pablo qui ne manque pas de me taquiner. Un comportement qui dessine merveilleusement nos rapports.

- Tu sais si tu ne voulais pas l'épouser il suffisait de le dire !
- Idiot... C'est juste que je voulais éviter ce dîner de présentation...

D'un rire communicatif, il me prend dans ses bras et murmure dans mon oreille...

- Tu nous as fait peur Léna. Avec qui je pourrais rire de tout si tu n'étais pas là !
- Alicia...
- Tu es irremplaçable... Surtout pour mon frère.

Ma mère est en larme dans les bras de ma grand mère, de longues minutes pour la rassurer, de longues embrassades et un continuel sourire sous nos lèvres, nous permette de retrouver cette vie avant l'accident.
L'infirmière fait les cents pas devant la chambre lorsque Bouns se decide enfin à passer la porte les bras chargaient par un énorme bouquet de fleurs.

- Merci Bouns.
- Comment tu te sens ?
- Bien mieux. Marco n'est pas là ?.
- Euhhh... Il n'a pas pu venir. Je te promet qu'il aurait voulu mais...
- Ty ?

D'un hochement de tête, et d'un brin de tristesse dans son regard, je deviens impatiente de connaître les détails de ce conflit. Mais pour l'heure, je profite de chaques minutes que l'infirmière nous accorde pour apprécier ma belle famille. Qu'elle soit de cœur ou de sang, ils font parti de moi.

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant