38. Ty

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La délicatesse de ce soleil sublime témoin de notre amour, une couleur qui marque à la perfection ce jour. D'une nuance orangée luttant contre l'éclatante lumière jaune de ses rayons, une métaphore unique de nos êtres. L'un sans l'autre le tableau serait une version bien triste de ce que nous serions devenu si elle n'était pas apparu sur les marches de l'université dans cette petite robe blanche et ses jambes aussi pâle qu'un fantôme. Devant cette fenêtre, je lutte contre cette cravate, d'une main tremblante mon regard ne quitte pas l'agitation dans le jardin. Sous les ordres de Lola, une équipe obéit pour rendre ce jour aussi unique que notre amour. Un coup puis un second m'oblige à quitter ces pensées, ceux qui me dévorent de l'intérieur depuis la veille. Impuissant, j'ai retrouvé  Léna sur cette plage, le seul endroit qui n'avait jamais connu la peur, à gravé cette angoisse à vie dans sa mémoire.

- Vient là !

Mon père prend les choses en mains, le stress et l'inquiétude m'empêche de nouer cette cravate.

- José est en bas de l'immeuble. Léna finit de se préparer ne t'inquiète pas. Tout va bien Ty...
- Je sais.
- Les invités vont commencer à arriver. Je serais dans le jardin si tu as besoin de moi ...

Il reste face à moi, impassible en s'efforçant d'ajuster cette maudite cravate. D'un geste sûre il tapote mon épaule avant de me tourner le dos.

- Merci Papa... Je suis désolé !
- Pourquoi mon fils ?
- Tout ce que j'ai pu faire après la mort de maman.
- Tu sais comme elle aurait été fière de te voir ainsi... Elle aurait adoré Léna.

Une larme lutte pour sortir du coin de son œil qu'il vient rapidement effacer avant de redosser ce costume d'homme d'affaire froid et impassible.
D'une voix fluette, il m'octroie une phrase peu entendu dans nos vies puis il quitte la pièce.

- Je t'aime tellement Tyago !

Mon regard se pose sur cette boite rouge vif qu'il a furtivement déposé sur la commode de la chambre. Ornée d'un noeud noir qui se détache relativement facilement, je viens contempler l'objet d'un passé. Un détail troublant et rempli d'émotion. Ce bracelet que ma mère avait attaché au poignet de ce petit garçon et qui avait fini par se perdre dans les disputes qui ont suivi son décès. Je pensais qu'il s'en était débarrassé aussi facilement qu'il avait oublié notre mère. Déposé sur une enveloppe qui me perturbe, son écriture me terrorise. Elle avait une telle grâce qui se lisait même dans ses écrits. Je reste assis au bord du lit, mes mains maintiennent cette enveloppe, une peur de la perdre pourtant je suis incapable de l'ouvrir. Tyago... Tyago... Je lis en boucle mon prénom sans trouver le courage d'en lire le contenu. Mes dents infligent une tel douleur à ma lèvre, un moyen de me rappeler que tout est réel quand j'ose enfin sortir cette lettre.

Tyago,

Mon fils, mon ange... Tu es endormis à côté de moi, dans cette chambre d'hôpital. Je voudrais tant te dire que tu n'es pas à ta place que ta vie t'attend dehors. Pourtant, je n'y arrive pas... Tout est si paisible lorsque vous êtes près de moi. J'aimerai te promettre que tout ira bien pour moi mais nous savons tous les deux que je finirai par veiller sur vous dans un endroit encore plus beau. Chaque étoile brillera, chaque soleil rayonnera et chaque vague te rappelera à quel point je vous aime. Je serais dans ton cœur à chaque moment de ta vie et comme elle sera belle. Tu n'imagines pas ce qui t'attend, comme tout va te paraître beau quand tu auras trouvé celle qui t'aimera. Ton père prendra soin de te donner cette lettre le jour de ton mariage, je serais présente dans la brise de vent qui te carressera le visage quand tu lui diras oui, dans chaque pas quand tu la conduira sur la piste, dans les applaudissements tu entendra les miens. Je voudrais vraiment que tu saches comme c'est merveilleux d'aimer et l'être en retour, il n'y a rien de plus beau. Je suis tellement fière de toi. Je n'ai aucun regret, ton frère et toi êtes la meilleur partie de moi et je sais comme elle illuminera vos vies. Aime comme si c'était ton dernier jour... Mon ange, je serais toujours près de toi, je t'aime.

Ta maman,
A jamais...

La douleur que je ressens lorsque je finis cette lettre n'est pas horrible, certe le manque est cruelle pourtant je la sens près de moi. Son bras autour de mon épaule, son sourire éclatant sur son visage me rassurant d'un doux regard. Étrangement, je souris à l'idée qu'elle soit assise à mes côtés, un réconfort qui calme cette exitation. Une nouvelle fois, interrompu, la porte s'ouvre face à moi laissant toute l'euphorie de Jay venir à ma rencontre. Une bouffée d'air plus légère qui me rend confiant et impatient de voir Léna s'avancer vers l'autel au bras de son père.

- À l'époque, jamais j'aurai cru que Léna et toi alliez vous marier... Mais regarde toi ! Ça n'a pas été facile pour vous deux !
- Tu fuis Lola ?
- Bien sûre... Tu as vu dans quel etat elle est ! La pauvre Marcella...

Nous entendons ces hurlements ce qui ne manque pas de nous faire rire.

- Mais elles sont tellement...
- Plus ! Jamais je n'aurai cru qu'avec toutes nos conneries on trouverait ces filles !... Bon je suis pas venu pour un moment à l'eau de rose ! Kyle m'a appelé, Hugo va bien, il est fin près pour le mariage. Ils attendent la voiture de Léna pour nous rejoindre.
- Tu as des nouvelles de Léna ?
- D'après Kyle, Clarissa n'arrete pas de pleurer, il a préféré retourné à l'appartement avec Hugo.
- Il est si émotif !

Une vague de souvenir dissimulait par des éclats de rire, un résumé qui n'attend qu'une conclusion, le point final pour démarrer un nouveau roman. Une nouvelle partie de notre vie, qui n'aura plus d'obstacles, plus de noirceur et qui rendra à Léna cette insouciance. Qui lui permettra de ne plus regarder au dessus de son épaule persuadé qu'à l'angle de la rue ce trouve un nouveau monstre, près à détruire le peu de lumière qui lui reste encore. De retirer ce rituel, qui la réveille la nuit hurlant à plein poumon, qui la conduit à glisser une chaise derrière la porte où bien de sursauter à chaque fois qu'elle entend un bruit terrifiant. Je veux être ce remède qui sera cette ultime rituel, convaincu que celui là sera l'éclat qui l'a conduira à briller dans le regard des autres. La sonnerie de mon téléphone interrompt cette amitié qui avait grand besoin d'extérioriser. La voix de José, est une descente vertigineuse dans un nouvel enfer....

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant