39. Léna

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Est-ce un crime de ressentir cette peur qui se dessine à l'intérieur de moi depuis mon réveil? Bien différent, je l'avoue de cette terreur qui m'entoure au quotidien. Une raison de plus pour ne pas avoir parlé de la lettre à Ty, je ne voulais pas qu'il soit préoccupé par ma sécurité mais plus par la joie de nous unir. Je n'ai pas eu le temps de poser le pied au sol que ma mère et Clarissa on déjà envahit le salon, à croire que cette nuit n'a eu aucun effet sur elle. Tellement radieuse sans une trace de fatigue, en passant devant le miroir j'en devient presque jalouse. Les cheveux jouant un duel au dessus de ma tête, mes yeux qui aimeraient se cacher de nouveau derrière mes paupières et une peau blafarde qui résulte d'une soirée boomerang. Mes sentiments ont pris le wagon d'un manège à sensation me faisant passer d'un état à un autre sans prévenir. Je m'écrase de tout mon être dans le fauteuil du salon, un bon café chaud à la main, abandonnant tout espoir qu'elle me laisse le temps de me préparer. J'aime leur danse d'excitation, elles partent dans tous les sens, téléphonant aux prestataires que Lola a engagé pour ce jour. Celui, que j'ai attendu depuis toujours, a vrai dire, petite dans ma chambre parisienne, j'imaginais ce prince charmant qui me sauverai du dragon. Je ne me suis pas trompée, c'est fou comme le scénario peut ressembler à l'imagination de cette gamine. Malgré tout je ne pensais pas que je pourrais aimer à ce point, si fort que ma vie passe en second plan. J'abandonne tout espoir en acceptant de me glisser sous la douche, elles sont tellement épuisante que j'acquiese au moindre désir de ces dames. L'eau me fait un bien fou, mes cheveux acceptent alors de se laisser glisser le long de mes épaules, et mes yeux apprécient de se retrouver de nouveau derrière ce filtre lorsque l'eau vient fouetter ce visage endormis. Les hurlements ne perdent pas en intensité, elles rôdent derrière la porte, trépignant d'impatience. J'hésite à déverrouiller la porte, je sais qu'à l'instant où je le ferais tout changera... Pourtant ma main vient à la rencontre de mes doutes pour conclure cette évidence. Ty est mon rituel... Ma peur serait elle si facile à combattre ? La porte a peine entre-ouverte que l'hystérie m'entoure, entre la maquilleuse et le coiffeur qui lutte pour faire de moi une meilleur version, ma mère tourne autour de ma robe attendant le coup de sifflet pour me l'enfiler. La vérité est que je suis beaucoup plus impatiente qu'elle, j'ai abandonné cette angoisse lorsque Ty m'a conduit à l'appartement. Malgré la présence de José, qui espionnait tout mes faits et gestes, j'ai regroupé toutes les photos et lettres dans une boite en métal que j'ai déposé dans le tiroir du bureau. J'y ai glissé cette lettre qui contient une grande partie de mes peurs, de mon histoire et de ma colère. En conclusion, j'ai ressentit une sorte d'apaisement, c'était un moyen de dire à Richard tout ce que je n'ai jamais pu lui dire. J'étais frustré de ne jamais avoir pu lui dire comme je l'ai hais, comme il a été une déception et que rien ne m'enlevera ces moments de joie que j'ai accumulé ces dernières années.
A l'instant, où la robe se glisse le long de mon corps, une larme coule sur  ma joue, je l'avais pourtant retenue. Ma mère perd pied, essuyant délicatement les siennes avec son mouchoir, ses jambes tremblent et sa voix se dissimule dans son émotion. Sans prévenir, Kyle et Hugo entre dans l'appartement, une image si tendre se joue de nouveau devant moi. Dans son petit costume, j'entrevois un future où ce petit homme deviendra une continuité de ce présent.

-Maman... Oh tu es belle !
- Merci crevette... Tu n'es pas mal non plus.
- Et moi on ne me dit rien !?

Dans les bras de Kyle, Clarissa tente de dissimuler cette émotion qui nous submerge, bien trop cruelle pour Kyle, qui prend rapidement ses jambes à son cou. Il a beau joué à cette ours insensible nous savons que sa fuite cache une réelle émotion malgré tout.

- Ma chérie, je dois retrouver ton père chez Diego. Tu es magnifique... Comme je suis heureuse pour toi Hélèna. Tyago est le bon... Je suis persuadée que votre vie sera heureuse. Je suis tellement fière de toi... De vous.

Elle claque la porte laissant cette atmosphère tremblante et rempli de sentiment bien trop nouveau pour moi. Elle qui a toujours été si distance, si froide, si austère cherche désespérément à lutter contre ses démons. Pour m'autoriser à entrevoir une mère... Une qui se soucie enfin de moi. Face au miroir, je tente désespérément d'y voir ce futur qui me terrorise, imaginant que peut être, notre étoile m'autoriserait à y lire la suite de notre histoire.

- Tu es magnifique Léna !
- Merci Clarissa...
- Dis moi ce qui ce passe ! Face à ce miroir tu ne peux pas te mentir...
- Je vois bien que c'est moi, je sais pourquoi je suis là... Mais il y a une telle violence qui pèse autour de nous... J'ai tellement peur.
- Il est hors de question qu'ils arrivent à t'atteindre Léna.
- Cette peur n'est pas une crainte qu'ils puissent me faire du mal mais qu'ils vous blessent. Je ne supporterais pas de vous perdre !
- Léna...

Elle entoure ses bras autour de mes épaules, face au reflet de ce miroir, nos regards ne quittent pas cet éclatante vérité. Celle d'un destin déjà écrit, l'inconnu est terrifiant lorsque nous savons que notre vie est menacée. Qu'à tout moment, la folie d'une personne pourrait tout interrompre, éliminant par un simple acte un amour si intense. Elle m'embrasse sur la joue acceptant  cette vision trouble d'un futur pesant.

- Rien ne pourra vous séparez Léna... Je te laisse te préparer je vais rejoindre Kyle et Hugo pour être sûre qu'ils n'ont pas sali leur costume...
- Je demanderai à José de venir te récupérer avant le départ...

Cette ambiance solitaire est satisfaisant, un temps nécessaire pour apprécier ce rêve de petite fille. Les messages de Lola sont incessant mais réconfortant, des premiers invités aux détails de la réception, nous faisons le dernier point sur le déroulement des festivités. José finit par se présenter devant la porte d'entrée, réglé comme une horloge suisse, il reste droit et impassible.

- Il faudrait que vous alliez récupérer Clarissa avant mon départ.
- Monsieur à dit de ne pas vous quittez des yeux.
- Elle est juste à côté ! Je ne quitterais pas l'appartement. Faites moi plaisir, allez chercher Clarissa et passer me prendre par la suite.
- Je suis désolé mais je ne vous laisserais pas ici seul !
- Heureusement que je suis là alors !

La splendeur et la grâce de cette femme est remarquable, dans cette robe verte qui met en valeur ses formes féminine, José perd cette intensité dans son regard pour se perdre dans l'avancé de ses pas.

- Luciana tu es magnifique ! N'est ce pas José ?

Il toussote, essayant tant bien que mal de dissimuler cette gêne qui le perturbe.

- Maintenant vous voulez bien aller récupérer Clarissa ?
- Bien Léna ! Je vous laisse entre de bonne main ?
- Elle pourrait vous étonnez José !

La porte refermait derrière lui, des éclats de rire résonnent autour de nous, une ambiance euphorique qui me fait beaucoup de bien.

- Léna tu es... Splendide !
- Merci...

À l'instant même où la voiture de José quitte le parking, mon téléphone sonne, excitait de lire les mots de Ty, je ne prête pas attention au destinataire. Rapidement, rappelait à l'ordre, je découvre alors cette évidence qui pesait sur moi. Tout était trop beau pour être vrai... Mon cœur me blesse, une torsion horrible, mes mains tremblent, je n'arrive plus à raisonner lorsque je découvre cette photo. Je savais que ma plus grande peur était que ma famille subisse la colère de mon passé.

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant