26. Ty

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La trotteuse tourne et marque chaque seconde où mon regard attend ce rituel, celui qui marque le début d'une journée idéal . Sa nuit fut parfaite, aucun cauchemars ne l'a réveillé, aucune agitation n'a perturbé ses rêves, elle est restée blottit dans mes bras. Une perfection angélique m'accorde alors une ouverture au monde, ses yeux se baignent dans les miens, nos sourires marquent une joie de se retrouver...

- Bonjour bébé !

Encore un instant pour profiter de cette image avant de retrouver l'agitation de nos vies. Les bruits provenant du salon fait naître une élégance en elle, ses déplacements sont d'une tel grâce qu'elle trouve naturellement ses marques. Elle camoufle les traces de l'accident, un brin de maquillage, une brise de parfum, prête à attaquer cette nouvelle journée. Face au miroir, elle se laisse volontier enlacer, nos reflets s'admirent mutuellement, une fascination que nous ne pouvons pas contenir sans y laisser une trace sur nos âmes.

- Tu vas travailler aujourd'hui ?
- Non.
- Ty, tu ne peux pas toujours rester près de moi. Je te rappel que tu as une entreprise à faire tourner. Hugo doit retrouver une vie normal et nous aussi... Dépêche toi de te préparer... Il ne faudrait pas que tu sois en retard !

- Je te rappel que je suis le patron !
- Montre l'exemple alors... Je demanderai à José de déposer Hugo chez mon père.
- Tu comptes faire quoi ? Le médecin a dit qu'il fallait que tu te reposes !
- Je sais... Je vais juste aider Clarissa pour l'expo à la galerie. Il faut aussi terminer les préparatifs pour le mariage. Je te rappel qu'il nous reste à peine sept jours !
- Je vais demander à José de préparer la voiture et mettre une personne devant la maison de ton père.
- Bien aller dépêche toi !
- Si autoritaire !

Sa bouche s'élargit pour me laisser apprécier son doux sourire, qu'elle efface rapidement en m'embrassant. Je n'avais pas pensé à reprendre mon travail aussi vite, mais je sais que c'était une bataille perdu d'avance. Léna, à besoin d'occuper son esprit pour ne pas devenir folle, j'avoue que moi aussi. J'aime voir comme elle peut installer dans notre vie un rituel, une routine matinale. Une douche rapidement prise, attiré par l'odeur du café qui traverse les murs de la chambre, je retrouve l'agitation d'une vie professionnelle. Marcella à tout préparer, mon père apprécie toujours autant de prendre son petit déjeuner sur la terrasse, le journal à la main, une tasse bien chaude qu' il hume à chaque fois qu'il l'approche de sa bouche. Léna admire Hugo, qui est d' humeur taquin, sa bd à la main il répète chaque geste que son grand père fait sous ses yeux.

- Bonjour Monsieur, votre café.
- Merci Marcella.

Lorsque José apparaît à l'entrée, Hugo abandonne son jeu de rôle pour s'élancer dans ses bras. Léna attrape alors sa veste et son petit sac avant de saluer mon père par un baiser sur sa joue droite.

- Bonne journée !

Sur la pointe des pieds, elle se redresse pour déposer ses lèvres contre les miennes. Pleine d'énergie, elle ne s'attarde pas et saisit ses affaires.

- Toi aussi. N'en fait pas trop.
- Promis

La porte refermait, je m'installe face à ce père silencieux qui déplace ses yeux le long de son journal. Tournant les pages à chaque fin de ligne et qui prend conscience de ma présence qu'a la dernière page.

- Tyago... Comment tu vas ?
- Bien.
- Je dois rencontrer Aaron ce matin. Je passerai faire le point avec toi cet après midi.

Il dépose sa main sur la mienne, imposant un regard de fierté, le même que je pose lorsque je vois mon fils. J'aime l'intensité de ses émotions, unique et bouillonnante.

- À plus tard !

D'un hochement de tête, il quitte mon regard lorsque je réunis mes affaires et que j'avale ma dernière gorgée de café. Le chemin vers le centre ville est toujours aussi animé, les embouteillages, l'exaspération de certains conducteurs et les attroupements aux abords des écoles sont un quotidien tout aussi agréable qu'enervant. La rumeur de mon retour à déjà fait le tour des bureaux si bien que les appels affluent alors que je suis dans l'ascenseur de l'immeuble. Le rythme et l'arrêt à chaque étage amplifie les vibrations de mon téléphone, si bien, qu'à l'ouverture des portes, j'ai déjà endossé le costume de ce patron à bout de nerf. Je traverse rapidement les couloirs pour retrouver le calme de mon bureau, cependant Maria semble avoir d'autre projet pour moi. Les bras remplis de dossier, ses lunettes au bout du nez qui impose un regard sévère, elle est le seul obstacle  entre la porte et moi.

- Bonjour Monsieur Agusti. Contente de vous revoir. J'espère que votre fiancée va mieux.

- Oui très bien. Merci Maria.
- Vous n'avez pas de rendez-vous aujourd'hui. J'ai pensé que vous voudriez faire le point sur ce que vous avez manqué.
- Vous avez bien fait. Dites à Mia de me rejoindre dans mon bureau s'il vous plaît.
- Je préviens Mlle Clavo... Voulez vous un café ?
- Oui merci.

À peine rentrer, je remarque l'odeur particulière d'un parfum de femme, comme imprégné sur les murs pourtant il ne manque rien et tout est à sa place. Une interrogation vite interrompu par l'arrivée en fanfare de Mia, qui ne manque pas de me faire sourire. Toujours aussi exubérante, elle se jette à mon cou et dépose un baiser rapide sur ma joue. Une attention qui ne manque pas de me déplaire, peut être parce que je me demande ce que Léna en penserait.

- Salut... De retour ! Alors comment va Léna ? Elle a reçu mes fleurs ? Je suis désolée, je n'ai pas pu venir hier. L'avion de Lucio a eu du retard.
- Ce n'est pas grave tu auras d'autres occasions pour la voir et oui elle a reçu tes fleurs. Toujours en déplacement ce Lucio.
- Ne m'en parle pas. En ce moment, c'est un vrai fantôme.
- Bon, je n'ai pas eu le temps de voir le travail que tu as fait mais mon frère ne m'en a dit que du bien.
- Tu en doutais...
- Non bien sure que non ! On a travaillé ensemble pendant deux ans, je sais ce que tu vaux !
- Dis- moi ton frère et Alicia... Ils sont ensemble ?
- Oui... Les rumeurs vont vite !
- Disons qu'elle a pris ses aises...
- Une vrai commère... Tu ne changeras jamais. Mêle toi tes Affaires Mia !
- Je voulais juste que tu saches qu'elle s'est installée dans ton bureau pendant ton absence.

Rapidement, le lien s'opère, l'odeur particulière qui est restée bien présente dans le bureau n'est autre que le parfum d'Alicia. Encore une histoire que je ne manquerai pas d'éclaircir avec Pablo, il est arrivée à un stade de son idylle où une seul demande de sa part et il exauce ses vœux. J'avoue que cela ne me regarde pas tant que je ne suis pas au centre de leur amourette. Alicia à une emprise sur lui que je n'apprécie pas mais pourtant j'aime le voir si heureux. Je me rappel encore avoir vu naître en lui, cette petite lumière qu'il avait aussi perdu au décès de notre mère. Il retrouvait une insouciance, une folie qu'il n'avait jamais connu. Il avait ce rôle de grand frère, d'un fils parfait qui n'attendait qu'un geste affectif de son père pour combler le manque. Une attention qu'il voulait mériter en s'acharnant dans son travail et dans notre vie familiale. Oubliant qui il etait et ce qu'il désirait pour maintenir un semblant de vie de famille. Un désir que notre mère aurait sûrement voulu et que Pablo avait deviné.

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant