28. Léna

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Cette odeur particulière qui éveille mes narines, m'oblige à abandonner mon activité. Celle du petit traiteur italien au coin de la rue. Ty referme la porte quand j'arrive devant lui, incroyablement attiré par le sac qu'il maintient dans sa main.

- c'est moi ou ce sac qui te rend si heureuse ?
- Laisse moi réfléchir !

Une petite tape sur ma fesse qui marque mon esprit taquin et il s'installe sur les fauteuils de la galerie.
Un part un, il sort de ce sac une véritable profusion de mets délicat et gourmand.

- Kyle m' a appelé...
- Qu'est ce qu'il t'a raconté ?
- Juste que tu es toujours autoritaire.
- Je ne le suis pas. J'aime juste que tout aille bien autour de moi. Et si je suis en partie responsable des problèmes dans leur couple et bien... Je répare mes erreurs.
- De quoi es-tu responsable ?
- D'imposer mes soucis dans leur vie.
- Ce n'est pas toi qui les imposent. Les responsables sont Lily, Richard, son fils et Marco...

Ses mains sont d'une telle bénédiction sur mes pieds. Il m'offre un moment de détente et de gourmandise, une pause agréable et complice.

- J'ai rendez vous avec Pablo dans vingt minutes.
- On se rejoint à la maison plus tard. Ma mère dépose Hugo en fin de journée chez ton père.

Il avale la dernière gorgée de son café, puis dépose ses lèvres sur mon pied avant de les reposer au sol. Un bras de chaque côté de mon fauteuil, son visage qui surplong le mien donnant envie d'un petit moment crapuleux. Ses faussettes sont toujours magnifiquement dessinées, ses yeux aussi persan et l'odeur de son parfum enivrant. Ma main saisit sa cravate qui se balance au dessus de moi pour le rapprocher dangereusemenr de mon visage. Il a ce petit sourire en coin devinant mon profond désir. Mon corps a toujours tendance à me trahir, mes jambes se resserrent essayant de dissimuler ce picotement qui s'y joue. Ma respiration s'accélère, mes joues rougissent par cette chaleur et puis ma lèvre qui trouve naturellement sa place entre mes dents. Tout s'amplifie, pour souhaiter qu'il m'accorde ce besoin d'attention qui peut devenir incontrôlable... Enfin, sa bouche s'entrouve et accepte que ma langue vienne goûter à la sienne, à la chaleur qu'il s'y dégage et la subtile odeur de son bonbon mentholé qu'il vient de finir.

- Léna... J'ai un rendez-vous...
- Moi aussi, et ?
- Tu as encore le temps toi. Je dois traverser la ville.
- Et tu vas me quitter en me laissant comme ça ?
- arghhh...

J'imagine que ce baiser langoureux annonce la perspective d'un petit moment, un arrêt sur notre vie pour nous montrer cette amour mutuelle. Mais le destin en a décidé autrement, le crissement de la porte nous oblige à retrouver nos esprits. Main dans la main, nous traversons la galerie pour tomber nez à nez sur Dacio.

- Ty ! Léna... Comment te sens tu ?
Clarissa m'a expliqué pour ton accident.

Sa main plonge énergiquement dans celle de Ty tandis qu'il attend une réponse de ma part.

- Bien mieux merci.

Quand il s'approche, l'odeur de son parfum est toujours saisissant, une brume que je n'apprécie pas beaucoup.

- Alors Ty... Ça fait longtemps qu'on ne s'est pas vu. Il faut vraiment qu'on se retrouve pour une soirée avec les autres.
- Pourquoi pas. Qu'est ce qui t'amène ?
- Je suis venu voir Léna. Clarissa m'a appelé avant de prendre son avion.
- Excuse moi mais je ne comprend pas Dacio.
- Elle ne t'a rien dit ?
- De quoi tu parles ?
- Je suis l'artiste que tu exposes dans ta galérie.

Surprise et toute à la fois excité de rencontrer la personne qui a su me toucher à ce point, je reste stoïque face à lui. Une certaine fierté, me pétrifie, essayant de comprendre comment j'ai fait pour ne pas déceler cette âme artistique qui éclate devant moi.

- Je ne savais pas que tu... Enfin tu as beaucoup de talent. Ton travail est juste magnifique.
- Bien joué !

Ty attrape à son tour sa main puis me dépose un baiser furtif sur ma joue. Sans oublier cette petite jalousie qui se joue à l'intérieur de lui, il rapproche ses lèvres de mon oreille.

- Pas de bêtise. A plus bébé. Je t'aime.
- Bien plus Ty.

Appréciant cette solitude, je deviens cette petite groupie qui tente d'en connaître plus sur l'artiste.

- Je t'ai ramené deux nouvelles toiles.

Retirant délicatement le papier kraft qui entoure ses œuvres, je garde les yeux fermées telle une gamine qui attend le moment de surprise qui englobe l'ouverture d'un présent.
Ce qui ne manque pas de le faire rire, il m' installe devant ses toiles puis amorce le décompte.
- 3...2...1 tu peux les ouvrir !

Sublime, rempli d'émotion, étrange, nostalgique avec un brin de déjà vu. Vous savez cet instant où on se voit dans un souvenir identique à ce moment présent. Ce sentiment et cette envie de se rappeler et cette petite voix qui vous dit cela c'est déjà passé ! Et bien je suis exactement dans cette configuration.

- Léna tu es trop silencieuse... Ça te plaît ?
- Bien sûre que oui... Et même plus. Je suis fan. C'est étrange comme cette toile me parle.

De cette superposition qui tente de dissimuler le visage de cette enfant au regard triste, à l'éclatante lumière d'une peinture rouge qui l'entoure à cette signature particulière. D'une simple lettre, il a marqué cette toile d'un "D" immense et délicate. Mes yeux ne quittent pas cette initiale si bien qu'il finit pas combler ce silence.

- Elle te plaît ?
- Oui... En général l'artiste l'impose timidement en bas de l'œuvre mais elle fait parti ton tableau.
- Elle y est sur toute mes toiles... Il suffit de bien regarder Léna.

Maintenant qu'il le dit, en effet je l'a retrouve sur chacune d'elle, une unique signature sur chaque toile. Une initiale qu'il a tenté de dissimuler et que l'on devine lorsque nos yeux savent quoi chercher. Pourtant sur ses deux dernières œuvres, il en a fait l'attraction principale. La deuxième toile est différente, plus timide, le reflet d'une âme amoureuse. Ces deux mains réunis par une chaîne gardant l'intimité d'un noir et blanc.

- Je suis ravie Dacio... Je crois que se sont mes préférés. Je sais déjà où je vais les mettre. Elles auront une place toute trouvée au centre de la galerie. Alors dis moi... C'est ta première expo ?
- Oui...
- Dis moi comment Clarissa a su ?
- Quand j'ai déménagé, je suis venu l'inviter à boire un café. Elle a visité l'appartement est bien sûre elle a découvert mon petit secret.
- Elle a bien fait. Un tel talent se montre au grand jour.
- J'ai beaucoup aimé la tienne aussi. Tes photos étaient magnifique. D'ailleurs j'en ai une dans mon salon.
- Ah bon ? Laquelle ?.
- "toi et moi"

Un moment saisit, un petit instant de bonheur où le sourire de Hugo maintenu d'une main de fer avait fait ses premiers pas. Une fierté que je voulais montrer au grand jour, j'apprécie finalement  qu'il n'est pas fini chez un inconnu. Ce fut une après midi rempli de surprise et de découverte. Je re-découvre le plaisir du monde de l'art et de ses avantages, un lien amical qui s'est renforcée, une connaissance d'un désir enfouis que je veux faire connaître au monde. Il est un artiste encore inconnu, timide et acharné. Il va trouver sa place et je suis fière de faire partie de se dessein.

Tu es Mon Rituel ( Tome 3) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant