Velléitaire

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Velléitaire : Qui est incapable de s'en tenir à une décision prise ou de faire un quelconque choix.

Il faut que je vous avoue que du haut de mes dix-sept ans, je n'ai jamais su prendre une décision... j'ai trop peur de ses conséquences, de faire le mauvais choix ou encore de passer à côté de quelque chose, ainsi, lorsque mes parents se sont séparés, au lieu de choisir chez qui j'allais habiter, j'ai choisi d'aller en internat... enfin choisi... j'ai pris la dernière option quoi.

Mais tout ne s'est pas déroulé comme je l'imaginais, la principale complication fut de me retrouver dans une chambre double avec... Caden. Caden est le stéréotype même du bad boy qui fait flancher toutes les filles avec une éternelle cigarette aux coins des lèvres, un air nonchalant constant et des manières haïssables. À mon plus grand dam je dois vous avouer non sans honte que je suis moi aussi tombé sous son charme...

Vite intégré dans le groupe d'ami de Caden par Maxence, mon voisin d'espagnol, j'avais été déçu de voir ce dernier me prêter aucune attention, ne me parlant que nécessaire avec ses amis et ne me calculant absolument pas en dehors, si ce n'est pour m'engueuler sur le fait que je suis désordonné.

Mon coeur en a pâti au début, c'était la première fois que je tombais réellement amoureux, je lui prêtais énormément d'attention et avais appris à le discerner, à le connaître à travers ses faits et gestes ; je voyais à quel point il était prêt à tout pour ses amis, à quel point il était vrai et sincère et surtout à quel point il aimait sa petite soeur, parce que oui, j'écoutais à la porte de la salle de bain quand il lui téléphonait chaque soir pour écouter la petit voix aigüe, robotisée par l'appareil, raconter sa journée à l'école. En partageant sa chambre j'apprenais des choses sur lui et ses habitudes comme le fait qu'il adorait lire même s'il s'en cachait et qu'il était un peu maniaque sur les bords. Je m'étais par la suite jeté corps et âme dans le sport pour l'oublier, pas facile quand à chaque fois que je rentrais je le trouvais toujours aussi sexy, allongé dans son lit à lire un de ses précieux bouquins qu'il dissimule sous son lit.

Encore une journée à le fixer et à rougir quand quelqu'un me prenait sur le fait, grand nombre de nos amis devaient avoir deviné que je l'aimais mais personne n'avait rien dit si ce n'est Maxence en cours d'espagnol à qui j'avais alors révélé être gay et à qui j'avais dû, par conséquent, lui avouer qu'il était possible que je craque pour le leader présumé de notre groupe.

A la fin de cette journée d'étude épuisante, je me dirigeai vers ma chambre mais lorsque j'entrai, je me figeai. Caden était là, une simple serviette autour des hanches me dévoilant ainsi le triskel imprégné dans sa peau par l'encre noire fétiche des tatouages. Je secouai la tête pour sortir de ma tête les images qui m'envahissaient déjà juste à cette vue et me dis que sortir un peu ne me ferait pas de mal. Je m'empressai alors de chausser des baskets de courses et un training pour sortir sous les sourcils froncés de Caden que je vis entrer dans la salle de bain en refermant la porte derrière moi.

Mon portable à la main et les écouteurs dans les oreilles, je courais au rythme d'Eye of the Tiger, chanson clé pour tous les amateurs de sport. La lune me tenait déjà compagnie et les étoiles commençaient à se rassembler autour d'elle pendant que les quelques réverbères de la forêt s'allumaient signe qu'il était sept heures tapante.

Au bout d'une cinquantaine de minutes, épuisé, je ralentis l'allure avant de discerner trois ombres venant en face de moi, je ne m'inquiétais pas voyant un chien à leurs pieds, sûrement des amis ou des frères qui le promenaient ensemble, mais en arrivant un peu plus près, ils quittèrent l'autre côté du chemin pour marcher à ma rencontre. Sur mes gardes, je ralentis un peu afin de retarder le moment de notre rencontre, c'était ridicule et je savais que je ferais mieux de courir en sens inverse mais je ne connaissais pas leur niveau en course sans oublier que j'étais essoufflé par mon jogging, mieux valait faire comme si de rien était et les dépasser tranquillement.

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant