L'amour n'a pas de genre

Son altesse

- Juliette, t'es sérieuse !? Va dans ta chambre, j'ai invité des potes pour une soirée là, ils arrivent ! Et habille toi un minimum s'il te plaît ! je baisse les yeux vers mon T-Shirt XXL qui recouvrent mes jambes jusqu'à mes genoux, puis je fixai Maël.

- Et moi j'ai prévu une soirée pizza et film... lui dis-je en croisant les bras bien décidée à ne pas me laisser marcher sur les pieds.

- Un film Disney, oui je sais, comme d'habitude. Tu fais toujours la même chose ! Je levai les yeux au ciel réprimant l'envie de lui dire qu'il fumait toujours à la même heure et mangeait tous les matins la même chose.

- Oui, bah... Il dut surement remarquer l'étincelle dans mes yeux car il souffla avant même que je ne commence. Il en faut peu pour être heureux ! Vraiment très peu pour être heureux, il faut se satisfaire du nécessaire ! Il en faut peu... Debout sur le canapé, je dansais tout en chantant la célèbre chanson de Baloo dans le livre de la jungle ; le ridicule ne tue pas, encore heureux.

- Allez hop, ça suffit, dans ta chambre. Et là, il me prit en sac à patate, je lui frappai le dos de mes poings mais malheureusement, ma force semble être partie en vacances et il ne paraît pas plus souffrir que si une mouche lui avait foncée dedans. il traversa le couloir pour me lancer négligemment sur mon lit à baldaquin.

- Bah, laisse moi venir à ta soirée ! Il me regarda de haut en bas et je repris. Je m'habille bien sûr ! 

- Pas moyen. Et il referma la porte sur lui, je tapai de toute mes forces contre celle-ci puis abandonnai en entendant la musique à plein volume. Quel poisson pané. Quel Broccoli trop cuit. Quel... gros mot ! Je savais qu'elle sorte de soirée se préparait pour qu'il réagisse comme ça, une soirée défonce. Même si je lui en veux de m'avoir enfermer je ne pus m'empêcher de sourire et les paroles d'Hercule me revinrent : "Même si tu nies, tu souris car tu l'aimes." Oui, je l'aimais pour le fait qu'il prenne soin de moi, me protège et est presque devenu une figure paternelle... bon peut être pas mais en tout cas une figure fraternelle après la mort de mon père, le dernier membre de ma famille. Mais je ne peux pas lui dire que je l'aime sous peine de le perdre alors pour l'instant... j'attends. Tout vient à point, à ceux qui savent attendre. N'est-ce pas Raiponce ? Je ris à mon propre monologue en me couchant sur mon lit pour fixer le plafond.

Je n'ai jamais connu ma mère et à travers les personnages de Disney j'y ai retrouvé un semblant de présence maternelle. J'y ai trouvé de vraies morales et de vrais conseils sur la vie à travers ces personnages enfantins et fantastiques que sont les princesses. Alors je les suis, persuadée qu'ils sont réels et qu'ils m'aideront à bien avancer dans la vie. Le premier jour où j'avais rencontré Maël, alors que j'étais au plus bas, j'avais compris les paroles de Pocahantas : "Un jour tu verras, ton coeur chantera et tu comprendras." J'aime Maël. Ho oui je l'aime. Parce que c'est ça l'amour, le grand amour, c'est l'amour qui fait chanter la vie. C'est Cendrillon qui me l'a fait remarquer. Et Bambi aussi, l'amour est un chant éternel. Il fait tourner le monde. C'est vrai, sans l'amour, que serions nous ? Dans les films, les scènes d'amour résonnent toujours au rythme de chansons et on a tendance à croire que tout est romancé ; les ralentis, la musique, les comptes de fée, le garçon parfait ou le prince charmant comme vous préférez. Mais en réalité, chacun est parfait au fond de lui, il faut juste creuser au-delà des carapaces que se forment les gens. 

Je soupirai, je savais que Maël était en train de se défoncer et je n'aimais pas ça du tout ; me réveiller le lendemain et ne retrouver que son fantôme qui se baladait sans l'ombre d'un sourire dans l'appartement, me filait la chair de poule. Je savais qu'il ne tenait pas spécialement à la vie, il a tout perdu, et au lieu de voir la chance qu'il a de vivre encore, comme moi, il voit le fait qu'il ne mérite pas de vivre alors que les siens sont morts. Il me fait souvent penser à Peter Pan et sa célèbre parole : Mourir doit être une sacrée belle aventure. Mais moi, je ferai tout pour qu'il ne me laisse pas lui aussi. Je me saisis de mon portable et l'appelai, une fois, deux fois, trois fois ; il ne répondait pas. Et puis j'eus une idée. Je tapai rapidement sur mon téléphone que s'il ne venait pas m'ouvrir de suite, je passais pas la fenêtre. Je l'ai déjà fait et... je m'étais cassée la jambe. Il ne vit pas mon message, n'avait-il pas son téléphone  sur lui ?