Flirt fantaisiste

57 4 0
                                    

Résumé : Une nouvelle maison perdue au milieu d'une forêt, deux femmes partageant le même lit, des toc-toc frénétiques à la porte, un être indesiré dans la nouvelle demeure du couple, quoi de mieux pour commencer une bonne nouvelle fantastique ? Leur amour tiendra-t-il le choc face à la folie de l'une et la terreur de l'autre ?

On me secoue, on chuchote mon nom en boucle ; cependant mes paupières sont bien trop lourdes et je ne parviens pas à ouvrir les yeux. Je sens le matelas s'affaisser du côté de mon épouse, Alizée, je l'entends traverser la chambre au bruit du plancher qui craque. la porte claque et un cri résonne, ce n'est rien, sûrement Alizée qui a dû avoir peur du bruit, elle est toujours comme ça, elle laisse sortir la surprise et la peur par des cris excessifs mais bon, on s'habitue avec le temps vous verrez. je suis tout de même un peu rassurée quand le matelas s'abaisse à nouveau, je sais qu'elle est de retour auprès de moi et je peux alors retomber doucement dans les bras de Morphée.

Il fait nuit noire lorsque je suis à nouveau réveillée par l'orage. Je suis totalement désorientée, aveuglée par les ténèbres profondes qui inondent la pièce à peine illunée. Mon esprit refait doucement surface en se rappelant du lieu où je me trouve ; nous sommes dans notre nouvelle maison. Un bruit singulier retentit dans l'habitation, pas la peine de tenter d'allumer ma lampe de chevet, ce sont les plombs qui viennent de sauter. C'est le corps ankylosé et l'esprit engourdi que je tente de sortir de la stupéfiante torpeur de mon sommeil. je fixe alors la fenêtre en face du lit en clignant bêtement des yeux. Effectivement un orage spectaculaire secoue la forêt de pins qui entoure notre nouvelle demeure. Le ciel gronde et explose, fendu par de grandes lignes éblouissantes tandis que la pluie tambourine aux carreaux. Je me redresse péniblement et j'attends que mes yeux s'habituent à l'obscurité mais c'est peine perdue, je ne discerne que le contour des meubles et la silhouette à mes côtés que j'identifie comme étant Alizée blottie sous les draps. En parlant d'elle, Alizée enfonce ses ongles dans mon bras à un nouveau coup de tonnerre, la douleur est fulgurante et je dois serrer les dents pour ne pas gémir. Moi même, j'enfonce mes ongles dans ma paume pour ne pas totalement perdre pied dans la peur.

- Tu entends ? demandai-je à Alizée. Je crois que quelqu'un toque à la porte.

- Ce n'est que l'orage Sasha. me chuchote-t-elle en retour.

- Non, quelqu'un toque à la porte. affirmai-je avec conviction car j'en suis persuadée, les coups sont bien trop secs et rapides pour que ce soit l'orage.

- Nous sommes en pleine forêt au fin fond de l'Angomont.Qui viendrait toquer à une heure pareille ?

je m'avance tout de même à la fenêtre pour tirer au clair cette affaire. je discerne  alors une silhouette courbée et assaillie pas la pluie qui cogne avec la force du désespoir à notre porte.

- Prends ton portable et sois prête à appeler les secours ! Dis-je à Alizée, j'y vais.

- Non, Sasha n'y va pas, cela peut être dangereux, reste avec moi. Elle s'agrippe à mon bras, tentant de me faire recoucher à ses côtés.

- Ne t'en fais pas ma chérie, je reviens vite. Elle me lâche doucement le bras et je sortis de la chambre pour pénétrer un territoire qui ne m'est pas si familier que ça.

Je navigue dans le petit couloir menant à l'escalier, déroutée entre ces murs inconnus. Alors que je descends gauchement les marches grinçantes, je vois notre chat longeant le mur avec la queue baissée et les poils hérissés. les cris indistincts de l'inconnu, accompagnés de ces tambourinements frénétiques sur la porte m'effraient tout à coup. Le chat flairerait-il le danger ? Je n'en sais rien, mieux vaut être prudente. Je me décide rapidement à passer par la cuisine où je sais qu'une caisse à outils demeure sous le lavabo. Une fois trouvée, je la fouille et soupèse un marteau, convaincu par ce dernier, je m'avance vers l'entrée. Je pose une main sur la poignée, l'autre se resserre autour du manche de mon arme d'infortune. J'inspire et expire doucement avant de me lancer ; je déverrouille la serrure. Mais alors que je m'apprête à tirer la porte vers moi, celle-ci s'ouvre à la volée.

Une silhouette aux formes féminines se précipite comme une furie à l'intérieur. le vent et la pluie en profitent pour s'engouffrer à sa suite, je m'empresse alors de refermer la porte. la femme se jette sur moi dans un cri d'effroi. Dans la panique, je mouline aléatoirement l'air avec mon marteau mais je ne parviens pas à toucher la personne qui m'enserre ; ses deux bras autour de ma taille m'étouffent, son visage est caché dans ma nuque, ses cheveux dégoulinant trempent mon pyjama, elle pleure et tressaute, sous la peur sûrement. Au bout de quelques secondes, elle prononce mon nom en geignant.

- Alizée ? dis-je en pleine incompréhension.

- J'ai... j'ai entendu du bruit dehors... des pleures ! Et je n'arrivais pas à te réveiller alors je...j'y suis allée toute seule mais... mais la porte à claquée derrière moi et... j'ai vu quelqu'un... j'ai cru que c'étais toi qui ne m'avais pas vu... tu as fermé la porte à clé derrière toi... et moi... j'étais dehors toute seule... je ressens toute sa peur à travers ses paroles alors je la serre un peu plus dans mes bras pendant que l'effroi me gagne.

- Alizée... ce n'était pas moi. Je contemple aussitôt mon bras mais non, le sommeil ne m'a pas joué un tour, les marques d'ongles le témoigne.

Un feulement terrible nous fait sursauter ; notre chat, masse sombre aux yeux d'or, regarde fixement l'escalier en grognant. derrière nous, dans les ténèbres insondables et le tumulte météorologique, les marches craquent doucement...

928 mots

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant