Une alliance sans baiser

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- Si je résume, vous voulez que je prenne le rôle de... votre époux, cependant aucun baiser échangé c'est cela ? 

- Exactement, au total il y a trois cérémonies donc on danse, on boit, on se tient la main si jamais mais aucun échange buccale. Est-ce dans vos compétences ? L'homme aux cheveux noirs corbeaux et au visage si impénétrable me sonda, attendant une réponse à sa précédente question. J'hochai la tête, un petit sourire aux lèvres. Bien, continua-t-il, je vous donne déjà l'alliance dont j'ai le double et je vous enverrai un mail avec les informations nécessaires ainsi que de l'argent pour les tenues qui iront de rigueur avec votre rôle. 

- Bien sûr que c'est dans mes cordes même si je dois avouer que c'est un peu du jamais vue par contre... puis-je quand même savoir le nom de mon époux ? Il me jeta un regard glacial avant de répondre assez sèchement. 

- Je suis le compte de la famille d'Alexandry d'Orengani. Je m'appelle Alexandre Paul Xavier Samuel d'Orengani donc mais tu peux m'appeler Sam.


Voici comment j'en étais arrivé là, à attendre dix-neuf heures tapantes, heure où toute la famille de Sam serait arrivée. Je devrais alors débarquer en pleine cérémonie habillé d'un costume assez basique si ce n'est la couleur verte olive, apparemment la couleur de sa famille, porter cette couleur montrait donc ma prochaine appartenance à sa famille, pour qu'il me présente comme étant son fiancé. Je redoutais un peu ce moment car je n'avais jamais été parmi des gens aussi... nobles. J'avais regardé sur internet comment se servir des services et des verres, comment saluer des barrons et des comptes ainsi que leurs femmes/épouses/filles. Sam m'avait envoyé l'argent qu'il me devait pour ce boulot avec une liste de trois kilomètres de long des personnes présentes, à mémoriser. Je soupirai pour déstresser un peu et mes yeux tombèrent sur le fin anneau argenté avec une légère écriture gravée en noire qu'il m'avait donné à notre première rencontre. La bague était magnifique et parfaite, mais cela restait bizarre de la porter pour moi qui n'avait jamais envisagé de me marier.

Lorsque l'horloge de la chambre où j'attendais sur un lit à baldaquin en bois sonna, je me levai d'un bond en écarquillant les yeux, déjà ? Cela faisait depuis seize heures que j'étais là à arpenter la chambre, fouiller et découvrir les moindre petites choses à trouver mais depuis trente minutes déjà, je n'avais absolument rien d'autre à faire que fixer cette foutu bague, qu'est-ce que je foutais là déjà ? 

J'ouvris doucement la porte observant avec attention de chaque côté du couloir afin d'être sûr de ne pas être pris, la discrétion avant tout. Je respirai alors profondément et longeai le couloir avant de tourner à droite comme me l'avait dit Sam par message, j'arrivai devant une somptueuse porte en bois d'ébène et l'ouvris doucement, les deux pans de la porte s'ouvrirent d'un coup et je me retrouvai devant une bonne cinquantaine si ce n'est une centaine de personnes merveilleusement bien habillés qui me fixaient, tous, sans exception.

Sam jeta un coup d'oeil autour de lui et sourit... satisfait ? Il se dirigea vers moi à grand pas puis passa son bras autour du mien et m'entraîna derrière lui. On se retrouva rapidement en face d'un couple dont la femme blonde coiffée d'un chignon sophistiqué me dévisageait de haut en bas, l'homme, lui, affichait  un visage neutre. 

- Maman, papa, je vous présente l'homme que j'ai demandé en mariage il y a peu ; Anthony. Ha ouais, d'accord, donc là mon très cher et bien aimé fiancé venait de balancer et son homosexualité et son futur mariage à ses parents d'un seul coup, comme ça devant tout le monde ? Même s'il m'avait prévenu, je pensais qu'il le ferait avec un peu plus... de tact en amenant un peu plus subtilement le sujet, Mais non. Je comprenais donc la réaction de ses parents alors qu'un... est-ce un garde ? je n'en sais rien mais une armoire à glace vint porter sa mère qui chancelait et paraissait sur le point de s'évanouir. Je vis ensuite le regard de son père se changer, passant de la neutralité à de la surprise totale, il s'étouffa et toussa un moment avant de se reprendre pour se tourner vers son fils, qui tenait d'ailleurs toujours mon bras et de lui chuchoter tellement bas, que seul nous trois ne purent entendre à mon avis.

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant