L'amour n'a pas de genre

только

Je suis seul, toujours.
Mais ne vous méprenez pas, c'est un choix, le mien d'ailleurs.

C'est comme ça, il y a des gens qui ont ce besoin d'être entouré constamment, ces gens qui vivent des jugements des autres et il y a moi. J'aime la solitude, j'aime ne vivre que sur mon jugement, ne vivre que pour mes envies ne pas me fier aux autres. Il y a peut être aussi une part de crainte, celle de recevoir un coup de couteau dans le dos, d'être déçu d'autrui, ou par celui ou celle à qui l'on aurait offert sa confiance. Car pour moi il n'y a pas de vraies relations qui tiennent, seulement des idéalisations qui connaîtront le crépuscule d'une déception.

C'est pourquoi je vis dans cette appartement au dessus de tout. Loin des gens et de leurs attentes toujours plus élevés les unes des autres, proche des nuages et de La Liberté. Car oui, je suis libre, je ne me plie qu'à mes propres lois sans avoir à être soumis aux espérances d'autrui ou à leurs rêves. Je suis seul et je le resterai.

Enfin ça c'est ce que je pensais avant de le découvrir...

Comme à mon habitude je descendis les 14 étages de mon building en ascenseur, et lorsque les portes de celui-ci s'ouvrirent mes pieds marchèrent d'eux mêmes jusqu'à mon endroit préféré, ma taverne.

- Une double pinte rousse s'il vous plaît. Puis je pris place dans le fond où une lumière tamisée me masquait de la vue des autres. Le barman arriva très vite avec ma demande, il ne me demanda pas si je payais par crédit ou en cash, je laissais toujours un billet avant de partir. Il ne me lança qu'un hochement de tête avant de disparaître à nouveau derrière son bar. Au fond de la salle, caché par la faible luminosité de ce coin, j'aimais observer les gens qui entraient en faisant tinter le carillon, inventant leurs histoires et déchiffrer leur façons de faire. Comme cette femme en face d'un homme plus jeune qu'elle, on peut apercevoir la forme d'une bague dans sa poche, le jeune homme en face d'elle sait-il au moins qu'il est l'amant de cette femme mariée ? J'en doute fort. Et l'homme là-bas qui porte une chemise légèrement ouverte a du passer une mauvaise journée, sa cravate fourrée dans son cartable à ses côtés. Un autre homme aux ongles légèrement longs à la mains droite et aux bouts des doigts écorchés à la main gauche est un joueur de guitare à tous les coups.

Les gens ne prennent pas le temps de regarder autour d'eux, d'observer et d'apprendre sur ceux qui les entourent, c'est dommage je trouve.

Lorsque le carillon du bar retentit je relevai les yeux vers la porte, l'homme qui venait d'entrer portait un long manteau noir, des cheveux blonds et des yeux d'un bleu magnifique, ses chaussures cirées et son regard balayant la pièce me rappela la puissance et le pouvoir que l'on a l'impression d'avoir une fois la majorité passée, il ne devait pas avoir plus de dix-huit, dix-neuf ans et je souris en coin, sûrement un fils à papa qui demandera au barman de libérer une table pour lui. Mais non, au lieu de ça, il se dirigea vers moi d'un pas sûr et s'assit en face de moi sans même me demander si la place était prise. J'eus envie de lui dire de dégager mais il me coupa avant même que je ne puisse esquisser un mot :

- Salut, je te reprends un verre ? Il appela le barman et lui demanda deux doubles pintes rousses. J'haussai les sourcils alors qu'il m'observait, sourire en coin. Aloys, et toi ? Il me tendit une main que je ne pris pas la peine de serrer, il la laissa retomber en fronçant légèrement les sourcils. Je vois... continua-t-il. Tu te la joue à la dure ? Qu'est-ce qui va pas ? Attends ne dit rien...

- Je n'allais rien te dire de toute manière.

- Ha, donc tu parles. Alors, enfance difficile ? Un drame familiale ou alors un histoire amoureuse qui a mal terminée ? Qu'est-ce qu'il était chiant.

- Une société de merde. Je crois bien que c'est la première fois que j'ai une aussi longue discussion avec quelqu'un. Ce gosse à le don de me faire sortir de ma zone de confort, il est... agaçant. Et ce petit emmerdeur ne me répondit qu'un "Mmmmmh" évasif.