L'harmonie des opposés

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Nevin était un garçon étrange et en même temps si banal. Sociable, toujours entouré de ses amis et la plupart du temps en train de rire et de discuter avec des gens. Mais quand les gens se posaient les bonnes questions, ils se rendaient compte qu'ils ne savaient pratiquement rien de Nevin car il ne parlait jamais vraiment de lui. Comme un iceberg, il ne laissait voir qu'une petite partie de son âme tandis que la plupart des choses sur lui restaient cachées sous la surface.

Enfin ça, c'était jusqu'à Timo. Timo était un garçon renfermé à l'allure de motard, de lui non plus on ne savait pas grand chose si ce n'est son addiction aux cigarettes et à son goût du risque en faisant toute sorte de courses illégales à cheval sur sa bécane, en faites, il était le parfait stéréotype du bad boy mais même si beaucoup de filles fantasmaient sur lui, personne n'avait jusqu'alors osé aller lui parler. Son blouson en cuire ne le quittait jamais et sa carrure d'addict à la musculation ne donnait envie à personne de s'approcher de lui au risque de s'embrouiller. Seul son groupe d'ami restreint ne connaissaient que quelques trucs sur sa famille ou ses passions et encore... pas grand chose non plus.

Nevin et Timo étaient différents, ça oui, mais seulement en apparence car au dedans, ils étaient pareils et s'harmonisaient à merveille. Ils s'en étaient très vite rendu compte d'ailleurs ; une bousculade, une engueulade qui avait failli déraper et puis un échange de cigarette et des coups d'oeil dans les couloirs. C'était tout. Jusqu'à ce que Nevin ose faire le premier pas d'un simple message sur Facebook.

"Une clope derrière le cabanon des chasseurs à l'orée de la forêt ?"

Nevin avait bien compris comment dompter Timo, l'intriguer, le faire se questionner, le tourmenter, jusqu'à ce qu'il craque. Et c'est ce que Timo fit, il s'y rendit trop agité -à se demander ce que pouvait bien lui vouloir ce type- pour rester dans sa chambre à s'y retourner le cerveau encore et encore. Ils s'y étaient donc retrouvé et avaient fumés, d'abord en silence puis demandeurs. Questions après questions, ils apprenaient à se connaître et encore mieux, ils sondaient l'âme de l'autre à la recherche d'une quelconque dissemblance mais le jeux des sept différences n'avaient pas lieu d'être, sept c'était déjà trop de contrastes, il y en avait beaucoup moins entre eux.

"J'y crois pas d'habitude et je trouve les gens qui en parlent débiles mais je dois bien avouer que là..." commença Timo, mais ce fut Nevin qui finit sa phrase.

"Ouais je sais, ça fait presque peur." Et Timo hocha la tête. Ils avaient, l'un comme l'autre découvert leur âme soeur, leur moitié. Ils se fixèrent un bon moment dans le blanc des yeux, laissant leur clope se consumer d'elles-mêmes et puis la première tomba à terre et fut écrasée sans pitié et sans un quelconque regard ; Nevin était bien trop occupé à se perdre dans l'océan des yeux de Timo pour vérifier qu'il avait bien visé sa cigarette du bout de sa chaussure. Timo recopia ses gestes au millimètre près et d'un mouvement commun, ils firent un pas vers l'autre.

Il ne restait que quelques millimètres entre leurs deux visages et chacun pouvait sentir le souffle de l'autre sur ses lèvres, Nevin baissa les yeux un millième de secondes vers les lèvres de Timo et se fut l'étincelle qui provoqua l'incendie ; Timo se jeta sur ses lèvres comme un drogué sur sa drogue.

Leurs lèvres ne voulaient se quitter, elles se cherchaient, se laissaient mordiller et s'emparaient de celles des autres avec autant, voir plus d'envie après chaque séparation que le besoin de respirer leur infligeait. Leurs langues se retrouvèrent alors qu'ils cadenassaient leur conscience ; pas question de perdre ce bonheur à cause de foutues questions sur leur orientation sexuelle, pas question d'avoir peur d'un quelconque jugement des autres ; ils prenaient ce qu'il y avait à prendre et profitaient juste de l'instant présent.

S'ils l'auraient voulu, personne n'aurait jamais su ce qu'ils avaient fait derrière ce cabanon ; sortir de la case hétérosexuel où les avaient casé la société mais ils en avaient décidé autrement ; ils allaient assumer leur désir et surtout leurs envies.

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant