Fatalité mondaine

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C'est une petite fille, sur le chemin de l'école comme n'importe quel enfant. Elle s'amusait des flocons qui tombaient et des légères bourrasques de vent qui les faisaient danser et puis, comme si tout le bonheur du monde s'était envolé, elle s'écroula sur le trottoir. Assise à même le sol, elle observait la scène, tout comme tous ceux présents. Elle ne mît pas longtemps à se reprendre des esprits et elle sortit son précieux cahier ainsi qu'un reste de crayon, signe qu'il avait déjà beaucoup été utilisé.

C'était une simple enfant amaigrie,
Perdue dans les méandres de Paris,
Les deux pieds, de chaussures démunies,
Ses pauvres mains gelées, noires de suie...

Jolie petite fille aux cheveux clairs,
Beauté et chance ne vont pas de pair,
Hélas, tu dois rester dormir dehors,
Faute à un manque de pièces d'or...

Puis, une fois que la nuit est tombée,
Les rues alors sombres sont désertées,
Oubliant cette enfant frigorifiée,
Seule avec son malheur comme oreiller...

Elle arrive quand même à s'endormir,
Et lorsqu'enfin la lune se retire,
Les passants la regardent d'assez loin,
Affliction dont ils sont pourtant témoin...

Un tout petit corps tellement enfantin,
Remplit d'innocence et de chagrin,
Un tout petit corps enfin allégé,
De son âme qui s'est envolée...

Mort, tu es venue à la vue de tous,
Prendre à tes côtés cette enfant si douce,
Ce matin là à dix heure vingt-trois,
Cette matinée ci, le huit du mois...

Son crayon volait sur les pages, les noircissait, son poème avait prit forme si rapidement ! Pourquoi ? Simple question de perspective, cette enfant, en face d'elle, étalée sur le sol, les cheveux blonds lui faisant une auréole, sa robe blanche ternit par la saleté et le temps ne lui promettant ni chaleur, ni coupe-vent. Ses poils ne se hérissaient plus sur ses bras et les tremblements ne la prenaient plus depuis longtemps désormais. Ses lèvres, entrouvertes, ne laissaient plus passer de nuages de vapeur à chaque respiration. Ses deux croissants de chair prenaient une teinte violette virant vers le bleu. C'était un tableau si inspirant et en même temps si macabre. La beauté ou plutôt la fascination de la mort prenait n'importe qui à la gorge et vous empêchait de détourner le regard... enfin bref, ce tableau était si inspirant pour cette jeune écrivaine, tout simplement car cela aurait pu être elle, la petite fille...

Lorsqu'elle eut finit son œuvre, elle signa son poème d'une larme salée d'amertume. De l'amertume envers la vie qui laissait s'envoler une fillette si innocente et si douce.

Histoire un peu différente, ce ne sera peut être pas la dernière. J'espère qu'elle vous aura plus quand même !

435 mots

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant