À trois

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Résumé : Avez vous déjà eu un secret si gros que vous n'avez jamais réussi à en parler ? C'est le cas de Lucas. Mais et si quelqu'un l'aidait ? Seulement il faut oser, dans la vie c'est la seule chose qui compte, oser. Il faut oser, il faut se lancer, il faut vivre. Alors, à trois ?

On a déjà tous connu ça, vous avez connus ça, j'en suis persuadé. Je suis plongé dans ce mensonge depuis des années qui me paraissent des siècles. Ce mensonge connu que de ma sœur, ma fausse jumelle, c'est mon âme-sœur. Elle est une douce rose et j'en suis ses épines, blessant quiconque s'approche. Elle est ma lumière, mon soleil, pendant que je suis son ombre, sa lune. C'est ma douce Alice et je suis son Lucas chéri.

Dans mon monde il y a ma gardienne et... Eloï. Mon meilleur ami, c'est  celui qui me fait rire, sourire, vivre, c'est lui qui m'aime aussi. Oui, qui m'aime. Malgré moi.

quel est mon secret, demanderez-vous suite à cela ?

J'aime les hommes et oui, je suis gay.

Tout pourrait être simple, je pourrais l'assumer, trouver l'homme de ma vie, aimer cet homme et le chérir, adopter un voir plusieurs enfants à ses côtés, avoir une grande maison, me marier,... après tout ne sommes nous pas en 2019 ?

Oui, tout pourrait être simple si mes parents n'étaient pas homophobes et si je n'avais pas une copine, une copine qui sera ma femme et la mère de mes enfants, d'après mes parents, en tout cas car moi je ne compte pas m'éterniser.

Encore 93 jours. Juste 93 petits jours. Et après, à moi la liberté, l'indépendance, la fuite, la vie. Juste 93 putain de petits jours de rien du tout.

Assis sur le muret, j'attends le bus, seul car ma sœur a passée le week end chez une amie. J'écrase ma cigarette du bout de mon pieds avant de me relever de cet entassement de pierres. Il me gèle les fesses. La buée qui sort de ma bouche me le confirme, il fait vraiment froid. Ce n'est que le début du printemps, d'ici quelques semaines nous pourrons sortir en t-shirt et shorts. J'aurai dix-huit, je pourrai partir de la maison, être indépendant, je pourrai vivre ma vie. Encore 93 jours.

Soudain un poids sur mon dos me fait sursauter, j'ai juste le temps d'attraper les jambes qui me sont passées autour de la taille pour ne pas les faire tomber.

- Eloï... t'es lourd. Riai-je. Mais je me stoppai net en sentant son souffle près de mon oreille.

- Ha bon ? On dit pourtant que l'amour rend léger... susurre-t-il. Il dévia ses lèvres de mon oreille pour les poser dans mon cou. Je ne respire plus, ses baisers papillons qui me dévorent le cou me font frissonner.

- Eloï... lâchai-je presque plaintif. Mais il continue, ses bras encerclent mon buste et me réchauffent, à moins que ce ne soit juste l'effet qu'il me fait. Une chaleur dévorante m'envahit, mon bas ventre réagit aussitôt et ma peau se hérisse sous les frissons.

Je relâche ses jambes immédiatement et il me lâche pour reprendre son équilibre.

Eloï me sourit mais comme d'habitude je feignis un désintérêt total pour lui.

- T'as pleuré ou c'est ton allergie au pollen ? Me demande-t-il en touchant mon visage. J'enlevai ses mains avant de lui répondre.

- Allergie.
Mensonge, mensonge, mensonge. Chantonnait ma conscience au fin fond de ma tête. Bien sûr que j'ai pleuré à une énième remarque homophobe de mes parents. Je devrais être habitué depuis tout ce temps mais qui peut s'habituer au fait que ses propres parents insultent qui vous êtes, bien sûr indirectement puisqu'ils ne savent pas pour mon homosexualité mais cela reste que moi je sais.

Le bus arriva et nous montâmes dedans, comme d'habitude le bus lui-même était complètement vide. Ce n'était pas Sophie qui conduisait mais le vieux barbu grincheux que nous n'avions jamais réussi à faire parler, même avoir son prénom.

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant