L'ombre d'une promesse

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- Monsieur Christopher Howard, c'est bien vous ? J'hochai la tête. Suivez moi je vous prie. Je marchai donc dans les pas du trentenaire en chemise blanche qui venait de m'adresser la parole. Enlevez votre pull et asseyez vous sur la table. Je m'exécutai sans discuter pour me retrouver face à un miroir. Mon corps ; gringalet et pâle ne vaut rien et n'est pas capable d'un quelconque effort, je soupirai avant que la porte ne se rouvre sur le médecins.

- J'ai trouvé ceci monsieur Howard... ou devrai-je dire Harrison ou encore Peterski ? C'est vrai que vous avez un petit air russe mais là n'est pas le sujet... quatrième demande après trois refoulées ? Christopher, je ne peux rien faire... avec de l'asthme et votre... état physique vous n'êtes pas disposé à aller renforcer les premières lignes... Pourquoi tant d'acharnement ? je baissai la tête.

- Vous ne savez pas ce que ça fait d'être inutile, je veux aider, soutenir mes camarades au combat et pourquoi pas mourir tant que c'est pour la bonne cause ? Le médecin soupira avant de répéter ces mots : "Je ne peux rien faire moi." et de tamponner un R en rouge sur le papier. Refoulé, encore.

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Ressortant penaud et la tête baissée je me rendis au parc de Ridgeside où je m'assis sur un banc en attendant Archi.

- Soldat, au rapport ! s'exclama une voix derrière moi, je me redressai et me retournai pour découvrir le jeune homme noiraud en tenue militaire.

- Alors toi... t'as été affecté ? Je sous-entendais par cette question que moi non pour lui éviter de poser la question, je n'avais pas la force de lui avouer que j'avais encore une fois été refusé. Son sourire désolé me serra le cœur mais il sut vite reprendre la discussion en main pour nous éviter de tomber dans un cercle malsain remplit de jalousie, de déception et peut être même de larmes.

- 109ème de l'infanterie, Sergent Blackburn. J'embarque demain aux aurores. Je baissai la tête, il partait... demain, pendant que moi je resterais là. Il continua sur un ton trop joyeux pour quequ'un qui partait pour l'enfer le lendemain. Ramène tes fesses, on va profiter de notre dernière soirée !

Quelques minutes plus tard, nous voilà à rire, presque bourrés au bar du quartier.

- Tu sais, tu devrais être content, tu seras bientôt le dernier homme ici avec 3 millions de femmes pour toi tout seul. N'importe quel homme fêterait ça au champagne !

- Je ne suis pas n'importe quel homme, ne le sais-tu toujours pas ? Il rit approuvant qu'il le savait bien me laissant admirer peut être pour la dernière fois les petits faucets aux coins de ses lèvres lorsque celles ci sont étirées en un magnifique sourire dévoilant ses dents parfaitement blanches et alignées.

Plus tard dans la soirée, bien dessaoulés, nous marchons côte à côte dans les rues de Trenton, aucun de nous deux n'ose briser le silence qui nous entoure, demain c'est le grand jour ; il part. Un panneau publicitaire à inciter les hommes à s'inscrire pour devenir des "héros" attira mon attention. Je ne me rendis compte que je m'étais arrêté de marcher qu'au moment où j'entendais les pas d'Archi revenir vers moi. Il se planta à côté de moi et observa aussi le panneau avant de soupirer.

- Je suis content que tu ne viennes pas tu sais. Je l'observai dans son uniforme, berret de côté, mains dans les poches et veste ouverte il ne fait pas très sérieux mais il est magnifique, comme toujours.

- Moi pas. Répondis-je simplement. Je redirigeai mon regard sur cette affiche.

- Ne me dis pas que tu vas t'y remettre. Sembla-t-il supplier.

- Jusqu'à ce que je te rejoigne sur le champs de bataille, je tenterai ma chance, je veux aider. J'en ai marre de ne pas être pris au sérieux, de devoir rester là les bras pantelants, inutile.

L'amour n'a pas de genreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant